samedi 29 janvier 2011

Orientales… [2]



… Mais cette transformation est de fraîche date. Elle ne remonte guère au-delà d'une génération. Il suffit de voir les pères ou les grands-pères de ces jeunes gens, pour s'en rendre compte. Vêtus d'un costume hybride [!], semi-européen, semi-oriental, malpropres [!!], le regard torve[!!!], la mine circonspecte et effarouchée, ils offrent les stigmates non équivoques de leur long esclavage [?]. Quand, réunis par bandes, ils s'en vont en pèlerinage à Jérusalem, on retrouve chez eux toute l'obstination et toute l'intransigeance de la race. Parqués dans un coin, sur le pont du bateau, grouillants[1]sous leurs vieux tartans[2] et leurs vieilles lévites, ils s'enfoncent dans la lecture de leurs livres de prières, avec un retranchement, un mutisme et une surdité si superbes, qu'on sent bien que le reste du monde est aboli pour eux et que rien n'existe plus pour leurs oreilles ni pour leurs yeux.

Ceux d'Asie Mineure et surtout de Palestine sont encore plus fermés. On dirait que leur fanatisme se réveille ou s'accroît à mesure qu'ils se rapprochent de leur patrie perdue. Ce qui contribue à l'exalter, c'est le contact des immigrants russes et polonais, hordes affolées de misère et de mysticisme, que les persécutions précipitent par milliers sur le sol asiatique. De ceux-là, il n'y a rien à faire. Ils sont butés et hostiles à toute innovation. Un instituteur Israélite me disait qu'il existe chez eux un préjugé invincible à l'égard de l'enseignement moderne. Leurs enfants qui fréquenteraient une école de l'Alliance[3] seraient, paraît-il, excommuniés[3]. Autant le Juif méridional est ouvert, d'esprit libéral et accueillant à toutes les nouveautés, autant le Juif du Nord est réfractaire à tout ce qui n'est pas la pure tradition. C'est l'opposition qui se remarque chez nous entre l'Israélite allemand et l'Israélite portugais[5]. Selon le même instituteur, il serait bien plus facile de recruter des élèves dans des bourgades perdues de la Tripolitaine on du Maroc que d'attirer des Juifs russes ou polonais dans les écoles du Levant. Et ces petits sauvages [!] d'Afrique auraient des cerveaux plus malléables et réceptifs que ces enfants d'Odessa ou de Varsovie, qui ont vécu pourtant dans des milieux civilisés.

Plus peut-être que l'influence des fanatiques, celle des ruines et des souvenirs bibliques conspire [!] à entretenir le Juif oriental dans le culte de son passé et dans l'horreur du changement. Non seulement les pèlerins Israélites ou les immigrants qui séjournent ou s'établissent en Palestine se rejudaïsent en touchant la terre des ancêtres, mais l'âme dévote de Jérusalem rayonne et se diffuse à travers tous les pays voisins.

C'est aussi que nulle contrée n'est plus suggestive que celle-là, plus fortement modelée et marquée par son histoire. Qu'on remonte seulement 1a vallée du Cédron [entre le Mont du Temple de Jérusalem et le Mont des Oliviers] et les premiers escarpements du désert de Judas [entre Jérusalem et la Mer morte], on aura comme une révélation symbolique du farouche génie d'Israël. On induira du paysage visible un paysage intérieur qui hanta l'imagination du peuple de Dieu et qui le façonna pour toujours. Rien que des roches creuses, toutes blanches, d'une blancheur aveuglante de chaux, des pierres noires, brûlées, déchiquetées, émiettées par le soleil; des pistes semées de petits, cailloux féroces, aiguisés comme des aiguilles ou des couteaux. Cette terre aride, anguleuse, tranchante et déchirante, ces couloirs calcaires qui vous emprisonnent et qui se resserrent de toutes parts autour de vous, c'est une lapidation perpétuelle de la vue et des sens. Israël a pris ici, avec l'idée du supplice dont il châtiait ses coupables[6], son attitude orgueilleuse d'isolement sa sécheresse de pensée et sa dureté de cœur, — la blessante hostilité de son dédain.

Il est même certains centres, où l'atmosphère juive se perpétue aussi opprimante qu'aux siècles messianiques. Sauf le costume moderne, le décor et les habitudes de la vie n'ont pas dû y changer beaucoup. Tibériade est un de ces centres-là. L'extraordinaire vitalité du judaïsme y saisit tout de suite l'attention, non pas que l'exaltation religieuse y soit plus ardente qu'ailleurs, mais parce que la ville est petite, que la population se compose, pour les deux tiers, de Juifs[7] et qu'enfin, dans cette Galilée qui fut la patrie du Christ, aux bords de ce lac de Génésareth [ou lac de Tibériade] où il prêcha, on est étonné du peu de place que tient son souvenir. Le pullulement[8] hébreu offusque tout, dissipe la hantise des images évangéliques.

Il y a dix synagogues à Tibériade — et les sépultures juives envahissent la campagne environnante, escaladent les roches, dominent tout l'horizon de la mer galiléenne. Israël a ses piscines dans la banlieue, ses bains sulfureux, où, suivant une thérapeutique, très ancienne, il vient soigner ses maladies séculaires[9]. Parmi les gros cubes blanchâtres des nécropoles, se tapit la maison funéraire où il fait la toilette de ses morts. La dalle où on étend le cadavre, la fontaine où on puise l'eau pour le laver, s'aperçoivent du dehors par la fenêtre sans vitres. Et quand, le soir, au coucher du soleil, on erre sur les grèves du lac, on s'y croise avec d'étranges promeneurs : des adolescents aux joues trop roses, encadrées de longues papillotes blondes, coiffés de bonnets pointus et drapés dans des robes de peluche aux couleurs voyantes et chatoyantes. Ces cheveux bouclés, ces vêtements archaïques, ces figures de chérubins, en des chemins comme ceux-ci, où passèrent les Apôtres et le Maître lui-même, vous rejettent tout à coup vers des visions familières à la pensée chrétienne. Et puis aussitôt, l'insolence des regards, le rictus sardonique des lèvres minces effacent l'illusion naissante[10] : ce sont des Juifs polonais, des étudiants en théologie. Car Tibériade est, aujourd'hui encore, une sorte d'université talmudique.

A Jérusalem, cette figuration hébraïque se remarque moins à cause de l'affluence continuelle des pèlerins occidentaux. Et pourtant la ville sainte est redevenue à peu près juive. D'après les statistiques officielles, elle compterait environ 40 000 Israélites sur une population de 60.000 habitants. Mais ce chiffre est sûrement au-dessous de la vérité. On a dû négliger dans le recensement la population suburbaine, notamment celle des nouveaux quartiers qui s'étendent au nord, le long de la route de Jaffa[11]. De ce côté, comme dans la partie sud de la vieille ville, l'élément juif est prépondérant. Les enseignes des boutiques vous en avertissent. Partout foisonnent les inscriptions en caractères hébreux : les affiches collées aux murs sont également en hébreu. Il y a même des journaux rédigés en hébreu. On devine, à tous ces indices, une effervescence nationaliste plus ou moins artificielle [!], créée sans doute et entretenue par les zélateurs européens du sionisme. Je ne sais si le terrain est bien favorable à l'exécution de leur programme. Le Juif, qui, en Palestine, plus que partout ailleurs, a le travail manuel en abomination [!!], et surtout le travail de la terre [!!!], — le Juif ne fera jamais qu'un détestable colon [!!!!]. Ce qu'il y a de sûr, c'est que, dans la colonie Israélite de Jérusalem, la plèbe est en majorité, — une plèbe de mendiants qui croupit dans un dénûment et une saleté effroyables[12]. Ces miséreux ne vivent que d'aumônes envoyées par les communautés juives de l'univers entier. Les Russes et les Polonais se signalent, me dit-on, par leurs libéralités, espérant trouver dans l'intercession de ces pieux mendiants un secours céleste contre les rigueurs de la persécution tzariste. Ainsi payée pour débiter des prières, aigrie par le sentiment de son abjection, exaltée par le spectacle assidu des lieux saints, cette tourbe exagère, autant par conviction que par métier la ferveur du piétisme national [!]. Elle recrée, par sa seule présence [!], l'état d'esprit fanatique, qui fut celui de ses pères, au premier siècle de l'ère chrétienne.

Évidemment, cet esprit-là est particulier au milieu très spécial de Jérusalem. Mais, grâce aux pèlerinages, la contagion s'en fait sentir dans les régions limitrophes. En général, le Juif asiatique est rebelle à la culture européenne. Il veut bien lui emprunter ce qui est d'une utilité immédiate pour son trafic, — un rudiment d'instruction primaire, mais il ne va guère au-delà. On conçoit dès lors l'espèce de courage qu'il faut à un Israélite oriental pour s'élever au-dessus des préjugés de ses coreligionnaires et se donner une éducation moderne. En cela, nous ne leur rendons pas assez justice. Quand ils étalent devant nous leur savoir, nous ne voyons dans ce mouvement d'amour-propre que pédantisme et fatuité. Il se peut qu'ils aient trop bonne opinion de leur mérite : en tout cas, ce mérite est réel[13].

Pour toutes ces raisons, le Jeune-Juif, — au sens intellectuel et laïque du mot — est plutôt rare en Orient. Il existe cependant. Il se recrute dans les nombreuses écoles, dont les moindres villes du Levant sont abondamment pourvues : école de l'Alliance israélite, écoles françaises, anglaises, italiennes ou américaines, écoles catholiques des Frères, ou collèges secondaires des jésuites, des franciscains et des lazaristes. Il y apporte, avec son intelligence précoce, sa mémoire infatigable et sa faculté rapide d'assimilation, son robuste instinct pratique et son désir de primer. Apprendre, apprendre au plus vite et avec le moins de frais possible, tel est, pour lui, le but très nettement précisé dès l'entrée. Un jésuite me citait un mot ingénu de l'un d'eux, travailleur acharné qui, à force de persévérance et d'application, avait réussi à passer de troisième en rhétorique. Après l'examen de passage, le religieux le complimentait : « Eh bien ! Michel, vous voilà content d'avoir sauté une classe ! Qu'est-ce que vous allez dire à votre père, ce soir, en revenant à la maison ? — Je lui dirai : « Papa, je t'ai gagné, en une après-midi, vingt-cinq livres françaises ! » C'était, en effet, le prix de la demi-pension pour une année. — Bons calculateurs, ils sont aussi, dans toutes les autres matières, d'excellents élèves. Un peu comme nos Juifs d'Europe, il faut qu'ils remportent tous les prix, — même le prix d'instruction religieuse catholique…

A suivre…

Notes :

[1] Grouillant (adjectif) :

1) (Familier) Qui grouille : « Et bientôt, au milieu d’une foule grouillante où toutes les races se mêlent, assailli par une nuée de gamins loqueteux qui parlent « parisien », l’on débarque sur ce coin de terre chérifienne […] », Wladimir d’Ormesson, La Question de Tanger, in La Revue de Paris, 1922.

2) (Par extension) Où grouille une foule de choses ou de gens :

« On comprenait alors pourquoi les commerces de chapeaux et de chaussures existent en aussi grand nombre dans cette artère grouillante et relativement courte », Francis Carco, L'Homme de Minuit, 1938.

« Tout grouillant de vers, de vermine ». Wictionnaire, fr.wiktionary.org/wiki/grouillant

[2] Louis Bertrand confond probablement ici « tartan », étoffe de laine à carreaux de couleurs, typique des peuples celtes, les Ecossais par exemple, et « caftan » (d'un nom turc d’origine perse), désignant une tunique longue à manches généralement longues, sans col et ouverte en son milieu, en vogue notamment dans l’empire ottoman…

[3] L’Alliance israélite universelle, a été fondée à Paris, en 1860, par Charles Netter, Narcisse Leven, Jules Carvallo, Eugène Manuel, le rabbin Aristide Astruc et Isidore Cahen, a longtemps été présidée par l’avocat Isaac-Jacob (dit Adolphe) Crémieux. Elle avait été établie en réaction à l’« Affaire de Damas » (en 1840, après la disparition d’un moine et de son domestique à Damas, des Juifs éminents seront accusés de « crime rituel » et torturés) et à l’« Affaire » Mortara » (en 1858, un enfant juif de Bologne baptisé secrètement par une domestique, sera arraché à sa famille et élevé dans la religion catholique – pour, ayant été baptisé, ne pas risquer de devenir relaps en retournant au judaïsme –, sur ordre du Pape Pie IX), et avait pour but : « intercéder auprès des autorités politiques dans le monde au bénéfice des Juifs persécutés, et développer un réseau scolaire visant à « moderniser » les Juifs d'Orient afin de permettre leur émancipation. L'objectif de l'Alliance est alors de répandre les bienfaits de la civilisation française dans le monde juif », (d’après Wikipedia).

Autrement dit, pour ce qui concerne le volet pédagogique de son action – et les écoles de l’Alliance auront beaucoup de succès, y compris auprès des non Juifs – , l’AIU souhaitait lutter contre ce qu’elle estimait être l’obscurantisme en vigueur chez les Juifs du bassin méditerranéen, et contre leur attachement « archaïque » au particularisme, en ouvrant le monde à ces Juifs « en retard », en leur apportant une nouvelle langue commune, le français, en tâchant de leur inculquer des rudiments du positivisme éclairé de rigueur (celui en vigueur dans la critique biblique du temps, par exemple, ou dans la Science du judaïsme) et de les conduire sur le chemin de la respectabilité IIIe République – c’est-à-dire à leur faire perdre leurs « détestables » habitudes et manières de familiers des souks et des bazars…

Enfin, l’AIU était très opposée à toute idée de retour à Sion et restera très longtemps anti-sioniste – jusqu’aux années 1950-60.

[4] Il est vrai que nombre de Juifs traditionalistes ont fortement résisté à cette « francisation » à marche forcée, ont souvent boudé les écoles de l’Alliance, première étape du renoncement, et considéré avec hostilité ceux qui y envoyaient leurs enfants. Abraham H. Navon, par exemple, y fait écho pour ce qui est de la Turquie dans Joseph Pérez, op. cit.

[5] Ici, l’information de Louis Bertrand, certainement influencé par ce qu’il a pu voir en Algérie (l’arrivée de rabbins venus de la métropole, l’Algérie étant devenue partie intégrante du territoire français, pour « évangéliser » les Juifs du cru, réputés laxistes, et les ramener dans la « voix droite ») est en défaut : il est vrai que le renouveau de l’orthodoxie juive est venu d’Allemagne, à l’initiative du rabbin de Francfort, Samson-Raphaël Hirsch (1808 -1888) et a vite fait de nombreux émules en Alsace, mais il n’est pas moins vrai que la Réforme juive, née au milieu du XIXe siècle, est aussi venue d’Allemagne, qu’elle a eu vite de très nombreux partisans dans toute la France, notamment dans les couches les plus aisées de la population juive, comme on a eu l’occasion de le rappeler plus haut (Orientales… [1] [mis en ligne le 21 janvier 2011], note 7), et que c’est précisément de ce moment que date la distinction entre « Juif » et « Israélite ». En l’occurrence, Louis Bertrand confond « Israélites » du Nord et « Juifs » de l’Est, qui ne s’appréciaient guère à l’époque, sous le même nom générique…

[6] La lapidation est certes mentionnée dans la Torah dans certains cas (l’adultère et l’idolâtrie, par exemple) mais les conditions posées par le Talmud – qui fait autorité en matière légale – sont telles que cette peine est en fait pratiquement inapplicable. En la matière, la règle suivie est celle d’un des présidents du Sanhedrin (tribunal suprême), Rabbi Eleazar ben Azariah (-118/-120) : « Un Sanhedrin qui prononcerait plus d’une peine de mort [pour laquelle l’unanimité est requise] en 70 ans [le Sanhedrin comporte 70 juges] serait coupable de meurtre », traité Makkot 1, 10.

[7] Je souligne.

[8] Pullulement (Nom commun) : grande quantité qui s’accroît rapidement.

« Il s'élève contre les dispositions relatives aux congrégations religieuses. Elles sont cependant dans la ligne de nos traditions françaises. Elles s'inspirent des ordonnances de nos rois dont les grands ministres, Choiseul et autres, ont dû tout comme les serviteurs de la République, lutter contre le pullulement et les envahissements du clergé régulier », Joseph Caillaux, Mes Mémoires, I, Ma jeunesse orgueilleuse, 1942. Wiktionnaire, http://fr.wiktionary.org/wiki/pullulement

[9] Ah ! Drumont, Joseph de Maistre, Boni de Castellane… Voir, dans cet espace, Pour Connoisseurs II, mis en ligne le 27 avril 2009, particulièrement les notes 14 à 20. – Je souligne.

[10] Douloureuse au début du XXe siècle, cette présence « incongrue » et dissipatrice d’illusion, semble l’être beaucoup plus au début du XXIe siècle, d’être désormais enkystée dans un Etat souverain, objet de tant de désamour… Derechef : « Ce qui est forclos du Symbolique reparaît dans le Réel », J. Lacan.

[11] Je souligne.

[12] Que l’état de mendiant implique la saleté ou l’impression de saleté n’est pas vraiment surprenant : conséquence de cette condition ou calcul pour exciter à la compassion. Mais que, pour la 3e fois en l’espace de quelques paragraphes, le « sale » soit associé au Juif-traditionnel, au « religieux » juif, mérite qu’on s’y arrête : l’aspect « négligé » de ceux qui se préoccupent plus du Ciel que du siècle n’est pas à écarter ; pas plus que l’impression laissée par une barbe non taillée (« ils… ne raseront point l’extrémité de leur barbe… », Lévitique XXI, 5) ; mais cette association quasi automatique n’est évidemment pas simple constat, cette répugnance tangible, ne semble pas seulement désigner un topos chrétien ancien (l’odeur de sainteté, la bonne odeur du cadavre des saints versus la mauvaise odeur du Juif vivant, du « sale Juif »), réinvesti par le bio-idéologique venu d’Allemagne et d’Autriche et par l’hygiénisme de récente provenance suisse, et revisité à la fois par les antisémites « viscéraux », par nombre de républicains laïques (tel Georges Clemenceau dans Au pied du Sinaï (1898), rééd. Paris, L’Arbre de Judée/Les Belles Lettres, 2000, pp. 51-54) et d’« Israélites » (Salomon Reinach, par exemple : « Le dégoût de Reinach pour les habitudes hygiéniques des Juifs nouveaux venus [en France] était authentique. Il ne manquait jamais de stigmatiser le manque d’hygiène chez les nouveaux immigrants, quand ces pauvres bougres, pieux, faisaient d’énormes efforts pour atteindre à la pureté rituelle », Ivan Strenski, Durkheim and the Jews of France, The Chicago University Press, 1997, p. 183) ; elle doit pointer une phobie, la judéophobie – au sens où l’entendait le médecin sioniste Léon Pinsker dans son Autoémancipation (1882) –, l’incarnation d’un irreprésentable particulièrement insupportable. Il est question de corps, de décrépitude et de persistance… Il pourrait s’agir du vivant, de l’origine gluante du vivant (Le « Inter urinas et faeces nascimur (Nous sommes nés entre urine et fèces) » attribué à St Augustin) et de la double prescription qu’il enveloppe : « Choisis la vie pour que tu vives, toi et ta postérité », Deutéronome XXX, 15-20, et « Tu ne tueras pas », Exode XX, 13.

[13] Je souligne.

Orientales… © Copyright 2011 Richard Zrehen

vendredi 21 janvier 2011

Orientales… [1]




En 1910, de l’Autriche-Hongrie aux Etats-Unis, du Royaume-Uni à la France, l’Occident digère d’autant moins sa première défaite militaire qu’il commence à peine à vraiment mesurer les conséquences de la guerre russo-japonaise – elle s’est déroulée en 1904-1905 et s’est terminée par la victoire du Japon impérial, qui s'est approprié la Corée, la région de Port-Arthur (ville portuaire chinoise) et une partie de l’île Sakhaline[1], au large de la Sibérie, quand la Russie impériale a dû évacuer la Mandchourie du Sud et la retourner à la Chine –, et s’inquiète donc de plus belle du « Péril jaune »[2], né vers le dernier tiers du XIXe siècle comme un fantasme « blanc » malheureux, à la Gobineau, c’est-à-dire sans espoir de jamais renverser le « mouvement » de montée en puissance des peuples non blancs, et soudainement devenu « réalité » géo-politique…

Après la déferlante du capitalisme industriel et de ses bouillonnants flux financiers qui emportent tout ou presque (symboles, valeurs, sentiments, frontières, « naturalité »…) sur leur passage, une deuxième rencontre traumatisante avec l’irreprésentable : ici et là, le « trop grand nombre ». Irreprésentable d’autant plus menaçant qu’il s’élève sur le fond de cette notion visqueuse et d’invention récente, la « race », qui prétend fixer cultures et comportements dans les corps, interdisant tout espoir de composition, mieux, d’assimilation.

Louis Bertrand, lui, est plus ou moins au diapason de cette peur diffuse mais a les yeux tournés vers un autre horizon : le Levant. Cette année-là, le futur académicien – il succédera à Maurice Barrès en 1925 – fait paraître à la Librairie Académique Perrin Le Mirage oriental, récit de voyage et essai « ethno-historique » nourri de ce qu’il a « vu » lors d’un long voyage dans la partie est du bassin méditerranéen sous la domination d’un Turc considéré depuis plusieurs décennies comme « l’homme malade de l’Europe » par la diplomatie britannique, ouvrant la voie aux frères Tharaud, par exemple, infatigables voyageurs-chroniqueurs de l’Europe centrale et du Moyen-Orient[3].

Loin de nos délicatesses actuelles d’Européens fatigués, blasés et mollement démissionnaires sous couvert de « tolérance » et de « multi-culturalisme », ce que Louis Bertrand « voit », il ne se contente pas de le rapporter : il le commente et il le juge. Sans complexe. Avec le sérieux d’un Normalien réactionnaire ; la condescendance tranquille d’un petit-bourgeois républicain et dreyfusard, devenu catholique par une forte conviction qui a probablement plus à voir avec la « Civilisation » qu’avec la préoccupation du salut personnel, autrement dit avec la foi ; la mégalomanie assumée d’un Occidental visitant ses « frères inférieurs », particulièrement ceux qui ont entrevu la « Lumière » ; la vraie curiosité d’un anthropologue amateur désireux d’éclairer la lanterne (bien sourde) des siens – qui portent toujours le deuil de l’Alsace-Lorraine[4] tout en s’enivrant de Belle Epoque, s’inquiètent d’un danger lointain sans se rendre vraiment compte qu’aux marches de l’Europe aussi des impatients s’agitent, dont la bonne volonté et les bonnes manières sont tout sauf acquises…

Et Louis Bertrand, que sa paranoïa inspirée a rendu particulièrement clairvoyant en ce qui concerne le futur de l’Algérie (mais aussi de l’« Islam »), où il n’a pourtant passé qu’une dizaine d’années à la fin du XIXe siècle – non sans laisser des traces durables (voir, dans cet espace, Ecrit au soleil 3, mis en ligne le 23 août 2010) nous offre, sous l’espèce d’un examen de « faits », un assez remarquable détail de certains des préjugés à propos des sujets de l’empire ottoman – ou représentations pour parler comme les géo-politiciens d’aujourd’hui – en circulation dans notre doulce France d’alors chez ceux à qui il arrivait de porter le regard vers l’Orient proche. Etonnant mélange de préscience et de dédain de classe, de surestimation de soi, de snobisme même, et, par endroits, de finesse d’analyse, de racialisme non raciste, de « sensibilité » ethno-sociologique et de modernité, dans sa charge contre la marchandisation du tourisme et l’essor du voyage organisé sur laquelle s’ouvre le livre.


*


Extraits :


II


UNE ESQUISSE PSYCHOLOGIQUE


Si les Chrétiens et les Juifs constituent la véritable élite intellectuelle de l'Orient, il est incontestable aussi qu'ils paient chèrement la rançon de leur supériorité. Ce ne sont pas seulement leurs compatriotes [?] musulmans, ce sont peut-être davantage encore les Occidentaux qui leur témoignent une antipathie plus ou moins déclarée.

Dès le premier abord, ces Levantins nous [!] choquent par un certain manque de dignité, un mélange de platitude et d'insolence, une obséquiosité que rien ne lasse. Telle est l'âme de l'esclave : cynique, intempérant dans la flagornerie comme dans l'injure, il poursuit son idée avec une ténacité inouïe, il sait être prodigieusement volontaire tout en déguisant sa volonté. Qu'il s'agisse d'une dame grecque ou syrienne, qui a résolu de forcer les portes de tel salon européen particulièrement difficile d'accès, ou d'un commis de magasin qui veut vous insinuer sa marchandise, l'obstination est pareille. S'ils se sont juré de vous faire capituler, ils y parviendront, coûte que coûte ; ils auront, comme on dit, votre peau. Si ce n'est pas de gré ce sera de force ; si ce n'est pas par la flatterie, ce sera par l'importunité, voire même [sic] par l'intimidation. Pour peu que l'on résiste, on sent en eux une irritation sourde, une colère qui s'emporte contre l'obstacle, qui s'exaspère bientôt jusqu'à la frénésie. Ils finissent par se piquer au jeu, et tout intérêt mis à part, par s'acharner à la victoire, même désastreuse, pour le seul plaisir de vaincre[5]. Ce leur est une jouissance de ployer une volonté adverse : revanche sournoise de l'esclave dont la ruse sans cesse aux aguets s'évertue à faire passer le maître[6] précisément par le chemin où il bronche et renâcle le plus !

Je vois encore la fureur d'un commis arménien qui, au Grand Bazar de Stamboul, avait parié avec des camarades de me vendre une de ses broderies. J'avais surpris ses clins d'yeux : d'abord, je ne voulus rien entendre, puis, excédé de ses poursuites, je proposai de l'objet, — dont je n'avais aucune envie — un prix très bas, un prix dérisoire. L'Arménien s'entêta à me rouler, multiplia les passes et les corps à corps, pour me forcer à toucher terre. Ce fut une escrime éblouissante et interminable. Sous ses formules polies, je sentais sa rage de se heurter à ce phénomène invraisemblable : un voyageur qui refuse de se laisser faire ! Je me raidis de toutes mes forces, je tins bon. En désespoir de cause, il accepta mon prix et me mit la broderie dans la main, aimant mieux vendre à perte [!!] que de céder à l'entêtement d'un Européen. Il était toujours très poli, mais il en fumait, le drôle ! et je crois que, s'il l'avait osé, il m'aurait battu.

Cette fermeté qui se dissimule sous le relâchement de la tenue, ce manque de dignité qui s'accompagne d'astuce commerciale et diplomatique, tout cela cadre à merveille avec l'esprit éminemment positif et pratique du Levantin. C'est parce qu'il est pratique, qu'il ignore ou dédaigne nos raffinements occidentaux en matière de morale. Il sent très bien et il excelle à nous faire sentir que les délicatesses dont nous nous targuons, ne sont, presque toujours, que des défis naïfs au sens commun. Non pas qu'il soit incapable lui-même de délicatesse, qu'il n'ait son point d'honneur, ou même son héroïsme. Seulement cette délicatesse, ce point d'honneur et cet héroïsme diffèrent beaucoup des nôtres…


*


III


La Déplaisance du Juif


Cette esquisse générale convient aussi bien aux gens de basse classe levantine qu’à ceux des classes supérieures. Je voudrais maintenant étudier de plus près les sujets de l’élite, et, en tâchant de les caractériser dans ce qu’ils ont de plus intéressant pour nous, faire passer tour à tour, sous les yeux du lecteur, le Jeune-Juif, le Jeune-Syrien et le Jeune-Héllène…

Notons-le d’abord : la condition des Israélites, en Orient, est encore fort misérable, souvent même inférieure à celle, si précaire, de la plèbe musulmane. Au point de vue matériel, comme au point de vue moral, ils restent très arriérés. Il sied donc de juger en toute indulgence ceux d’entre eux qui essaient de sortir de cet état semi-barbare, et – quelle que soit la déplaisance de leurs défauts – ceux qui, franchement se tournent vers la civilisation européenne et se piquent de marcher avec nous.

On se tromperait si l’on se formait une idée des Juifs orientaux d’après ceux qu’on rencontre en Turquie, et spécialement d’après ceux de Salonique, lesquels représentent une véritable aristocratie parmi leurs autres coreligionnaires. Ceux-ci sont instruits, élevés à la française ou à l’allemande, très soucieux de se cultiver et d’améliorer leur sort. Les résultats de leurs efforts se manifestent déjà d’une façon frappante. Les Jeunes-Israélites qui sortent des écoles de Salonique ne diffèrent en rien des Jeunes-Hellènes commerçants, employés de banque ou de négoce. Soigneux de leur tenue, actifs, empressés polyglottes et habiles parleurs, ils ont même extérieur, même allure, presque même physionomie [!] que leurs rivaux. Le seul détail qui révèle leur origine, c’est l’emploi discret du castillan, la langue que leurs ancêtres ont rapportée d’Espagne et qui est demeurée, en quelque sorte, leur idiome national[7].

Mais cette transformation est de fraîche date. Elle ne remonte guère au-delà d’une génération. Il suffit de voir les pères ou les grands-pères de ces jeunes gens, pour s’en rendre compte. Vêtus d’un costume hybride, semi-européen, semi-oriental, malpropres, le regard torve, la mine circonspecte et effarouchée, ils offrent les stigmates non équivoques de leur long esclavage…


A suivre…


Notes :


[1] Sakhaline sera annexée en août 1945 par Staline et rattachée à l'URSS ; l’île est aujourd’hui encore objet de conflit entre le Japon et la Russie…

[2] Titre d’un article du sociologue russe, francophone, francophile, anglophobe et féministe, Jacques Novicow (1849-1912), Le péril jaune, paru dans la Revue Internationale de sociologie (5e année, février 1897, pp. 351 sq.) ; un tiré à part a été publié par les Editions V. Giard & E. Brière, Paris, 1897. Je dois à l'érudition de Pierre-André Taguieff cette référence, ainsi que la précision suivante : « Dans L'Avenir de la race blanche (Paris, Alcan, 1897), Novicow consacre plusieurs développements, plus substantiels au 'péril jaune' ».

[3] Jean Tharaud prendra, en 1946, la suite de Louis Bertrand à l’Académie française, où son frère Jérôme avait été élu en 1938 (voir, par exemple, A l’Ombre de la croix (1920), rééd. Paris, L’Arbre de Judée/les Belles Lettres 2001, et L’An prochain à Jérusalem (1930), rééd. Paris, L’Arbre de Judée/les Belles Lettres, 1999).

[4] Pour l’anecdote : en 1913, Jacques Novicow fera paraître un livre intitulé L'Alsace-Lorraine, obstacle à l'expansion allemande… D’après Wikipedia.

[5] Cette pittoresque généralisation de L. Bertrand a le mérite de rappeler que, sous l’échange pacifié marchandise-argent, il n’y a pas que « les eaux glacées du calcul égoïste » du Manifeste communiste, qu’agents économiques jouant un jeu réglé mais aussi l’actualisation d’une éphémère communauté humaine locale, dont la satisfaction d’hypothétiques « besoins » est le prétexte ; une sortie de l’anonymat qui est entrée dans la parole vivante et dans un jeu pouvant devenir art, celui du marchandage ; une lutte entre individus, des volontés vouées à l’affirmation de soi ici-et-maintenant, certes, mais sous l’obligation de maintenir le lien social – encore plus efficace, bien sûr, quand ce n’est plus la coutume qui règne mais l’Etat de Droit –, c’est-à-dire de garder la civilité, quelque pénible que cela soit. Autrement dit, de préserver la possibilité d’un autre coup, qui est le vrai but de l’échange. Ce que dit aussi le mot « commerce ».

[6] Ici, on pourrait s’étonner de voir apparaître sous la plume du très nationaliste L. Bertrand un couple fameux, maître-esclave, qui n’allait connaître de vraie notoriété en France qu’à partir des années 1930, notamment dans les cercles marxisants, et qui vient directement du chapitre IV de la Phénoménologie de l’Esprit de Hegel (1770-1831), auteur traduit depuis 1867 mais peu lu, encore moins commenté, au moment où paraît Le Mirage oriental : « [Considéré] comme l’incarnation […] du pan-germanisme, Hegel […] est victime de deux nationalismes en conflit – l’allemand et le français –, conflit exacerbé par la guerre franco-prussienne de 1870 », (V. Y. Mudimbe & A. Bohm, Hegel’s Reception in France, Duke University & Carleton University, 1992, p. 8). Il est vrai que ce couple avait déjà été mis en circulation frauduleuse par les pan-germains ayant (mal) lu le Nietzsche de la Généalogie de la morale au travers de leurs lunettes suprématistes…

Quoi qu’il en soit, chez L. Bertrand, pas de mort hégélienne à la jouissance et de naissance au travail contraint pour l’« esclave » qui n’a pas, ultimement, osé risquer sa vie, donc sa liberté, dans la lutte à mort qui l’a opposé à celui qui n’a pas hésité, lui, à le faire – devenant « maître » par là ; simplement le vaincu d’un combat inégal qui s’est joué avant lui. Pas d’infériorité définitive. Pas d’héroïsme pseudo-nietzschéen non plus : l’« esclave » ne dit pas « non » mais « peut-être » – un instinct de survie raffiné.

L’« esclave » de Louis Bertrand, loin des cimes, tient du prudent et rusé Scapin, ne cessant de tenir compte d’un rapport de forces qui lui est rarement favorable mais ne laissant jamais passer une occasion de se venger, tant qu’il peut le faire en échappant aux conséquences… Force des faibles.

Il tient de Scapin mais aussi de Don Juan, l’aristocrate satanique dont la vraie jouissance est non pas de « consommer » – ça, c’est l’affaire de Casanova, aventurier impécunieux à complexes – mais d’amener par persuasion, par des mots redoutables, les femmes qu’il a rencontrées par hasard et entreprises par jeu à rejeter d’elles-mêmes leurs vœux, à renier leur foi, et à succomber non pas tant à sa sollicitation qu’à leur désir – ce que ne fait pas l’admirable mendiant de Molière, avant tout soucieux de son salut, refusant la pièce d’or à payer d’un blasphème – et sans excuse, avec ça. Faiblesse des forts.

Cet « esclave », il est clair que L. Bertrand ne l’estime pas mais il n’est pas dit qu’il lui soit définitivement hostile : en tout cas, il l’amuse et lui voit clairement un avenir. Reste qu’à avoir nommé « esclave » un levantin-type, un commis arménien paradigmatique, il a contribué à rendre plus aisés les glissements sémantiques et amalgames de quiconque se prendrait pour un « maître »…

[7] Sous l’apparente équivalence des termes « Juif » et « Israélite », on voit bien que l’un renvoie à l’ « archaïque » l’autre au « moderne », tout à fait en accord avec l’esprit « éclairé » de l’époque, où les Israélites français et allemands (par exemple les frères Reinach, les frères Darmesteter, le baron de Hirsch), intégrés, éclairés, universalistes, patriotes et partisans de la Réforme juive (qui préfère l’« esprit » de la Loi de Moïse tel que traduit par les Prophètes à sa « lettre », telle que travaillée par le Talmud) prennent grand soin de se distinguer, notamment par leur apparence, des Juifs, particularistes, traditionalistes, attachés au Talmud et se considérant toujours en exil.

Il faut aussi observer que, dans cette opposition, joue aussi une différence de classe : les Israélites sont, pour l’essentiel, des bourgeois et des intellectuels ayant conquis, non sans mal, une place en vue dans leurs sociétés respectives, quand les Juifs, dans leur grande majorité, sont plutôt artisans, petits commerçants, ouvriers et, pour beaucoup d’entre eux, « étrangers » pauvres venus de l’Europe de l’Est – pour échapper aux pogromes et/ou à la misère… Sur tous ces points, voir Abraham H. Navon, Joseph Pérez (1925), rééd. Paris, L’Arbre de Judée /Les Belles Lettres, 1999 et Jacob Lévy, la Saga des Springer (1925-1928), rééd. Paris, L’Arbre de Judée /Les Belles Lettres, 1999.

Et l’on remarque que la question nationale juive apparaît au détour d’une phrase innocente.




Orientales… [1] © Copyright 2011 Richard Zrehen

mardi 11 janvier 2011

Index thématique (6)


Index thématique (6)

Billets mis en ligne du 3 juillet 2010 au 26 décembre 2010

- Harry Houdini : nuque raide et échine souple [2] (3 juillet 2010, rubrique « Humeurs ») : à propos d’un fils de rabbin hongrois devenu contorsionniste, magicien et ocultiste américain.

- Index thématique (5) Billets mis en ligne du 2 janvier 2010 au 27 Juin 2010

- Promotion d’été 2010 (17 juillet 2010, rubrique « »)Freud, Fliess, Ferenczi, Des Fantômes qui hantent la psychanalyse, Barbro Sylwan et Philippe Réfabert (préface de Serge Tisseron, Paris, Hermann/Psychanalyse, 2010), où est analysé non l’homme Freud mais le récit freudien fondateur d’une doctrine.

- ECRIT AU SOLEIL [1] (17 août 2010, rubrique « ») Philippe Lebaud, 1982).

- ECRIT AU SOLEIL [2] (20 août 2010, rubrique « »)

ECRIT AU SOLEIL [3] (23 août 2010, rubrique « »), où est notamment souligné le rôle méconnu du successeur de Maurice Barrès à l’Académie française, Louis Bertrand, dans la construction de l’imaginaire de « l’Algérie française »

- Corroborations

Promotion d’automne 2010 (10 novembre 2010, rubrique « Mes actualités ») : à propos du livre de Vincent Bontems, Bachelard, (Paris, Figures du Savoir n° 49 / Les Belles Lettres, 2010) et de celui de Pierre Lévy-Soussan, Destins de l’adoption (Paris, Fayard, 2010).

- Petites histoires entre 'haverim… [1] (21 décembre 2010, rubrique « Mes actualités) : à propos des Récits hassidiques de Martin Buber (Paris, Editions du Rocher, 1978), où il est question d’un mode particulier de la circulation de la parole.

- Petites histoires entre 'haverim… [2] (26 décembre 2010, rubrique « Mes actualités).

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