samedi 26 septembre 2009

Bizarre… Vous avez dit : bizarre ?


Dans Rivarol (!) du 11 septembre (!!) 2009, on peut lire ceci dans la « Chronique de l’art… ou du béton ? » de Claude Lorne :

« A propos de la Mairie de Paris, Claude Contassot [1] et son groupe écolo ont demandé, à l’occasion de l’anniversaire de la mort, le 8 août 2001, de l’agronome René Dumont, de donner son nom à la ‘‘coulée verte’’ du XIIe arrondissement. Vœu adopté à l’unanimité par le Conseil de Paris bien que le Jardin tropical [2] y soit déjà dédié à ce père du ‘‘développement durable’’, premier candidat écologiste à une élection présidentielle, celle de 1974…

*

« René Dumont [a été] élevé dans une famille de républicains laïques militants, dont l’ascension sociale correspond parfaitement à l’idéal de la méritocratie. Cet univers familial explique sans doute certains traits caractéristiques qui suivront le personnage tout au long de sa vie : un grand sens moral et une austérité de vie, le goût de la liberté et de l’indépendance, le respect et l’importance accordés à la ‘‘valeur travail’’. Le ‘‘style’’ René Dumont est empreint d’une grande dimension éthique : l’homme qui, selon les témoignages recueillis, ne supporte ni la corruption ni la paresse, apparaît effectivement comme un travailleur acharné et un moralisateur. Par ailleurs, le futur agronome a toujours été en contact avec l’agriculture : dès son plus jeune âge, il participe aux travaux agricoles lorsque, chaque été, il part ‘‘en vacances’’ à la ferme de son grand-père et de ses deux oncles à Rubécourt près de Sedan… »[3].

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... Bien que, surtout, ce ‘‘pacifiste intégral’’ ait pendant les heures les plus sombres de notre histoire (!) poussé son engagement jusqu’à inonder d’articles le grand hebdomadaire fasciste rural La Terre française, actif soutien de la Révolution nationale et dont le rédacteur en chef, le Cagoulard André Bettencourt, prêchait l’union du christianisme et du nazisme et appelait au châtiment des juifs et des grands maçons. Dumont lui-même émaillait ses articles de considérations politiques, n’hésitant pas à citer l’agriculture nazie en modèle et à exhorter les paysans à faire des enfants [!] pour ‘‘régénérer la race’’.

Ce n’est évidemment pas cela (!) que RIVAROL reprochera (!!) au défunt, mais on a la mémoire courte chez les Verts… »

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La Terre française « […] publication de propagande, soutenait la Révolution nationale de Philippe Pétain, militait pour le retour forcé des citadins à la terre et pour le corporatisme agricole. Les éditoriaux d’André Bettencourt (alors responsable français de la Propaganda Staffel, aujourd’hui actionnaire de référence de L’Oréal [4] et de Nestlé) prêchaient l’union du Christianisme et du Nazisme et appelaient au châtiment des juifs et des francs-maçons. René Dumont émaillait ses articles de considérations politiques. Il citait l’agriculture nazie en modèle, invitait à s’unir derrière ‘‘le Maréchal’’, et exhortait les paysans à faire des enfants pour régénérer la race et disposer d’une main d’œuvre abondante [!!] »[5].

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« André Bettencourt est, sous le Régime de Vichy, le dirigeant français de la Propaganda Staffel, ‘‘sous la triple tutelle du ministre de la propagande, Joseph Goebbels, de la Wehrmacht et de la Gestapo’’. Il dirige en particulier entre 1940 et 1942 l'hebdomadaire collaborationniste La Terre Française, dans laquelle il rédige les chroniques « Ohé! les Jeunes! » [De 1940 à 1942, André Bettencourt donnera plus de 60 articles – longtemps réputés ‘introuvables’ par les responsables des bibliothèques institutionnelles - à La Terre Française]. Le 12 avril 1941 [Dans un numéro spécial ''Pâques''], il écrit : '' Les juifs, les pharisiens hypocrites n’espèrent plus. Pour eux l’affaire est terminée. Ils n’ont pas la foi. Ils ne portent pas en eux la possibilité d’un redressement. Pour l’éternité leur race est souillée par le sang du juste''. Le 20 décembre suivant, chargé de l’éditorial de Noël, il affirme : ‘‘Un jour, trente ans plus tard, les juifs s’imagineront pourtant gagner la partie. Ils avaient réussi à mettre la main sur Jésus et l’avaient crucifié. En se frottant les mains, ils s’étaient écriés : ‘que son sang retombe sur nous et nos enfants’. Vous savez d’ailleurs de quelle manière il est retombé et retombe encore. Il faut que s’accomplissent les prescriptions du livre éternel’’ »[6].


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« J’ai rencontré René Dumont pour la première fois en 1966. J’avais 19 ans. Responsable des activités culturelles de l’École polytechnique, je l’avais invité pour une conférence, écrit Alain Lipietz[7] en 1997. Comme beaucoup de ces jeunes progressistes, humanistes, idéalistes, qui allaient faire Mai 68, je voyais en lui L’Afrique noire est mal partie[8]. L’idée que c’était un livre d’écologie ne m’aurait jamais effleuré. Connaissais-je seulement le mot ?

… Il arriva, un cabas à la main, et le renversa sur le bureau, au fond du grand amphi empli d’élèves. Un tas de belles cerises, qu’il grignota tranquillement pendant toute la durée de son exposé (!) et du débat sur la faim dans le monde (!!).

… René était ingénieur agronome et il nous apportait, dans son discours et dans sa façon d’être, exactement ce qu’il fallait à des élèves ingénieurs épris de justice et désireux d’exercer leurs responsabilités futures... avec Responsabilité. Les cerises et le cabas : ni Mère Térésa, ni profiteur. René nous indiquait une voie.

D’autres voies étaient ouvertes : une trentaine de ceux qui étaient dans la salle iraient, quelques années plus tard, "s’établir en usine", renoncer à tout pour se mêler au prolétariat. La voie de René était à la fois plus raisonnable et plus efficace : mobiliser un savoir technique pour une cause juste.

Cette cause, nous qui sortions de la guerre d’Algérie pour entrer dans le soutien au peuple vietnamien, nous l’appelions "tiers-mondisme". Huit ans plus tard, en se portant candidat à la présidence de la République, René allait lui donner son nom et sa couleur (!) : l’écologie, le Vert (!!). Buvant solennellement (!!!) un verre d’eau (!!!!) à la télévision, il nous annonçait la nouvelle inouïe : nous aussi, nous étions "mal partis". On était en 1974 [voir, dans cet espace, Pré-Science… mis en ligne le 19 mai 2008].

En 1974, je n’étais pas Vert, mais Rouge, et mon candidat préféré n’aurait pas été Dumont, mais Charles Piaget, le leader de la lutte des Lip… Je votai Dumont, mais, pas mieux que la majorité des français, je ne compris pas tout de suite (contrairement à nos amis allemands [!]) l’urgence d’enraciner, de développer le rameau vert que René avait planté…

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« Le candidat René Dumont peut présenter son programme dès la première émission, le vendredi 19 avril 1974, à la télévision : “Si nous maintenons le taux d’expansion actuelle de la population [!] et de la production industrielle jusqu’au siècle prochain, ce dernier ne se terminera pas sans l’effondrement total de notre civilisation. Par épuisement des réserves minérales et pétrolières (même si les chiffres du Club de Rome sont discutables, la tendance à long terme ne l’est pas) ; par la pollution devenue insoutenable de l’air et des eaux, des rivières aux littoraux marins ; enfin, par une altération des climats, due notamment à l’accumulation du gaz carbonique ou à l’attaque par les avions supersoniques de la précieuse couche d’ozone… »[9]

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De Dumont], en gros, nous avions retenu ceci : le développement n’est pas tant une histoire d’argent, d’engrais ou de semences... Les rapports entre les humains et leurs champs dépendent d’abord des rapports des humains entre eux. Postulat fondateur de l’écologie politique : pas de bonne agronomie, pas de lutte contre la faim, sans lutte contre la corruption, pour un "bon gouvernement" !

Ensuite : un bon développement ne consiste pas à forcer l’artificialisation de la Nature. Il s’agit de développer des rapports sociaux, et d’abord dans la paysannerie — qui est la base de tout, y compris du développement industriel : on rate l’agriculture, on rate l’industrie — permettant au paysan de s’approprier des techniques soutenables pour la terre qu’il cultive.

Et enfin (je ne sais plus bien si c’est dans L’Afrique noire... ou dans ses travaux ultérieurs sur l’Inde..) la base des bons rapports sociaux entre les humains, c’est un bon rapport entre hommes et femmes. Pas de maîtrise de la démographie [!!!] sans émancipation des femmes.

Mais peut-être mon souvenir s’égare. Il faut relire page à page la magnifique biographie de Jean-Paul Besset, René Dumont, une vie saisie par l’écologie (éd. Stock, 1992) pour réaliser que René n’est pas né écologiste. Il fut d’abord (!) (à la Reconstruction de 1945, aux côtés de Jean Monnet) un chantre de la modernisation des campagnes françaises, du remembrement et du drainage, puis de la "Révolution verte" (c’est-à-dire des variétés à haut rendement) pour nourrir le tiers-monde. Il n’a commencé à "changer sa vision (productiviste) du monde" qu’à cinquante-cinq ans [René Dumont est né en 1904]… »[10]


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Dimanche 13 septembre est mort Norman Borlaug à l’âge de 95 ans, rapporte Gregg Easterbrook[11]. Norman Borlaug ?

Prix Nobel de la Paix en 1970 pour son action en Inde et au Pakistan, qui a permis de mettre fin à la pénurie alimentaire dans ces pays très peuplés (et en guerre) au milieu des années 1960, Norman Borlaug a passé presque toute sa vie dans des pays pauvres, enseignant aux agriculteurs africains, indiens, mexicains, pakistanais, etc. les techniques de la Révolution agricole verte qui a permis d'éviter les famines mondiales prédites par les experts lorsque la population mondiale a commencé à croître substantiellement après la Seconde Guerre mondiale [12] : cultures d’hybrides sélectionnés pour leur vigueur, plantation de céréales indifférentes à la quantité de lumière journalière, emploi de fertilisants…


Quand, jeune agronome, Norman Borlaug entame son action en 1950, le monde produit 692 millions de tonnes de céréales pour 2,2 milliards d’individus. En 1992, en grande partie sur son impulsion, la production céréalière atteint 1,9 milliards de tonnes pour une population de 5,6 milliard d’individus : 2,8 fois plus de nourriture pour 2,2 fois plus d’individus.

Ainsi, de 1965 à 2005, la ration mondiale par tête est-elle passée de 2063 à 2798 calories par jour, le gros de l'augmentation s’observant dans les pays en voie de développement. En 2006, la section 'alimentation et agriculture’ de l’ONU peut déclarer : « la malnutrition est au plus bas niveau dans l'histoire humaine », malgré le triplement de la population mondiale en un siècle.

Après son Prix Nobel et ses succès en Inde et au Pakistan, Norman Borlaug entreprend d’introduire des cultures à hauts rendements dans d’autres pays nécessiteux, notamment en Afrique, dernier endroit où la population augmente plus vite que la production agricole, dernier bastion de l'agriculture de subsistance. C’est à ce moment qu’il devient la cible de critiques, la Révolution agricole verte demandant pesticides et engrais… Les écologistes des pays développés diront qu'il est « inapproprié », pour les Africains, d'avoir des tracteurs ou d’utiliser des techniques agricoles modernes.


Norman Borlaug n’a pas été ému par ces critiques, observant : "Sans agriculture à haut rendement, l’accroissement de la production alimentaire aurait été réalisé au prix d’une expansion considérable des surfaces de culture, de pertes de terres vierges cent fois plus étendues que celles consommées par l'expansion des villes et des banlieues."

Dans presque tous les pays en voie de développement où l'agriculture à haut rendement a été introduite, remarque Gregg Easterbrook dans la foulée, la croissance démographique a ralenti, l'éducation devenant plus importante pour la prospérité des familles que la main d’œuvre…

Le dernier succès de Norman Borlaug aura été l’annonce faite conjointement, il y a 3 ans, par la Fondation Rockefeller et la Fondation Bill & Melinda Gates Foundation, qu’elles allaient financer un important programme d’extension de l'agriculture à haut rendement dans toute l'Afrique…

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Gregg Easterbrook conclut ainsi : « Des rues et des bâtiments portent le nom de Norman Borlaug dans tout le monde en voie de développement. La plupart des Américains ne savent même pas son nom…. »



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Notes

[1] L’annuaire des Elus parisiens de la mairie de Paris ne connaît pas de Claude Contassot. En revanche, est listé M. Yves Contassot, élu du XIIIe arrt., maire-adjoint.

http://www.paris.fr/portail/accueil/Portal.lut?actorlastname=contassot&portal_component=15&page_id=1&elected_official_directory_id=51345&search_name=Afficher%20les%20resultats

[2] Le jardin d'agronomie tropicale René Dumont est situé à l'extrémité nord-est du bois de Vincennes. « Ce jardin de 4 hectares et demi, inauguré en 1907 par l'exposition coloniale, a été racheté par la Mairie de Paris en mai 2003. Ouvert au public depuis le mois d'avril 2006, il abrite le Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD) ».

http://www.paris.fr/portail/Parcs/Portal.lut?page_id=5596&document_type_id=5&document_id=10127&portlet_id=11954

[3] Wilfrid Séjeau « René Dumont agronome », Ruralia, 2004-15, mis en ligne le 1 juillet 2008. URL : http://ruralia.revues.org/document1027.html

[4] Entré au début 1943 dans la Résistance, au sein du Rassemblement national des prisonniers de guerre, André Bettencourt recevra à la Libération la Croix de guerre 1939-1945, la rosette de la Résistance et la Croix de chevalier de la Légion d'honneur. Après avoir témoigné (ainsi que François Mitterrand, lui aussi membre de la Cagoule, qu’il avait aidé à gagner l’Angleterre en 1943) en faveur d’Eugène Schueller, fondateur de l’Oréal et principal financier de la Cagoule, contribuant ainsi à lui éviter l’épuration, il intègrera la direction de l'entreprise et épousera la fille du fondateur, Liliane, le 8 juin 1950.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Bettencourt

– La Cagoule : surnom de l'« Organisation secrète d'action révolutionnaire nationale » (OSARN, vite devenue OSAR après l’abandon de la référence nationale…) fondée en 1935 par des dissidents de L’Action française menés par Eugène Deloncle. Ce mouvement terroriste – plusieurs assassinats politiques sont à son actif –, de tendance fasciste – anti-communiste, antisémite et anti-républicain – est aussi très anti-allemand, ce qui finira par jeter plusieurs de ses membres dans les bras de la Résistance… L’OSAR sera officiellement démantelée en novembre 1938 par le ministre de l'intérieur Marx Dormoy – qui sera assassiné en 1941 par d’anciens Cagoulards. D’après La Cagoule, Wikipedia.org

[5] René Dumont, pacifiste, fasciste et tiers-mondiste, est mort par Réseau Voltaire, 8 août 2001, http://www.voltairenet.org/article13.html.

[6] Au début des années 1990, Jean Frydman, résistant de la première heure, industriel influent, actionnaire évincé [pour éviter le boycott arabe d’Israël selon lui, en raison de sa double nationalité, française et israélienne] du conseil d'administration de Paravision, filiale audiovisuelle de L'Oréal [constituée par le regroupement des sociétés Telecip, Parafrance Productions International, CDG, Cite Films, et des catalogues RKO et Republic-NTA], ressort ces propos et le passé de plusieurs autres dirigeants du groupe de cosmétique, contraignant André Bettencourt à se retirer des affaires en 1995, officiellement pour raison d'âge, tout en regrettant profondément à plusieurs reprises ce qu'il qualifie d'« erreur de jeunesse ».

André Bettencourt, qui a été membre du gouvernement sous les présidences de René Coty, Charles de Gaulle et Georges Pompidou – il a notamment été secrétaire d'État à la Présidence du Conseil chargé de la coordination des services de l'information dans le cabinet de Pierre Mendès France (!) – est mort en 2007. Wikipedia, art. cité.

[7] Economiste, chercheur, député européen (Verts).

[8] René Dumont, L’Afrique noire est mal partie, Paris, Le Seuil, 1962.

[9] Michel Breuzard, L'écologie ou la mort, 2002.

http://b.ecologie.free.fr/CNAM/breuzard.htm

[10] Alain Lipietz, René Dumont, ingénieur et prophète, 1er juillet 1997, lipietz.net/spip.php?article283

Ici, il convient de rappeler qu’en 2001 le père d’Alain Lipietz, Georges, intentera (avec son demi-frère) un procès à la SNCF et à l’Etat français pour leur rôle dans leur internement et transfert à Drancy en 1944 (pour cause de judaïsme) ; qu’après sa mort en 2003, la famille Lipietz poursuivra la procédure, se verra d’abord accorder gain de cause en première instance le 6 juin 2006 par le Tribunal administratif de Toulouse. D’après wikipedia.org/wiki/Georges_Lipietz

Dans l’Humanité du 13 juillet 2006, sous le titre « Collaboration de classe à la SNCF ? », Alain Lipietz déclarera :

« Envoyé spécial [magazine hebdomadaire de la rédaction de France 2] du 15 juin [2006] rappelait qu’alors que la direction privait ‘‘naturellement’’ les déportés juifs d’eau, de nourriture et d’air, pendant des dizaines d’heures (sans ordre en ce sens ni de Vichy ni des nazis), les cheminots braquaient sur leurs wagons surchauffés les pompes des gares afin de les rafraîchir un peu… Charles Tillon raconte comment, à Montluçon, en 1943, une manif de cheminots, après avoir bloqué dix fois la locomotive, permit la libération totale d’un train de déportés (des requis du STO). Un mécano de Montauban, Léon Bronchart, a refusé de conduire un train de déporté : il fut mis à pied de la SNCF et réintégré à la Libération. Le 12 août 1944, tous les dépôts de la SNCF parisienne sont en grève insurrectionnelle. On se bat à Austerlitz. Le même jour, la SNCF envoie tranquillement la facture* du train de transfèrement de mes parents à la préfecture de Haute-Garonne. Les FFI de Ravanel paieront sans barguigner... » wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_SNCF – nous soulignons.

* La SNCF facturait le transport des juifs, tziganes et homosexuels en wagons couverts au tarif de troisième classe…

La SNCF (mais pas l’Etat français) ayant fait appel de sa condamnation, cette décision sera partiellement renversée en 2007, et la SNCF exonérée par la Cour administrative de Bordeaux – exonération que confirmera le Conseil d’Etat quelques mois plus tard en rejetant le pourvoi en cassation des plaignants. D’après wikipedia.org/wiki/Georges_Lipietz

[11] Gregg Easterbrook, « The Man Who Defused the 'Population Bomb' », The Wall Street Journal, 16 septembre 2009.

[12] En 1968, par exemple, Paul R. Erlich, entomologiste, professeur de Population Studies à Stanford University, publiera un best seller intitulé The Population Bomb, dans lequel il est dit qu’une famine généralisée va frapper le monde entre les années 1970 et les années 1980, en raison d’un accroissement de la population excédant l’accroissement des ressources alimentaires, et qu’aucune action ne pourra l’empêcher. Spécifiquement, l’idée que l’Inde puisse nourrir 200 millions de personnes de plus en 1980 lui paraît un fantasme…

Illustrations :

- A Cuba © copyright Odile Vilmer.

- Berlin (2) © copyright Alain Zimeray.

- Chat perché © copyright Alain Bellaïche.

- 4 ready made © copyright Patrick Jelin.

- Pianissimo © copyright Alain Rothstein.

- Bar - Empire State Building © copyright Patrick Jelin.

- Berlin (3) © copyright Alain Zimeray.



Bizarre… Vous avez dit : bizarre ? © copyright 2009 Richard Zrehen


mercredi 9 septembre 2009

Promotion d’été 2009 (2)


Voici 2 livres à lire et à méditer, pour vaincre ses préjugés, s’éclaircir les idées et s’ouvrir des perspectives : est-il utile de préciser que je les ai publiés ?




1) Les Stoïciens III par Thomas Bénatouil, Figures du Savoir n° 45*, Les Belles Lettres, 2009, monographie consacrée aux derniers Stoïciens, Musonius, Epictète et Marc Aurèle, penseurs raffinés de la pratique, trop souvent encore pris pour des maîtres de sagesse.








4e de couverture :



Musonius (30-95/100 ?), Epictète (50/60 ?-ca 130) et Marc Aurèle (121-180), représentants du stoïcisme impérial, souffrent d'être les derniers d'une longue et fameuse lignée.

Leur pensée est souvent réduite à une répétition scolaire des doctrines des premiers stoïciens, ou à une philosophie purement éthique voire moralisatrice, alors qu’elle est centrée sur la dimension pratique de la philosophie dans son ensemble. Que signifie concrètement « être stoïcien » ? S’agit-il seulement d’adhérer à certaines thèses ? Comment s’en imprégner et les appliquer ?

On tâche ici de mettre en évidence les principes, concepts et techniques que Musonius, Épictète et Marc Aurèle élaborent pour résoudre, théoriquement et pratiquement, le problème de la mise en œuvre de la philosophie : dans sa partie éthique, mais aussi dans ses dimensions politique, épistémologique, dialectique, pédagogique, psychologique, cosmologique et théologique.


Prenant pour guide l’« usage », notion-clé, on examine successivement comment les derniers stoïciens conçoivent celui des choses et des événements, d’autrui, des représentations, des facultés morales, enfin de notre vie par Dieu au sein de l’ordre du monde.


Prix : 19 €.




2) Averroès par Ali Benmakhlouf, Tempus Philo Perrin / Les Belles Lettres, 2009 (réédition du n° 22 des Figures du Savoir).












4e de couverture :


Ibn Rushd (1126-1198) - nommé Averroès par le monde latin -, juge, médecin et philosophe, a joué un rôle décisif dans l'histoire de la pensée : il a recueilli l'héritage d'Aristote et a contribué à le transmettre à l'occident chrétien. Plus encore, en recevant le Coran comme une prescription à connaître, et non pas seulement à croire, il a installé la raison au cœur de la Foi.

Averroès a méthodiquement entrepris de délimiter le domaine de validité du jugement, d'établir les règles de son « bon » exercice, en prenant soin de préciser les formes optimales d'obtention de l'assentiment : la démonstration, la plus haute forme de connaissance pour les savants, la discussion dialectique et la persuasion rhétorique pour tous les autres, y compris les théologiens.

Ce livre détaille le grand projet d'Averroès : construire une défense forte de la philosophie, à partir d'une lecture, soucieuse de la lettre, du Coran, et d'une interprétation juridique de la loi religieuse.


Prix : 7, 50 €




Pour mémoire, Figures du Savoir a publié : 1- Heidegger : Jean-Michel Salanskis ; 2- Nietzsche : Richard Beardsworth ; 3- Freud : Patrick Landman ; 4.- Einstein : Michel Paty ; 5- Spinoza : André Scala ; 6- Kierkegaard : Charles Le Blanc ; 7- d'Alembert : Michel Paty ; 8- Maïmonide : Gérard Haddad ; 9- Deleuze : Alberto Gualandi ; 10- Husserl : Jean-Michel Salanskis ; 11- Lacan : Alain Vanier ; 12- Turing : Jean Lassègue ; 13- Darwin : Charles Lenay ; 14- Weil : Patrice Canivez ; 15- Wittgenstein : François Schmitz ; 16- Foucault : Pierre Billouet ; 17- Lyotard : Alberto Gualandi ; 18- Comte : Laurent Fedi ; 19- Hegel : Benoît Timmermans ; 20- Cantor : Jean-Pierre Belna ; 21- Flavius Josèphe : Denis Lamour ;22- – Averroès : Ali Benmakhlouf ; 23- Pascal : Francesco Adorno ; 24- Saussure : Claudine Normand ; 25- Les Stoïciens I : Frédérique Ildefonse ; 26- Hjelmslev : Sémir Badir ; 27- Locke : Alexis Tadié ; 28- Levinas : François-David Sebbah ; 29- Hilbert : Pierre Cassou-Noguès ; 30- Kant : Denis Thouard ; 31- Köhler : Y-M. Visetti & V. Rosenthal ; 32- Herder : Olivier Dekens ; 33- Newton : Marco Panza ; 34- Gödel : Pierre Cassou-Noguès ; 35- Russell : Ali Benmakhlouf ; 36- Arnauld : Francesco Adorno ; 37- Cicéron : Claire Auvray-Assayas ; 38- Michel Henry : Paul Audi ; 39- Ruyer : Fabrice Colonna ; 40- Berkeley : André Scala ; 41- Sartre : Nathalie Monnin ; 42- Montaigne : Ali Benmakhlouf ; 43- Epicure : Julie Giovacchinni : 44- Lautman : Emmanuel Barot ; coffret Husserl-Heidegger (présentation – mots clés) : Jean-Michel Salanskis.

mercredi 2 septembre 2009

Intuitive bastard… 2

On trouvera ci-dessous la traduction en anglais de Intuitive bastard…, mis en ligne le 27 août 2009 (traduction révisée par Alain Bellaïche, que je remercie). RZ.

David Genzel, proprietor of David-et-Celine-vont-en-bateau, a blog widely read in the Vith district of Paris, invited me to see the last Quentin Tarantino’s “movie” and inform him of my reactions…



Wednesday, August 26, 2009


My dear David,


On your suggestion (!), I went to see the latest Tarantino’s movie. With reserve. I had not liked his treatment of Pulps, admirable invention thanks to which millions of Americans - mainly male, I suppose, and short on academics - could get a taste of Greek Tragedy and benefit from its lessons, without even realizing it.

A slang-speaking Tragedy, full of gangsters, hard-boiled individuals, poisonous creatures, even extraterrestrial ones, where the Gods, in the guise of partial drives (concupiscence, hubris, contempt, jealousy, for example) continue to draw the strings, screw the Logos and turn men into asses.

Of that, Tarantino has taken nothing into account, and ridiculed a very authentic genre, because one doesn’t cheat easily on those who are poor of vocabulary and struggle with Anankè. A genre nourished by experiences gained, if one may say, during the Great War, the strikes and the confrontations trade unionists/strikebreakers, or produced by particularly inventive imaginations: Asimov, Bloch, Brown, Chandler, Conrad, Goodis… This is why I spared myself with Kill Bill.

Eh! well, of Inglorious Basterds, I do not have great a deal to say: I expected the worst, thus I was not surprised. It is not a “war” movie which, coming belatedly, tries to renew (badly) the Genre - in the manner of these directors who disguise the counts of Mozart or the Gods of Wagner in salesmen or in contemporary punks “to bring them closer” to the audiences, and end up delivering a show à la “Chez Michou”: it’s a video game. Which refers to other video games, which refer to clips. It is not thus relevant to record inconsistencies and aberrations. In The Last Hero Action, Danny Madigan, trying to convince an incredulous Arnold Schwarzenegger that the universe in which the two of them are is fictitious, points out to him that all the girls are pretty… Nothing like it here.

Tarantino does not evoke in a (very) questionable way a terrible period, facts, men, in a word, referents. He exploits, with no other rule than plain fun, empty signifiers - of course not for the old schmucks (!), those who remember, but for the adepts of Virtual Bliss -, he enjoys it gloriously in many interviews - and is right to do so, considering the large success of this well wrapped up product.

He did make one (good) entertainment product for the innumerable troops of those who do not scorn, but are completely unaware of, the pascalian anguishes: for eternal youths of all ages, who wants to speak neither of the past nor of the day after, who dwell in the marvelous present of “having fun” and “having a ball”, whose children - when they have some - are “cool”, are “buddies”, who embrace a “cause” for the time of its mediatic effervescence then forget it rather quickly, who do not feel uncomfortable with verbal excess and are unable to measure how obscene some comparisons are - Jacques Chirac, Georges W. Bush fascists, Israelis = Nazis, Gaza = Auschwitz, for example -, because words do not evoke many things for them, but the approximate meaning they lend to them. As in Alice in Wonderland … Then, “never again… ”, “duty to remember…”? Rubbish!

However, I observe that these empty signifiers were not entirely randomly selected: it is not question of Romulians, Cardassians or Vulcains; there are nice guys, there are villains - in 3D but without substance -, the nice guys are primarily American Jews, not Jooz, the villains are Nazis, not Nazifs; the nice guys, coming to save helpless populations, can behave as savages with respect to the villains, hack them to pieces with jubilation to the great satisfaction of the spectators, those of the theater (in Cannes, south of France) in which I watched the “movie” for example, scalp them, carve swatiskas on their forehead, etc. Not one spectator, especially in Germany, will rise to protest with vehemence and say, like Franz Liebkind (played by Kenneth Mars in The Producers of Mel Brooks), the unhappy author of the immortal Springtime for Hitler: “Mein Fuehrer never said this ‘baby’ and ‘man’ and 'OW !!… ” “Innocent” pleasure. Cheap catharsis.

I thus observe that these nice guys, primarily American Jews, adopt the practices of the Natives, of Indian-Americans: they are therefore perfectly assimilated - in a feebly politically correct way… It is amusing, in a way, a little worrying when one thinks of the incredible Donald Boström’s feature article, recently published (on August 17, 2009) by a popular Swedish tabloid close to the social democratic Party, Aftonbladet, which affirms that Israelis (= Juifs!) have been killing 'Palestiniens' to steal their organs; it is also a lapse.

In fact, many American Jewish soldiers took part in the battles in Europe but, with some exceptions, American Jews did not hussle much on behalf of European Jews in course of extermination. Left-leaning Zionists (a majority) for hard but justified reasons in their eyes : to let no cause, as noble as it was, interfere with the only objective which counted for them, the creation of a State. - The Right-leaning Zionists adopted another attitude, but they were a minority, and it is another story, which requires retelling.

The others, the large majority, wary to avoid endangering their fragile position as recent citizens of a country which was very hostile to the Jews, adopted a low profile. They never demonstrated during the war for the increase of the Jews’ admission quotas in the United States, and they all voted for F.D. Roosevelt who, although informed very early on of what was happening in Europe, always refused to intervene, to bombard the railway lines going towards the concentration camps, for example, for fear one could say: “The United States is at war for the Jews”. - Incidentally, American Jews always vote “Democrat”, rain or shine, to the tune of 80%...

As for the Nazis, many of them found refuge after the war in South American and Arab countries, but many “were “rescued” by the USA, recycled and enlisted in the fight against Communism…

In short, Inglorious Basterds is a technically well done video game, gore style sometimes - but what are we to expect ? - perfectly in phase with the Zeitgeist, it success proves it, of which I am deeply sorry.

I came out of it a bit down, feeling out of place, metaphysically old to have encountered members of the Resistance and Deportees, to know some of them still, although their ranks are clearing up, to be unable not to feel in debt to them, unable to take this affair lightly. In a word, unable to take part in the fun. I have to confess that I prefer Billy Wilder’s One, Two, Three.

That’s it. I am not sure I have to thank you for your suggestion…

Hello and civility, love to Céline,

Richard

Illustration :

Mur (Berlin) © copyright Alain Zimeray.