samedi 12 mars 2011

Promotion d’hiver 2011 (2)

Un livre-événement, à lire lentement et dans le plus grand calme : le 50e titre de Figures du Savoir, collection destinée au non spécialiste et consacrée à la célébration du genre théorique à travers les âges, de l’antiquité au XXe siècle, et les domaines, de l’esthétique à la psychanalyse, en passant par l’épistémologie, l’histoire, la logique, les mathématiques, la philosophie et la physique. Célébration des concepts et de ceux qui les ont produits : chaque titre de Figures du Savoir est un nom propre, dont la leçon est contextualisée, ré-exposée, re-visitée ou tirée d’un oubli injuste*.

La visite de l’Atelier Cézanne, du Petit musée Cézanne d’Aix-en-Province, de n’importe quel musée dans lequel une toile de Cézanne est accrochée ou, à défaut, la consultation d’un catalogue Cézanne peuvent servir de préalable.


*


Merleau-Ponty par Ronald Bonan, Paris, Figures du Savoir n° 50 : Les Belles Lettres, 2011. Où l’œuvre trop tôt interrompue de ce phénoménologue anti-cartésien, explorateur infatigable de ce qui se donne à voir et de son envers, amoureux de peinture et styliste étincelant, est reprise et ré-interrogée : pour en rappeler l’orientation, évoquer sa grande influence et montrer son actualité.


4e de couverture :


Maurice Merleau-Ponty (1908-1961), philosophe-artiste de la chair, de la perception, du sens et de l'expression, phénoménologue et métaphysicien. Il s'est intéressé à tous les domaines de la culture, l'art, le langage, l'histoire, la science et la politique: pour les faire dialoguer de manière féconde et manifester leur interpénétration effective, mais surtout pour les ramener à leur racine commune dans le phénomène de la perception.

Bien que largement inachevée, l'entreprise du philosophe à l'écriture ciselée converge vers la construction d'une ontologie phénoménale, comprise comme dimension de manifestation où l'inventivité humaine est vouée à affronter continuement les énigmes de la visibilité, dont les solutions sont autant de figures possibles.

L'ouvrage parcourt l'œuvre, de La Structure du comportement et de La Phénoménologie de la perception à La Prose du monde, en passant notamment par Signes, L'œil et l'esprit et Le Visible et l'invisible, pour retracer la généalogie des problèmes soulevés par Merleau-Ponty, afin de mieux comprendre sa méthode et reconstituer à grands traits ses principaux apports: sa réflexion esthétique, sa philosophie originale du sentir et de l'agir, sa critique de la science et la mise en chantier d'une réforme radicale des catégories de la métaphysique.

On finit par l'évocation de la nombreuse postérité de ce penseur singulier.


Prix : 19


* Depuis 1997, Figures du Savoir a déjà publié : 1. Heidegger par Jean-Michel Salanskis ; 2. Nietzsche par Richard Beardsworth ; 3. Freud par Patrick Landman ; 4. Einstein par Michel Paty ; 5. Spinoza par André Scala ; 6. Kierkegaard par Charles Le Blanc ; 7. d'Alembert par Michel Paty ; 8. Maïmonide par Gérard Haddad ; 9. Deleuze par Alberto Gualandi ; 10. Husserl par Jean-Michel Salanskis ; 11. Lacan par Alain Vanier ; 12. Turing par Jean Lassègue; 13. Darwin par Charles Lenay ; 14. Weil par Patrice Canivez ; 15. Wittgenstein par François Schmitz; 16. Foucault par Pierre Billouet ; 17. Lyotard par Alberto Gualandi ; 18. Comte par Laurent Fedi ; 19. Hegel par Benoît Timmermans ; 20. Cantor par Jean-Pierre Belna ; 21. Flavius Josèphe par Denis Lamour ; 22. Averroès par Ali Benmakhlouf ; 23. Pascal par Francesco Paolo Adorno ; 24. Saussure par Claudine Normand ; 25. Les Stoïciens I par Frédérique Ildefonse ; 26. Hjelmslev par Sémir Badir ; 27. Locke par Alexis Tadié ; 28. Levinas par François-David Sebbah ; 29. Hilbert par Pierre Cassou-Noguès ; 30. Kant par Denis Thouard ; 31. Köhler par Y-M. Visetti & V. Rosenthal ; 32. Herder par Olivier Dekens ; 33. Newton par Marco Panza ; 34. Gödel par Pierre Cassou-Noguès ; 35. Russell par Ali Benmakhlouf ; 36. Arnauld par Francesco Paolo Adorno ; 37. Cicéron par Claire Auvray-Assayas ; 38. Henry par Paul Audi ; 39. Ruyer par Fabrice Colonna ; 40. Berkeley par André Scala ; 41. Sartre par Nathalie Monnin ; 42. Montaigne par Ali Benmakhlouf ; 43. Epicure par Julie Giovacchini ; 44. Lautman par Emmanuel Barot ; 45. Les Stoïciens III par Thomas Bénatouil ; 46. Poincaré par Xavier Verley ; 47. Derrida par Jean-Michel Salanskis ; 48. Lévi-Strauss par Olivier Dekens ; 49. Bachelard par Vincent Bontems.

Coffret Husserl-Heidegger par Jean-Michel Salanskis.



mardi 8 mars 2011

Promotion d’hiver 2011 (1)


Un antidote à la mélancolie socio-politique, un roman enlevé et à fausses clefs de mon ami Michel Desgranges : la trajectoire de Valérie Pignon, femme de pouvoir d’aujourd’hui, dans laquelle on reconnaît assez facilement plus d’une de ces femmes ambitieuses, désireuses d’atteindre au plus haut de l’Etat, ses « consœurs », qui, de temps en temps, font l’actualité... Une forme, un type, une a-personnalité. Un roman à la Balzac mais moderne et sarcastique – Jean-Edern Hallier et Philippe Muray sont passés par là : en 3D, en HD avec incrustations. Un livre politiquement incorrect, drôle et inquiétant, à lire après avoir rageusement éteint la télévision ou la radio, excédé d’entendre en boucle les commentaires des experts sur « les raisons de la perte de crédibilité des politiques » ou « la montée du populisme ».

Une cigarette, une absinthe, des « gingembrettes » peuvent accompagner la lecture.

*

Une Femme d'Etat par Michel Desgranges, Paris, Les Belles Lettres, 2011. Où le président du directoire des Belles Lettres, retiré dans le Perche – pour mieux regarder l’affairement de l’époque ? – revient à l’écriture, où l’éditeur et ami de Jean-Edern Hallier et de Philippe Muray fait preuve d’un mauvais esprit voisin du leur, où l’observateur de la « chose » littéraire (Cf. La chronique des Belles Lettres, 2007) étend son champ d’investigation aux mœurs contemporaines.



Extrait du chapitre Un :


« Valérie Pignon, depuis peu sous-ministresse dans l'équipe Delormeau, ou plus protocolairement secrétaire d'Etat aux technologies nomades, était une bonne fille, plus séduisante que jolie, de l'espèce qui ne refuse jamais une faveur coquine à un collègue, même médiocrement demandeur ; grasse sans être grosse, le peu de fermeté de sa chair s'accordait à la malléabilité de son caractère, et c'est à sa faculté d'acquiescer aux désirs d'autrui, avec un sourire si naturel qu'il la disculpait de toute accusation de servilité, qu'un observateur ignorant de discrètes procédures lui eût attribué le succès d'une ascension qu'elle n'avait jamais voulu, ni même rêvé, entreprendre.

Elle pouvait pourtant se montrer méchante, et rancunière ; du temps qu'elle était stagiaire dans les bureaux parisiens du Parti du Président, chargée d'une étude sur l'impact émotionnel des pin's du souverain, elle n'avait jamais oublié que le fringant Laurent Petifretin avait omis de la convier au dîner mensuel des futurs jeunes cadres du Parti, et elle avait pris sa revanche de cette humiliation (dont elle s'était souvenue grâce à la lecture d'un article psycho de Elle : Forcez votre mémoire à retrouver les mecs qui vous ont outragée) quand, au lendemain de son arrivée dans son Palais de la République (des chambres de bonne réunies en un quatre pièces high tech de l'une des rares HLM du faubourg Saint-Germain) l'impudent était venu la féliciter en lui demandant un poste – un poste ? et être son directeur de cabinet pendant qu'il y était ! C'est alors qu'elle fut presque cruelle, en faisant semblant d'acquiescer aux démesurées espérances du malotru, oui, elle avait répondu en lui faisant croire que... , et en ce moment elle avait ressenti une excitation quasi érotique (lu dans Marie-Claire : Apprenez à jouir en faisant marcher les mecs), et même proche de l'orgasme quand elle avait assené : – En fait, ce que j'avais pensé pour toi, avec ton parcours, c'était de te donner la Mission de recherche sur l'enseignement de l'Ipad dans les crèches.

Contrairement à l'inexpérimentée Valérie, Laurent Petifretin avait immédiatement saisi le poids médiatique de l'innovante Mission. Il avait donc d'abord fait la moue, puis avait toléré d'être supplié pour enfin accepter quand il fut assuré d'avoir un chauffeur, trois secrétaires, deux assistants, autant d'attachées de presse (responsables d'image) et des frais avancés en liquide sans justif sur les fonds secrets de Matignon… »




Prix : 19