samedi 26 avril 2008

Promotion de printemps (4)


Voici deux autres livres qui me paraissent mériter l’attention — j’en suis l’éditeur…


1)
Faire parler le destin, par Laurence Kahn, Méridiens-Klincksieck, 2005. Ou : comment Freud abandonne la voie interprétative au lendemain de la Grande Guerre, essaie de comprendre la pulsion de mort et de lui faire une « place », effectuant ainsi un décisif changement de paradigme - « à chaud ».



4e de couverture :

Entre L'Interprétation du rêve (1899) et L'Homme Moïse et la religion monothéiste (1939), le monde a basculé.
Après la ruine culturelle de la Grande Guerre, à quelle représentation du destin confier le projet d'émancipation de l'humanité ? Comment, face à la faillite des idéaux, concevoir les forces psychiques qui assujettissent les hommes ? La « faute tragique » telle que Freud l'avait héritée des Grecs permet-elle encore d'appréhender le désir meurtrier inconscient, son refoulement et la culpabilité civilisatrice ?
A partir de 1920, Freud remanie en profondeur son appareil théorique pour saisir les sources de la sauvagerie psychique, introduisant la pulsion de mort pour élucider l'aspiration à la destruction, ne renonçant jamais aux exigences de la raison lorsque « faire parler le destin » cherche à nommer les puissances qui dominent et tiennent captive l'humanité.
De l'inconnaissable des romantiques au mythe du meurtre originaire, de la controverse avec les détracteurs de l'inconscient à la réflexion sur l'assise scientifique de la psychanalyse, Freud ne cesse de soumettre à évaluation critique les « préjugés enthousiastes » du Siècle des Lumières, parcourant le chemin d'une désillusion dont nous sommes les héritiers directs.
Freud, continuateur de Kant et de Goethe, et interlocuteur de Thomas Mann — qui a partagé sa terrible lucidité face au désastre qui s'avançait.
Comment apprécier aujourd'hui l'effet de ce désastre sur le devenir de la psychanalyse ? Est-il seulement exact de parler de « crise » lorsque l'effondrement de la scène tragique a ébranlé l'architecture même de la pensée qui permettait de concevoir la symbolisation des destinées ?
En quelle « langue » le destin peut-il encore se dire ?


Prix : 17 €


*

2) Levinas vivant, par Jean-Michel Salanskis, L’Arbre de Judée / Belles Lettres, 2006.







4e de couverture :

Ce livre rassemble les textes qui ont servi d’appui à sept conférences données au cours du premier semestre 2006 dans des colloques d’hommage à Emmanuel Levinas, à l’occasion du centenaire de sa naissance. Ensemble, ils composent un livre qui plaide pour une appropriation audacieuse, fidèle et novatrice, prosaïque et radicale de la pensée de Levinas.
En substance, on veut la lire et la recevoir comme quelque chose qui continue de nous surprendre et nous déplacer, en nous faisant tout comprendre à partir de l’émotion éthique. Et qui par là même nous libère des mauvaises formes du rationalisme : celles qui donnent lieu à un théoriser aveugle et clos, aussi bien que celles qui amènent un discours oraculaire intégrant et confondant les niveaux.
L’ensemble est organisé en trois sections.
Dans la première (Le noyau éthique), on expose les « fondamentaux » de cette pensée – la vision de la morale, la critique de l’ontologie, la relation avec le Judaïsme – en essayant de la présenter de manière à la fois plus pédagogique qu’on ne le fait d’habitude, et moins conventionnelle.
Dans la seconde (Rationalité lévinassienne), on tente de caractériser la philosophie de Levinas par un certain usage des grandes ressources de toute pensée que sont d’une part la spatialité, d’autre part le couple logique de l’universel et du particulier. On prend donc le parti de ne pas envisager le geste philosophique de Levinas comme radicalement étranger à la posture strictement intellectuelle, conceptuelle, épistémique, ainsi que beaucoup sont tentés de le faire.
Dans la troisième section (L’ancien siècle et son futur), on essaie de voir le vingtième siècle comme cet auteur qui l’a pour ainsi dire traversé d’un bout à l’autre nous le montre, et de tirer de cette vision une annonce, voire une promesse du futur.
Ce livre est en même temps un voyage et un pèlerinage, d’une ville à l’autre : les textes se rattachent chacun à un des lieux, à une des haltes de Levinas. Paris, Strasbourg et Fribourg, Jérusalem, Paris à nouveau, Kaunas et pour finir Paris encore sont ainsi les étapes de ce « Semestre avec Levinas ».


Prix : 25 €

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