mercredi 12 août 2009

Ingénuité


Sous le titre « Israelis forced my sister to carry out attack in 1978 », Ynetnews publie, le 5 août 2009, une interview de Rashida Mughrabi, sœur de Dalal Mughrabi [voir, dans cet espace, Effets d’optique… mis en ligne le 16 juillet 2008,] réalisée par Ali Waked.

Extraits :

« Je n'ai aucun regret pour ce que ma sœur a fait. Ce sont les Israéliens qui l'ont forcée (!) à mener l'attaque parce qu'ils nous ont expulsés (!!) et ont volé nos terres (!!!). Ils ont commis une grande injustice en faisant de nous une nation de réfugiés (!!!!). S'il n'y avait pas eu l’occupation (!!!!!), Dalal n'aurait jamais mené l'attaque. Elle aurait peut-être fondé une famille et poursuivi une carrière… »

« Dalal n’est pas [entrée en Israël] avec l’intention de tuer. Elle est venue avec un groupe de combattants qui ont pénétré dans un territoire qui leur avait été pris dans l’intention de libérer [des ‘Palestiniens’], mais l’intervention de l’armée d’occupation a abouti [à ce résultat]… »

« L'objectif n'était pas de tuer des civils, mais d'atteindre la Knesset et d'exiger la libération des prisonniers ‘palestiniens’…

Nous n'aimons pas tuer. Au contraire, notre (!) religion (!!) l'interdit, bien que la loi (?) nous donne le droit de combattre l’occupation pour regagner notre liberté. Ce sont les Israéliens qui, délibérément, mettent en danger les civils. Le monde entier (!!!) et tous les organismes internationaux (!!!!) ont déterminé qu'ils ont utilisé des civils innocents comme boucliers humains… »

« Les Israéliens sont des champions quand il est question de déformer la vérité et d’empêcher les gens de s’en rendre compte… »

« Au pire, Dalal aurait pu prendre des civils en otage, mais elle n’a pas prévu de les tuer.

Si j’ai un quelconque regret, c’est de ne pas avoir participé à l’opération, parce qu’Abou Jihad[1] refusait d’avoir 2 sœurs dans la même opération… »

*

« Je sens la même douleur que la famille de Gilad Shalit. Ils ne sont pas plus humains que nous. Shalit était un soldat d’occupation, et le monde entier intervient pour obtenir sa libération alors que 11.000 prisonniers et des milliers de dépouilles de combattants ‘palestiniens’, y compris celle de ma sœur, n'intéressent personne. Je veux que les restes de ma sœur nous soient rendus autant que la famille de Shalit veut que son fils lui soit rendu… »

*



Ynetnews précise ceci : Rashida [Mughrabi], âgée de 52 ans et qui se partage entre le Liban et la Tunisie, se trouve actuellement à Bethlehem pour assister au 6e congrès général du Fatah.

« C’est la première fois (!) que je me trouve en ‘Palestine’ et je ne trouve pas les mots pour dire ce que j’ai ressenti quand j’ai enfin mis les pieds dans ma patrie (!!) »...

Ynetnews précise encore que les racines de la famille Mughrabi sont à Jaffa : « Si l’occasion m’était donnée, je retournerais dans ma maison, la maison de mon père. Il est vrai que je suis née 10 ans après le début de l’occupation ( !), mais j'ai imaginé notre maison si souvent que je saurais comment la trouver toute seule… »

Rashida [Mughrabi] est sûre qu'elle finira par visiter [librement] la ville côtière : « Même si je dois être pendue, je ne reconnaîtrai jamais Israël, et si le congrès du Fatah vote [pour renoncer à] l'article concernant la résistance, je voterai contre le renoncement à notre droit à résister qui figure dans la charte du Fatah.

Dans un message aux Israéliens, Rashida [Mughrabi] déclare : « Sortez de notre terre et laissez-nous vivre. Toute la terre est à nous ( !), et si les Israéliens choisissent de vivre avec, nous nous ne nous y opposerons pas. Ils sont bienvenus pour vivre avec nous, mais pas comme occupants. »

***

Note :

[1] Abou Jihad (= père de la guerre sainte), nom de guerre de Khalil al-Wazir, l’un des fondateurs du Fatah après un passage par les Frères musulmans, numéro 2 de l’OLP et chef de son aile militaire, éliminé à Tunis par un commando israélien en avril 1988. D’après Khalil al-Wazir, Wikipedia org

– Pour l’anecdote : Khalil est le nom du terroriste palestinien poursuivi par le maître espion israélien Martin Kurtz dans le très étonnant et ambigu The Little Drummer Girl de John Le Carré, paru en 1983.

Illustrations :

- Fashion victim (Bruxelles) © copyright RZ.

- Fashion victim bis (Bruxelles) © copyright RZ.


Ingénuité © copyright 2009 Richard Zrehen

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