dimanche 2 mars 2008

Langues O…



Cecily Cardew : … Le temps du masque inconsistant des bonnes manières est passé. Quand je vois une pelle je l’appelle une pelle.
Gwendolen Fairfax. [Sarcastique] Je suis heureuse de pouvoir dire que je n’ai jamais vu de pelle. Il est clair que nous n’évoluons pas dans le même monde.


*

Le ministre italien des Affaires étrangères, M. Massimo D'Alema, ancien dirigeant des Jeunesses Communistes, ancien directeur du quotidien communiste l’Unità, ancien président du Conseil, membre du Comité d'orientation scientifique de l'association « A gauche en Europe » fondée par Michel Rocard et Dominique Strauss-Kahn en 2003, a déclaré, dans un entretien publié vendredi 22 février 2008 dans l’hebdomadaire L'espresso, à propos de l’assassinat du chef de l’aile militaire du Hezbollah, Imad Mughniyeh : « D’après ma définition, une bombe dans une voiture au milieu de Damas, c’était de la terreur… ».
De l’assassinat d’agents opérationnels du Hamas à Gaza par Israël, il a dit que c’était une « pratique inacceptable ».
« Les assassinats ciblés n’ont pas amélioré l’image de l’occident, et ils servent d’alibi à la terreur », a-t-il ajouté.

*

Le 14 février 2008, Humphrey Hawksley, reporter chevronné de la BBC, spécialiste de l’extrême-orient, évoque à l’antenne Rafik Hariri, le président libanais, et Imad Mughniyeh, le chef de l’aile militaire du Hezbollah, et parle de « deux victimes de guerre, avec des visions différentes, mais tous deux [hommes] considérés comme grands leaders nationaux ».
Don Mell, photographe à Associated Press, témoin de l’enlèvement, en 1988, de son collègue d’AP, Terry Anderson, par les hommes armés d’Imad Mughniyeh, n’a pas apprécié la formule. Et il a écrit une lettre à la BBC.

Extraits :
« Vous référer, dans la même phrase, à Rafik Hariri et à et Imad Mughniyeh, et dire d’eux qu’ils sont de ‘grands leaders nationaux’ passe l’entendement. L’un était un élu, qui a dépensé des millions de sa poche pour reconstruire son pays. L’autre était probablement le deuxième plus fameux terroriste de la planète…
Je ne critique que rarement les reportages des autres parce que j’ai foi en l’échange de points de vue différents, quels qu’en soient les sources, et respecte grandement le Premier Amendement de la constitution de mon pays. Mais aujourd’hui, vous êtes allé trop loin. Vous avez rendu un immense mauvais service à votre Institution et à la Nation. »

La BBC a répondu à cette lettre.

Extrait :
« Que les supporters du Hezbollah considèrent Mughniyeh dans ces termes, c’est indéniable ; nous reconnaissons, toutefois, que la formulation était imprécise. La description d’Imad Mughniyeh aurait due être explicitement attribuée à ceux qui lui manifestent leur soutien. Nous reconnaissons que cette partie du reportage était ouverte à mésinterprétation. Nous présentons nos excuses à quiconque a été offensé par cet item. »
*




Selon Ya Libnan, qui cite Alborz, source proche du gouvernement iranien, la veuve d’Imad Mughniyeh, qui est d’origine iranienne, a déclaré (25 février 2008) que « la Syrie était derrière l’assassinat de son mari… Que la Syrie ait refusé que les enquêteurs iraniens fassent leur travail [d’investigation] est preuve de la complicité de Damas dans le meurtre de mon mari », a-t-elle ajouté.
Hypothèse reprise par le quotidien saoudien Okaz, qui estime qu’une lutte oppose, au sein du Hezbollah, les partisans et adversaires (soutenus par les Services de Sécurité syriens) du rapprochement avec l’Iran.

*


Sources :
Oscar Wilde, The Importance of Being Earnest.
Meron Benvenisti, « Killing in Damascus was act of 'terror' », Ha’aretz, 22 février 2008.
Calev Ben-David, « Between the Lines: The 'Beeb,' past and present », Jerusalem Post, 21 février 2008.
« Mughniyeh's widow says Syria behind husband's murder », yalibnan.com, 25 février 2008.
Illustration : copyright François Bensimon.

Aucun commentaire: