jeudi 12 juin 2008

Entretien avec un Vampire…



Début novembre 1941, le Grand Mufti de Jérusalem, Haj Mohammad Amin al-Husseini, arrive à Berlin en provenance de Rome, où il a eu un entretien avec Mussolini. Le Duce se serait révélé être un « anti-sioniste » convaincu, disant notamment : « Les juifs n’ont pas de raison, historique, « raciale » ou autre, d’établir un Etat en Palestine… Si les Juifs y tiennent, ils n’ont qu’à fonder Tel-Aviv en Amérique… »

A Berlin, où il est reçu par le Islamische Zentralinstitut et l’Assemblée des dirigeants musulmans d’Allemagne comme le « Führer du monde arabe… », le Grand Mufti a rendez-vous avec le chef de la SS, Himmler, et Ribbentrop, ministre des Affaires étrangères, pour préparer la rencontre avec Hitler prévue pour la fin du mois.

Le 28 novembre 1941, à la Chancellerie du Reich, Hitler s’entretient avec le Grand Mufti en présence de Joachim von Ribbentrop, ministre des Affaire étrangères, et de Fritz Grobba, ancien ambassadeur en Arabie Saoudite et en Irak, ministre plénipotentiaire auprès des Etats arabes.


Extraits du compte-rendu officiel de l’entretien (les notes sur cette rencontre sont prises par Paul-Otto Schmidt, interprète de conférences auprès du ministère des Affaires étrangères) :

– Le Grand Mufti commence par remercier le Führer pour le grand honneur qu’il lui accorde en le recevant. Il souhaite profiter de l’occasion pour exprimer sa gratitude au Führer du Grand Reich que tout le monde arabe admire, pour la sympathie qu’il a toujours [!] démontrée à l’égard de la Cause arabe et, particulièrement de la Cause palestinienne [!!], et qu’il a clairement exposée dans ses déclarations publiques. Les pays arabes sont [dit-il] fermement convaincus que l’Allemagne va gagner la guerre et que la Cause arabe va prospérer. Les Arabes sont les amis naturels de l’Allemagne parce qu’ils ont les mêmes ennemis : les Anglais, les Juifs et le Communistes. Ils sont donc disposés à coopérer de tout leur cœur avec l’Allemagne et sont prêts à participer à la guerre, non seulement négativement, en commettant des actes de sabotage ou en fomentant des révolutions, mais aussi positivement, en formant des Légions arabes.

Les Arabes pourraient se révéler être des alliés précieux, pour des raisons géographiques mais aussi à cause des souffrances que leur ont infligées les Anglais et les Juifs. De plus, ils sont en relation étroite avec toutes les nations musulmanes, qu’ils pourraient inciter à une action commune. Une Légion arabe pourrait être facilement formée : un appel par le Grand Mufti en direction des pays arabes et des prisonniers arabes en Allemagne, de nationalité algérienne [ !], marocaine et tunisienne, et se lèverait un grand nombre de volontaires, décidés à se battre…

Le monde Arabe est convaincu de la victoire de l’Allemagne, non seulement parce que le Reich a une grande armée, des soldats courageux et des chefs militaires de génie mais aussi parce que le Tout-Puissant ne peut donner la victoire à une cause injuste.

Dans cette lutte, le but des Arabes est d’obtenir l’indépendance et l’unité de la Palestine, de la Syrie et de l’Irak. Ils ont pleine confiance en le Führer et attendent que sa main mette du baume sur les blessures qui leur ont été infligées par les ennemis de l’Allemagne.

Le Grand Mufti évoque ensuite le lettre qu’il a reçue des Autorités allemandes, stipulant que l’Allemagne ne détient aucun territoire arabe, qu’elle reconnaît les aspirations des Arabes à l’indépendance et à la liberté, et qu’elle est partisan de l’élimination du Foyer national juif [et ajoute] qu’une déclaration publique en ce sens servirait utilement la propagande en direction des pays arabes. Elle les sortirait de leur léthargie momentanée… leur donnerait un nouveau courage… et faciliterait le travail du Grand Mufti : organiser et préparer secrètement les Arabes pour le moment où ils pourraient frapper. Dans le même temps, il pourrait assurer à l’Allemagne que les Arabes attendraient patiemment, et avec discipline, le bon moment, et ne frapperaient que sur ordre de Berlin.

Pour ce qui est des évènements en Irak [en mars 1941, le Grand Mufti avait appuyé une tentative de coup d’Etat pro-allemand conduite par le premier ministre Rashid Ali al-Gaylani ; en juin 1941, les Anglais étaient intervenus à Bagdad et avaient renversé le « gouvernement provisoire » d’al-Gaylani ], le Grand Mufti déclare que les irakiens n’ont pas le moins du monde été incités par l’Allemagne à attaquer les Anglais mais ont, simplement, réagi à l’atteinte directe faite à leur honneur par les Anglais.

Les Turcs, selon lui, accueilleraient avec faveur [!] un gouvernement arabe dans les territoires voisins parce qu’ils préfèreraient un gouvernement arabe faible à un gouvernement européen fort et, de plus, étant eux-mêmes un nation de 7 millions [d’individus] ils n’auraient rien à craindre d’un million sept cent mille Arabes habitant la Syrie, la Transjordanie, la Palestine et l’Irak.

De même, la France n’objecterait aucunement [!] au plan d’unification, ayant déjà concédé son indépendance à la Syrie dès 1936 et donné son accord au projet d’unification de l’Irak et de la Syrie [!!], sous l’égide du roi Faïçal, dès 1933.

Dans ces conditions, il renouvelle sa requête : que le Führer fasse une déclaration publique de sorte que les Arabes ne perdent pas espoir, l’espoir qui est un puissant stimulant dans la vie des nations. Avec un tel espoir au cœur, les Arabes… accepteraient d’attendre… six mois ou un an. Mais s’ils ne sont pas ainsi encouragés… publiquement, il est à craindre que ce soient les Anglais qui en profitent.



– Le Fûhrer répond que la position fondamentale de l’Allemagne sur ces questions est claire, comme l’a reconnu le Grand Mufti. L’Allemagne est engagée dans une lutte sans merci contre les Juifs. Cela implique, naturellement, une opposition active à l’établissement d’un Foyer national juif en Palestine, qui ne pourrait qu’être le centre d’exercice d’une influence destructive des intérêts juifs, sous forme d’Etat. L’Allemagne est aussi consciente que l’affirmation selon laquelle les Juifs y seraient des pionniers, des [agents] économiques est un mensonge. Le travail y est fait exclusivement par les Arabes, pas par les Juifs. L’Allemagne est résolue… à demander aux nations européennes, l’une après l’autre, de résoudre le problème juif et, au moment approprié, de lancer un appel semblable aux nations non européennes.

L’Allemagne est, à présent, engagée dans une lutte à mort avec 2 citadelles du pouvoir Juif : la Grande-Bretagne et l’Union soviétique. Théoriquement, il y a une différence entre le capitalisme de l’Angleterre et le communisme de la Russie soviétique, mais en fait, dans les deux pays, les Juifs poursuivent un but commun. Cette lutte est décisive : sur le plan politique, le conflit est essentiellement entre l’Allemagne et l’Angleterre, mais sur le plan idéologique, c’est un conflit entre le National-Socialisme et les Juifs. Il va sans dire que l’Allemagne apportera une aide positive et pratique aux Arabes engagés dans la même lutte, parce que les promesses platoniques ne sont pas de mise dans une guerre pour la survie ou la destruction, dans laquelle les Juifs sont capables de mobiliser tout le pouvoir de l’Angleterre pour [atteindre] leurs objectifs.

L’aide à apporter aux Arabes devra être matérielle. Que la sympathie ne suffise pas a été clairement démontré par l’opération en Irak, où les circonstances n’ont pas permis d’apporter une aide effective et concrète. En dépit de toute sa sympathie, l’aide allemande n’a pas été suffisante, et l’Irak a été subjugué par les forces de l’Angleterre… le Gardien des Juifs.

Le Grand Mufti ne mesure peut-être pas à quel point… la guerre en cours va aussi décider du sort du monde arabe. En conséquence, le Führer doit penser et parler froidement et délibérément, comme un homme rationnel et d’abord comme un soldat, comme le chef des forces allemandes et alliées [!]. Tout ce qui est de nature à aider dans cette lutte titanesque pour la cause commune, pour les Arabes aussi par conséquent, devra être fait. Cependant, tout ce qui peut contribuer à affaiblir la situation militaire doit être mis de côté, quelque impopulaire que cela soit.

L’Allemagne est présentement engagée dans une suite de batailles très dures pour forcer le passage du Nord Caucase. Les principales difficultés tenant à l’approvisionnement [des troupes] … avec des lignes de chemin de fer et des routes détruites et l’hiver approchant. Si, à ce moment, le Führer devait soulever le problème de la Syrie, les éléments qui, en France, sont sous l’influence de de Gaulle, en seraient renforcés. Ils interpréteraient les déclarations du Führer comme [prouvant] l’intention de détruire l’empire colonial français, et inciteraient leurs compatriotes à faire cause commune avec les Anglais pour sauver ce qui pourrait l’être. Une déclaration allemande à propos de la Syrie serait comprise en France comme faisant référence aux colonies françaises en général. Cela provoquerait de nouveaux troubles en Europe de l’Ouest, une partie des forces armées allemandes serait immobilisée à l’Ouest et ne pourrait plus être détachée sur le front de l’Est.

Le Führer fait alors cette déclaration au Grand Mufti, en lui recommandant de la conserver dans le plus profond de son cœur :

1. Il (le Führer) va mener à son terme la bataille en vue de la destruction de l’empire judéo-communiste en Europe.

2. A un moment, qu’il n’est pas possible de fixer aujourd’hui mais qui, en tout état de cause, n’est pas éloigné, les armées allemandes vont… atteindre le Sud du Caucase.

3. Aussitôt que cela se sera produit, le Führer donnera l’assurance au monde arabe que l’heure de la libération a sonné. Le seul objectif de l’Allemagne sera alors la destruction de l’élément juif résidant dans la sphère arabe sous la protection du pouvoir anglais. A cette heure, le Grand Mufti sera le plus autorisé des porte-parole du monde arabe. Il lui appartiendra alors de déclencher les opérations arabes préparées en secret. Ce moment survenu, l’Allemagne pourra être indifférente aux réactions françaises…

Une fois forcée par l’Allemagne la route vers l’Iran et l’Irak via Rostov, ce sera le commencement de la fin pour l’empire britannique. Il (le Führer) espère qu’il sera possible à l’Allemagne d’ouvrir la porte du Caucase vers le Moyen-Orient l’année qui vient. Pour le bien de leur cause commune, il vaudrait mieux pour l’Allemagne retarder la « Déclaration aux Arabes » de quelques mois, plutôt que se créer des difficultés qui l’empêcheraient de les aider.

Il (le Führer) mesure bien combien les Arabes attendent qu’il fasse une déclaration publique du genre de celle demandée par le Grand Mufti. Mais il lui demande de bien vouloir considérer que lui (le Führer), à la tête du Reich allemand depuis 5 longues années, n’a pas encore pu annoncer sa libération à sa propre patrie [!]. Il lui faut encore attendre pour faire cette annonce…

Aussitôt que les chars et les avions allemands auront atteint le sud du Caucase, la déclaration publique demandée par le Grand Mufti pourra être faite au monde arabe.

– Le Grand Mufti répond qu’à son avis, tout va se passer comme le Führer l’a exposé. Il est pleinement rassuré par les paroles du chef de l’Etat allemand… et en est satisfait. Il demande s’il ne serait cependant pas possible, au moins secrètement, d’avoir un agrément avec l’Allemagne du type de celui qu’il a esquissé…

– Le Führer répond qu’il vient précisément de faire cette déclaration confidentielle au Grand Mufti.

– Le Grand Mufti le remercie et conclut en disant qu’il prend congé du Führer avec confiance et plein de gratitude pour l’intérêt qu’il manifeste à l’égard de la Cause arabe…

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« A l'occasion du soixantième anniversaire d'Israël, Baudouin Loos [signe] un article dans [le quotidien belge] Le Soir (7 mai) intitulé ‘‘Israël naît en Palestine : les années de braise’’. Il écrit : ‘‘C’est en 1936 qu’éclata la ‘grande révolte arabe’, qui vit les Arabes de Palestine se retourner contre l’occupant britannique. (…) L’un des principaux dirigeants de la révolte, le mufti de Jérusalem Amine al-Husseine, flirtera [!] plus tard avec Hitler… »

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Sources :

Kenneth R. Timmerman, Preachers of Hate, Crown Forum, 2003.
Kathryn Jean Lopez, « Hate to Win ? Talking with journalist Kenneth Timmerman », National Review On Line, 21 novembre 2003.
« Hitler’s mufti », World Future fund, worldfuturefund.org
Documents on German Foreign Policy 1918-1945, Series D, Vol XIII, London, 1964, pp. 881 ff.
« Baudouin Loos : le “flirt” entre le mufti de Jérusalem Amin al-Husseini et Hitler ? », Philosémitisme blog, 15 mai 2008.

Illustrations :

Grand Mufti & Himmler, tellthechildrenthetruth.com/gallery.
Grand Mufti & Hitler, tellthechildrenthetruth.com/gallery.

Mégacéphale, copyright François Bensimon.

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