vendredi 5 septembre 2008

Combien ingénieux…



Le 13 août 2008, The Nation, hebdomadaire de gauche auquel Albert Einstein et Jean-Paul Sartre, entre autres, ont autrefois contribué, publie un article de Robert Scheer (éditeur de Truthdig.com, auteur de The Pornography of Power: How Defense Hawks Hijacked 9/11 and Weakened America et de Playing President) intitulé « Georgia War : A Neocon Ploy ? »…

Extraits :

« Est-il possible que cette fois, la ‘surprise d’octobre’ ait été testée en août, que la minable affaire de la ‘courageuse petite Géorgie luttant pour sa survie en [tentant de] s’arracher à l’étreinte de l’ours russe’ ait été lancée pour influencer l’élection présidentielle américaine ?
Avant d’écarter cette éventualité, considérez le rôle d’un Randy Scheunemann [fondateur et président d’un cabinet de Relations publiques, Orion Strategies, http://www.manta.com/coms2/dnbcompany_754jc], qui a été 4 ans lobbyiste rémunéré pour le compte du gouvernement géorgien, ne mettant un terme à son contrat qu’en mars [dernier] plusieurs mois après être devenu le conseiller pour les Affaires étrangères du candidat républicain à l’élection présidentielle, le sénateur John McCain.

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- Le lobbying, activité réglementée, consiste à essayer de persuader les législateurs de faire passer une nouvelle loi, de la rejeter ou de changer une loi existante. Un lobbyiste peut travailler pour une organisation, une industrie ou un pays, en fournissant aux élus et administrations tout élément d’information sur les projets de lois, propre à soutenir les intérêts de ses clients.
Le
Lobbying Disclosure Act de 1995 précise dans quelles circonstances organisations, industries et pays doivent faire savoir qu’ils emploient des lobbyistes, et ceux-ci doivent alors se faire enregistrer auprès du Senate Office of Public Records.

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Avant cela, Scheunemann était surtout connu comme l’un de ces néo-conservateurs ayant conçu la guerre en Irak, lorsqu’il était le directeur du Project for a New American Century. C’est le même Scheunemann qui, après avoir travaillé pour la campagne présidentielle de McCain en 2000, a dirigé le Committee for the Liberation of Iraq, partisan de l’invasion (!) américaine de l’Irak.
Plusieurs signes…[laissent supposer] qu’il a joué un rôle similaire dans la récente aventure géorgienne. Comment expliquer autrement la folie (!) de son ami proche et ancien employeur, le président géorgien Mikhail Saakashvili, ordonnant une invasion de l’Ossétie du sud sécessionniste dont, clairement (!!), il était attendu (!!!) quelle produisît (!!!!) une contre-réaction russe [Comment, en effet, expliquer autrement cette ‘‘folie’’ ?]. Il n’est pas concevable que Saakashvili ait déclenché cette dangereuse escalade sans [avoir reçu] quelque assurance d’américains influents en qui il avait confiance, que les Etats-Unis le soutiendraient…
En 2005, alors qu’il était [encore] un lobbyiste rémunéré par la Géorgie, Scheunemann a travaillé avec McCain sur un projet de résolution pour le Congrès, appuyant l’adhésion de la Géorgie à l’OTAN. Un an plus tard, alors qu’il était toujours rémunéré par la Géorgie, Scheunemann a accompagné McCain dans le pays où les 2 ont rencontré Saakashvili et soutenu ses visées belliqueuses (!) vis-à-vis de la Russie de Vladimir Putin…
Scheunemann est au centre d’un réseau de ‘conjurés’ (!) néo-conservateurs qui ont réussi à commander (!!) la position du candidat républicain en matière de politique étrangère, rejouant tout ce qui a conduit à la guerre contre l’Irak (!!!). Ces types sont toujours à la recherche d’un ennemi extérieur sur lequel baser une nouvelle guerre froide (?), et avec l’effondrement (!!!!) du régime de Saddam Hussein, c’est la Russie de Putin qui a fini par remplir ce rôle [l’Iran ?]…



Oui, ça paraît diabolique [diabolique…], mais ça pourrait bien être la façon la plus appropriée d’évaluer les desseins de la campagne de McCain en matière de guerre et de paix. Tout laisse à penser que la diabolisation de Putin par le candidat [républicain] participe d’un plan plus important que celui qui a utilisé Hussein pour alimenter le militarisme américain et lui fournir l’ennemi effrayant dont il a désespérément besoin…
Ce qui est à l’œuvre, ici, c’est une prophétie néo-conservatrice auto-vérifiée : la Russie est transformée en ennemi renforçant une armée largement réduite, Putin est représenté comme un épouvantail, un nouveau Joseph Staline, pour évoquer la vieille Union soviétique. McCain a condamné une « Russie revancharde » qui devrait être de nouveau contenue. Bien que Putin ait été le dirigeant élu (!) le plus populaire de la Russie post-communiste, on continue de prétendre que l’impérialisme est toujours présent, non seulement dans son ADN, mais dans celui de tout le peuple russe…
Il est bien commode d’oublier que Staline [né Josef Besarion Djughasvili] était géorgien, et si les troupes russes avaient occupé la ville de Gori, elles auraient trouvé un musée à la gloire de l’enfant du pays [Staline y est né en 1878] qui… a pris le contrôle de la révolution russe. De fait, il paraît que 5 bombes russes sont tombées sur le square Staline de Gori… »

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Le même jour, Daily Kos, le site gauchiste chic met en ligne un billet qui demande : « Did the McCain campaign encourage the invasion of S[outh] Ossetia ? »

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Sources :

Robert Scheer, « Georgia War : A Neocon Ploy ? », The Nation, 13 août 2008.
barbecuedty, « Did the McCain campaign encourage the invasion of S[outh] Ossetia ? », Daily Kos, http://barbecuedty.dailykos.com/, 13 août 2008.

Illustrations :

Peinture murale, Baltimore, copyright RZ.
Hassidim, copyright Alain Bellaïche.
Vladimir Besarion Putin ? Copyright ?

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