mardi 17 août 2010

ECRIT AU SOLEIL 1


Fin 1981, l’écrivain Lucien Elia (Les ratés de la diaspora, Fer blanc), rencontré chez Publicis où nous travaillons tous deux à des étages différents, me propose de participer à un projet qu’il coordonne avec sa femme Myriam : un livre « grand public » consacré aux Pieds-Noirs, ces européens venus s’installer en Algérie après la conquête française, dont la parution devrait correspondre avec les 20 ans de l’indépendance algérienne. Ma tâche : traiter (sérieusement mais légèrement) de la littérature d’expression française en Algérie de 1830 à 1962, plus précisément de la littérature qui se préoccupe du « local ». Beaucoup de livres à l’écriture déjà désuète quand ils paraissent, beaucoup d’auteurs à la notoriété incertaine, de grandes exceptions, bien sûr, mais dans l’ensemble, de l’authenticité (!), de la tonicité de l’élan et un racialisme surprenant… Une littérature-témoin pleine de charme mais aussi de noirceurs, qui sera longtemps à la littérature « métropolitaine » ce que le français d’ancien régime parlé à la cour du duc de Berry (et au Québec) a été au français parisien post-révolutionnaire : exotique mais instructive.

Le livre a été publié en 1982 chez Philippe Lebaud, éditeur à Paris, avec une préface d’Emmanuel Roblès. Voici ma contribution, débarrassée de quelques erreurs factuelles et augmentée des notes probablement utiles quelque 30 ans de dérives « politiquement correctes » après. RZ.

Publier le message

*


Rencontres


Au travers des thèmes qu'elle aborde et met en forme pour notre plaisir, notre amusement, notre édification ou notre confusion, des personnages qu'elle fait exister et vivre, des œuvres si contrastées qu'elle s'est suscitées, la littérature « pied-noir » déroule, au long de sa courte histoire, une même aventure, passionnée et difficultueuse : celle d'une langue fière sortie de son site « naturel » pour rencontrer une terre nouvelle, s'y faire connaître, apprivoiser, apprécier, maltraiter peut-être, reconnaître sûrement — au risque de se perdre...

Une langue, une terre. Ce qui les habite, les meut, les spécifie, ce qui les attend l'une et l'autre ; ce qui les menace aussi. Aventure mouvementée, à quoi la violence de la séparation, seulement, mettra un terme brutal. Douleur de l'exil. Mais cela ne sera clairement perceptible qu'une fois les « principes » fermement établis : après que la conquête militaire, peu propice aux interrogations ou à l'esthétique, aura été achevée.

Quand la France prend pied en Algérie[1], « sa gloire emplit toute la terre »[2] ; sa langue, dure aux puissants, est douce aux oreilles et aux bouches des nations, pour avoir chanté l'émancipation des peuples. Le français est l'idiome de la liberté. C'est la langue de l'universalité vaste et généreuse qui dissout les « particularismes égoïstes et rétrogrades » ; son usage a été imposé à tous, pour le « bien commun », dans les limites de l'Hexagone : contre les patois et dialectes qui, disait-on, restreignaient abusivement les possibilités d'entente entre les hommes[3]. C'est cette promesse, c'est cette attente qui passent la Méditerranée.

Et les militaires qui conduisent les opérations, héritiers directs d'une République qui s'était voulue romaine, d’un roi catholique-et-romain en mal de légitimité, puis d'un empereur qui s'était volontiers inscrit dans cette filiation, retrouvent spontanément le ton et l'inspiration du Jules César de la Guerre des Gaules. Le bruit des batailles à peine estompé, ils seront nombreux à livrer Mémoires, Récits ou Lettres : depuis le cruel maréchal de Saint-Arnaud, aventurier et comploteur sans état d’âme, jusqu'au terrible et célèbre maréchal Bugeaud.

Des écrivains-voyageurs viendront de France, à leur suite, authentifier d'un séjour-alibi leurs rêveries sur cet « Orient » accessible et proche — inaugurant une longue suite de simplifications et d'incompréhensions. Fromentin, par exemple, peintre et écrivain attiré par le désert (Un été dans le Sahara[4]), livrera à son public de métropolitains sédentaires, apparemment désireux de se laisser captiver et séduire, un ensemble de représentations qui auront une longue vie : portrait avantageux, mais irréel et inconsistant, d'une terre colorée qui fait invinciblement penser à un décor de théâtre ou à une composition académique.

Une voix manque cependant, et celles qui viennent d'être évoquées ne peuvent en tenir lieu ; une voix parlant depuis l'Algérie et qui s'adresserait aux Algériens « nouvelle manière » ; à ceux qui veulent l'être ; aux autres, aussi... Une voix rétive à l'articulation. Comme si la conquête réussie de la terre (les armes d'abord, la charrue ensuite[5]) devait encore être poursuivie, mais dans un registre moins assuré — parce qu'il vise à l'adhésion des cœurs, et non pas simplement à la soumission des corps : celui des propos à tenir sur cette conquête pour que les esprits puissent s'y « reconnaître »...

Or il n'est pas acquis qu'on puisse raconter des histoires innocemment, sans y mettre quelque chose d'infiniment précieux : le savaient et l'éprouvaient, souvent malgré eux, ceux qui vivaient et parlaient « sur place » ; ceux qui, se voulant écrivains, avaient choisi de travailler avec les mots dont nous nous servons machinalement pour les faire résonner autrement.

Ainsi, c'est sous pseudonyme que paraîtront, de 1895 à 1920, les aventures comiques de Cagayous, personnage au langage savoureux : l'auteur, né « natif » du pays, n'a pu écrire qu'au prix d'une double pirouette. Fonctionnaire, journaliste, chroniqueur, chansonnier, il dissimule son nom (Auguste Robinet, 1862-1930), signe « Musette », et son héros, qui est un type familier, celui du petit malin, boute-en-train, gouailleur et débrouillard, s'exprime en altérant la langue : ce à quoi on reconnaît la caractéristique locale — marque de Bab-el-Oued, quartier populaire d'Alger, devenu légendaire. Mais en outre, c'est regrettable et significatif, Cagayous fait des concessions à l'antisémitisme[6] : on peut y voir un tribut douteux payé à la France, alors secouée et profondément divisée par l'affaire Dreyfus[7] ; on peut y voir également, plus enfoui, le signe que la nouvelle identité culturelle en train de naître en Algérie ne peut se poser qu'en s'opposant explicitement à quelque repoussoir, ne peut s'affirmer qu'en raillant, voire en niant l'autre — y compris en soi-même.

Cette difficulté concrète à se situer par rapport au pays, à la langue et à soi-même est encore mieux illustrée, si l'on ose dire, par Isabelle Eberhardt qui, pour parler et écrire, s'est cachée sous plusieurs masques, qui couvrent autant de reniements ou d'impossibilités, et lui vaudront réprobation et incompréhension : suisse d’origine, mariée à un musulman de nationalité française, sous-officier spahi, elle allait sillonnant l'arrière-pays, s'habillant et se comportant en homme ; elle prétendait avoir toujours été musulmane [elle s’est convertie à l’islam en 1897], et il lui arrivait de signer Mahmoud. Elle disparaîtra en 1904, à vingt-sept ans, dans une inondation. Ultime retrait, ses livres, qui témoignent d'une grande affection pour la terre et ses occupants d'avant la conquête [elle prit une part active à la lutte de certains d’entre eux contre la présence française], ne paraîtront qu'après sa mort : Dans l'ombre chaude de l'Islam, Notes de route, Trimardeur, etc.

Ce rappel doit permettre d'apprécier le considérable apport de Louis Bertrand, qui a su arrêter le balancement entre langue et terre, et, accentuant certains des traits relevés plus haut, fournir les cadres solides dans lesquels l'identité culturelle « pied-noir» s'est formée ; qui a su inventer les thèmes attrayants dont elle s'est électivement nourrie pendant un long temps. Il a été capable de résoudre « avantageusement » les contradictions qui avaient embarrassé quelques-uns de ses devanciers, en qualifiant autrement qu'ils n'avaient pu le faire la terre en question... La France est, selon lui, presque chez elle en Algérie — on verra par quel cheminement. Mieux que d'une conquête, il s'agirait de retrouvailles !

Pour Louis Bertrand, historien, essayiste et futur académicien (il occupera en 1926 le fauteuil de Maurice Barrès), c'est bien plus qu'une conviction : c'est une nécessité.

En 1891, après être passé par Aix-en-Provence et Bourg-en-Bresse, il est nommé au lycée Bugeaud d'Alger : il a vingt-cinq ans et l'impatience frondeuse. La Lorraine, où il est né, a, depuis trop longtemps déjà, cessé d'être française, tout comme l’Alsace. La perte de ces provinces, chères entre toutes, est une plaie toujours aussi vive[8] : vont s'en trouver notablement modifiées et la signification de la conquête et la valeur symbolique de l'Algérie — qui finit par faire figure de contrepartie territoriale, de compensation, dans le jeu cruel et humiliant qui oppose la France à son sévère parent prussien. Mais, plus qu'une consolation raisonnable, c'est un appel qui attend Louis Bertrand de l'autre côté de la Méditerranée : laissant derrière lui un pays fourbu, vaincu, irrésolu, il découvre un pays énergique et volontaire, stupéfiant de beauté, dont le passé lui donne vertige et espoir.

La prise de possession guerrière y cède progressivement le pas à l'occupation méthodique, qui va descendre jusqu'au détail pour asseoir l'installation durable et permettre la mise en valeur : on édifie, on creuse, on terrasse, on ouvre chemins et routes[9]. En même temps qu'on bâtit l'avenir, on ramène au jour les trésors cachés. Des ruines romaines, des vestiges latins. Dès lors, tout devient simple et lumineux : la France est venue reprendre possession de son héritage romain — pas tant républicain ou impérial que chrétien, de cette terre arrosée du sang des martyrs (titre d'un roman de L. Bertrand), bruissante encore de la prédication d'Augustin et de l'évêque Cyprien, des polémiques incandescentes avec les hérétiques et les païens. Chaque ruine exhumée, fragment de mémoire concrète, le confortait : la France retrouvait une partie de son bien, elle avait des titres légitimes à faire valoir sur ces lieux...

Une grande conséquence suivait d'elle-même : d'« autres » n'étaient pas là tout à fait à leur place ou, du moins, ne pouvaient pas se prévaloir de droits et ouvrages aussi anciens. Il fallait apprendre, à la suite de L. Bertrand, à ne pas focaliser exclusivement sur les « Arabes »[10], et à porter au crédit des nouveaux (re)venus la valeur de leur engagement dans l'antique et neuve Numidie.

Avec Le Sang des races, La Cina, Pépète et Balthazar, La Concession de Mme Petitgand, Le Roman de la conquête, et beaucoup d'autres livres encore, il dira l'Afrique latine et les Berbères, la Numidie chrétienne[11], la vaillance et le courage des colons, leur acharnement, leur noblesse et leur héroïsme discret ; il applaudira à la naissance d'un nouveau « type d'homme » s'éprouvant à l'effort, au défi et à l'ambition bâtisseuse : héritier dynamique et volontaire, s'opposant avec éclat aux manières des craintifs « rentiers » de métropole, aux ressources morales amenuisées.

Il dira aussi, dans une page de ses Mémoires, avoir tôt porté ses regards plus bas, plus loin, sur Les routes du Sud (titre d’une section de l’ouvrage), et retrouvé la présence menaçante du tentateur maléfique, de l'ennemi de toujours qui attendait son heure...

De cet appel, L. Bertrand, messager persuasif, saura, la Méditerranée passée, faire une œuvre convaincante. Elle rencontrera un écho amplifié : d'abord thème idéologique et esthétique, dont va sortir un mouvement littéraire organisé, l'Algérianisme, il se transformera, simplifié à l'extrême, en une croyance politique — au moment où le mouvement littéraire commencera à décliner[12].

Cela montre qu'au temps des commencements, où il s'agit avant tout de savoir « qui parle ? », il ne va pas de soi que la littérature soit perspective, divertissement ou franche fiction : ni pour les auteurs ni pour les lecteurs. Elle serait plus proche du reportage « romancé » ou de la chronique « réaliste ». Et les dangers, inévitables quand n'est pas sensible la dimension littéraire, qui est essentiellement distance, sont grands : la littérature est affaire d'esthétique ; elle n'est pas censée être consensuelle ni prouver la justesse ou la véracité de ses arguments...


A suivre…


Notes :

[1] Rappelons que la conquête de l’Algérie, alors sous domination ottomane et en plein tumulte intérieur, a été entreprise par la France pour sécuriser les liaisons maritimes et mettre fin à la piraterie des « barbaresques », grands rapteurs de chrétiens du littoral méditerranéen destinés à l’esclavage [Ajouté en août 2010].

[2] Isaïe, VI, 3.

[3] Abbé Grégoire, Rapport sur la nécessité et les moyens d'anéantir les patois et d'universaliser l'usage de la langue française, 1794 : « On peut uniformiser le langage d'une grande nation, de manière que tous les citoyens qui la composent puissent sans obstacle se communiquer leurs pensées… » [Ajouté en août 2010].

[4] Un été dans le Sahara, qui date de 1857, ne doit pas être confondu avec Une année dans le Sahel, du même Fromentin, qui date de 1859.

[5] La devise de Bugeaud était : Ense et Aratro, « par l'épée et par la charrue » [Ajouté en août 2010].

[6] En fait, Cagayous (où s’entend « le merdeux » signifie « le chassieux », en langue d’oc), figure éminente du lumpenprolétariat algérois, petit voyou vivant de menus larcins et combines louches, se plaisant avec sa bande à jouer de méchants tours à ses contemporains, Gavroche réactionnaire et grande figure populaire de l’Algérie française, est constitutivement et pathologiquement antijuif. L’une de ses aventures (parue en 1898) est intitulée « Cagayous antijuif », dans laquelle Musette écrit en préface : « Cagayous antijuif !... Il l’est depuis la plante des pieds jusqu’à la racine des cheveux… On ne pouvait, d’ailleurs, concevoir autrement cette fleur sauvage du pavé algérien, poussée dans le salpêtre et le crottin, sous une flambée de soleil »… Cf. Paul Siblot, « Cagayous antijuif ». Un discours colonial en proie à la racisation, Mots. Les langages du politique (ENS-Editions), n° 15, 1987 [Ajouté en août 2010].

[7] La dernière séquence de Cagayous antijuif rapporte l’élection de Drumont, devenu en 1898 député d’Alger, ville où viennent d’avoir lieu de sanglantes émeutes antijuives consécutives à la condamnation de Dreyfus, auxquelles ont participé nombre de « patriotes » et d’autochtones [Ajouté en août 2010].

[8] Les contes du lundi (1873) d'Alphonse Daudet, par exemple, en portent témoignage. On y sera d'autant plus sensible que ce même Daudet, qui a su être ouvert à ce drame-là, a fait, l'année précédente, la preuve de son incapacité à comprendre l'Algérie — dans son Tartarin de Tarascon, décevant de ce point de vue. Il aura une nombreuse postérité... Quant au célèbre livre de Barrès, Les Déracinés, il date de 1897.

[9] Et on « civilise » ! P. Siblot dans « De l’anticolonialisme à l’antiracisme : de silences en contradiction », Mots. Les langages du politique (ENS-Editions), n° 18, 1989, pp. 61-63, rapporte quelques propos bien intentionnés : « Je crois que notre nouvelle conquête est chose heureuse et grande. C’est la civilisation qui marche sur la barbarie. C’est un peuple éclairé qui va trouver un peuple dans la nuit. Nous sommes les Grecs [!] du monde ; c’est à nous d’illuminer le monde. Notre mission s’accomplit, je ne chante qu’Hosanna [écrit Victor Hugo] ; « C’est en raison des qualités d’un vaincu qui ne saurait ‘s’affaisser’ que le maréchal Bugeaud préconise de ‘tendre par tous les moyens à nous assimiler les Arabes, à modifier graduellement leurs mœurs [] Il nous paraît infiniment plus sage (que le cantonnement) de les mêler à notre société, et de les faire jouir de tous les avantages qu’elle comporte » ; « Tant que les Arabes ne seront pas français, nul gouverneur, nulle armée ne pourra garantir un mois la durée de la paix » [écrit le catholique traditionaliste Louis Veuillot] ; « En 1883, Jules Ferry étend aux populations indigènes d’Algérie la loi de l’instruction publique au nom du ‘devoir des races supérieures de civiliser les races inférieures’ »… — Où l’on voit que « race » n’a pas encore entièrement acquis en France la hideuse coloration que la fin du XIXe et le XXe siècles lui donneront, malgré les efforts de Drumont et de ses acolytes, et ne commande pas nécessairement les enchaînements auxquels nous nous sommes « habitués » [Ajouté en août 2010].

[10] Par un abus de langage remontant au temps de la Conquête française (et qui continue aujourd’hui) on a appelé « Arabes » tous les musulmans d’Algérie, quand il s’agissait pour l’essentiel de populations locales islamisées au temps de la conquête arabe (souvent après avoir été d’abord judaïsées puis christianisées), certes arabisées quant à la langue, mais certainement pas devenues « arabes » en un sens strict. Façon de fondre en un seul signifiant les guerriers venus d’Arabie et les populations qui avaient entendu leur message et décidé de le garder, ce qui facilite les identifications fantasmatiques… [Ajouté en août 2010].

[11] « Il (...) s'agit ici (...) de ce qui vit toujours, de ce qui nous est éternellement contemporain dans la plus lointaine histoire », L. Bertrand, Sanguis Martyrum, 1918, prologue — souligné par l'auteur.

[12] Etrange personnage que ce Louis Bertrand (1866-1941), dont l’œuvre abondante est aujourd’hui oubliée : normalien, agrégé de lettres, il abandonnera l’enseignement pour se consacrer religieusement aux Lettres ; auteur d'une thèse intitulée « Fin du classicisme et retour à l'antiquité dans la seconde moitié du XVIII e siècle et les premières années du XIXe siècle en France », dreyfusard convaincu, il finira par évoluer vers la droite de combat et se convertir au catholicisme ; publiciste, il rendra visite à Hitler en 1935 pour s’informer, visite dont il tirera un livre, Hitler (Paris, Fayard, 1936) dans lequel il expose les raisons pour lesquelles la France devrait porter attention aux revendications des Allemands mais déclare ne pas être hitlérien ; converti à un gallicanisme rénové, il se trouvera partager la conviction de Mussolini, à savoir que l’unité de la Méditerranée réside dans son passé latin-romain et que la conquête arabe est une parenthèse refermée… Après sa mort, la guerre d’Algérie ayant éclaté, il deviendra l’ancêtre (très souvent sans qu’ils le sachent) des « ultras » comme on appelait les plus radicaux des partisans de l’Algérie française.

Il est à noter qu’au moment où Louis Bertrand, essayant de faire son deuil de la perte des provinces de l’Est et, en partie influencé par le Félibrige de Frédéric Mistral (auquel appartenait Charles Maurras), propose d’asseoir la nouvelle France sur la « récupération » de certains des territoires conquis par Rome (et le Vatican), prolongeant politiquement et métaphysiquement une généalogie imaginaire déjà bien établie en métropole (chez les républicains, à l’Eglise près, chez les anti-républicains ultramontains et autres nationalistes), nombre d’intellectuels et idéologues allemands s’emploient à parachever la construction de leur contre-généalogie imaginaire, amorcée par les Romantiques : la Grèce et le luthéranisme. Politique, métaphysique et « race » au sens des Nazis (car il est de la vocation d’un Imaginaire de s’incarner) suivraient nécessairement, tout comme les conflits sanglants [Ajouté en août 2010].




Ecrit au soleil © copyright 1982-2010 Richard Zrehen

Aucun commentaire: