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Dalal Mughrabi (1959-1978), infirmière au Liban, était à la tête du commando du Fatah de Y. Arafat fort de 11 personnes (dont une autre femme) qui, après avoir débarqué sur une plage au nord de Tel-Aviv le 11 mars 1978, en provenance du Liban, a mené une série d’opérations en territoire israélien, connue sous le nom de « Massacre de la route côtière ».
Le commando avait abattu Gail Rubin, photographe « naturaliste » américaine, détourné un taxi, tué ses occupants, puis détourné un 1er bus, ayant à son bord des employés de la compagnie de transport Egged et leurs familles, un 2e bus, pareillement chargé, dans lequel il avait transféré les passagers du 1er, et continué son chemin en tirant sur les personnes et véhicules croisés, avec l’intention de jeter le bus chargé d’explosifs sur le parlement israélien. Pris en chasse par une unité de l’armée israélienne, le commando avait changé ses plans et pris la route d’Herzlya, avant d’être bloqué par un barrage à proximité de la ville.
Après avoir proclamé un « Etat palestinien indépendant », Dalal Mughrabi avait déclenché le feu. La fusillade allait durer 12 heures, après quoi Dalal Mughrabi ferait sauter le bus. Plusieurs passagers périrent dans les flammes, d’autres, qui tentaient de fuir, furent abattus par les membres du commando, qui, eux-mêmes, tombèrent sous les tirs israéliens. Dalal Mughrabi fut abattue par Ehud Barak, futur premier ministre. Au total, 37 civils perdirent la vie, dont plusieurs américains et une douzaine d’enfants, et plus de 70 furent blessés.
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3 jours plus tard, sur ordre du premier ministre Menachem Begin, l’armée israélienne lançait une opération contre les bases de l’OLP au sud-Liban (Opération Litani).
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Toujours selon le Jerusalem Post du 10 juillet 2008, Israël a accepté de remettre les restes de Dalal Mughrabi, ainsi que ceux de nombreux Palestiniens et Libanais, au Hezbollah, dans le cadre d’un nouvel échange de « prisonniers ».
En formulant sa requête, l’Autorité palestinienne [qui a donné le nom de lDalal Mughrabi à plusieurs écoles de filles et camps de vacances] a dit vouloir l’« honorer » en organisant ses funérailles en grande pompe à Ramallah.
M. Azzam al-Ahmed, membre important du Fatah, très lié au président de l’Autorité palestinienne, M. Mahmoud Abbas, et vice-Premier ministre du gouvernement d'union nationale (le Premier ministre étant Ismaïl Haniyeh, du Hamas) depuis 2007, a dit de D. Mughrabi, dont la famille est originaire de Jaffa, qu’elle est « la première palestinienne à avoir mené une opération en Israël, et des plus courageuses »… Dans son testament... D. Mughrabi, qui était membre du Fatah, aurait demandé à sa famille de faire en sorte qu’elle puisse être enterrée en ‘‘ Palestine ’’…
Nous voulons faire de ses funérailles une noce (!) nationale, une célébration majeure… L’opération qu’elle a menée au large de Jaffa, sa ville natale, était héroïque et exemplaire. On se souviendra toujours d’elle comme d’un symbole de la lutte des femmes palestiniennes ».
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Sous le titre « Plus qu’une bataille sémantique », T. H. revient dans El-Watan, le 14 juillet 2008, sur la rencontre entre dirigeants israéliens et palestiniens dans le cadre de la conférence d’ouverture de l’Union pour la Méditerranée proposée par le président français, M. Sarkozy.
Extraits :
« Entre Palestiniens et Israéliens il y a toujours un mais, ou encore le mot en moins, mais les derniers sont passés maîtres dans les coups médiatiques.
Ainsi, il en est de leur premier ministre qui déclarait dimanche dernier à Paris, que Palestiniens et Israéliens n’ont jamais été aussi proches d’un accord. Un concept bien vaste, finit-on par se rendre compte, depuis que l’accord d’Oslo a été signé puis tué (!) quelques années plus tard par Israël (!!).
[Le] sommet de l’UPM… s’est conclu par l’adoption d’une déclaration finale d’une dizaine de pages, mais, a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, ''un dernier moment de blocage entre les Israéliens et Palestiniens a fait que le texte doit être encore un peu corrigé… Au dernier moment, nous avons échoué, peut-être à une demi-heure près sur un mot… [qui] concerne ‘l’Etat nation, l’Etat national et démocratique’… ‘National, ça sous-entend toute une difficulté de retour des réfugiés et d’Etat juif ou pas juif, Etat palestinien. Bref, ça n’a pas eu lieu’ ''.
La délégation palestinienne a confirmé ce différend. ‘‘Les Israéliens ont insisté pour inclure la mention ‘Etat pour le peuple juif’, ce à quoi nous nous sommes catégoriquement opposés ’’, a déclaré le ministre palestinien des Affaires étrangères Riyad Al Maliki. ‘‘Il était hors de question pour nous de l’accepter’’… ‘‘Nous aurions souhaité que la déclaration finale sur ce point soit plus claire’’, a renchéri (!) un responsable palestinien parlant sous couvert de l’anonymat (!!). Dans la déclaration publiée à l’issue de la conférence euro-méditerranéenne de Lisbonne, les 5 et 6 novembre derniers, il est écrit que ‘‘ les discussions bilatérales entre Israël et l’Autorité palestinienne doivent préparer le terrain (...) pour deux Etats nationaux ’’. Le 27 novembre dernier, à Annapolis, en revanche, il n’est fait mention que de ‘‘ l’objectif de parvenir à deux Etats, Israël et la Palestine ’’.
Ce n’est pas une simple bataille sémantique… Ses enjeux sont énormes. Ils renvoient à la notion d’Etat avec sa continuité géographique et politique, ses frontières telles que reconnues par les instances internationales et en aucun cas comme celles qu’Israël entend définir de manière unilatérale. C’est la souveraineté palestinienne sur l’ensemble (!) de son territoire ainsi que ses ressources, dont l’eau devenue un motif de guerre (!!), le droit de disposer d’une force militaire (!!!), et surtout dans ce lot d’interrogations et de revendications, le droit des réfugiés palestiniens au retour (!!!!)…
Cela tient peut-être à quelques mots, il est vrai, mais leur signification est déterminante pour le futur Etat palestinien »…
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Sources :
Khaled Abu Toameh, PA wants 'festive' funeral for coastal road killer », Jerusalem Post, 10 juillet 2008.
A Sabbath of Terror », Time, 20 mars 1978.
Illustrations :
Colonne brisée, copyright Patrick Jelin.
Les marches de Socrate, copyright Patrick Jelin.
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