Le 12 juillet 2006, quelques heures après le kidnapping, à la frontière nord d’Israël, de 2 réservistes israéliens, Eldad Regev et Ehud Goldwasser, par le Hezbollah, son chef, le Sheikh Hassan Nasrallah, intervient en direct sur Al Manar TV et déclare, notamment : « … Je remercie Dieu pour la victoire, le jihad et les résultats… Aujourd’hui est un jour de loyauté envers Samir Kuntar et le reste des prisonniers libanais en Israël… Regev et Goldwasser sont en sécurité et ne seront libérés qu’en échange de tous les prisonniers libanais et de milliers de prisonniers en Israël… »
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Samir Kuntar ?
Samir Kuntar, « libanais d’origine druze de la montagne libanaise, [qui] s’est engagé, à l’âge de 16 ans, dans la lutte de libération… [et] est parti, avec ses compagnons palestiniens, vers la Palestine occupée, en 1978 [!], pour prendre des otages et les échanger contre la libération de combattants faits prisonniers par Israël… », selon nasr-moqawama.blogspot.com [« dédié à tous les peuples arabes en lutte pour leur Liberté »] du 19 juillet 2008.
Samir Kuntar qui, à la tête d’un commando arrivé par mer du Liban, « a attaqué un groupe d’immeubles à Nahariha en 1979, tuant un père et sa fille (cette dernière en lui fracassant le crâne)… », selon BBC News (27 juillet 2006), emprisonné à vie, depuis, en Israël.
– Selon Craig S. Smith, écrivant dans le New York Times (16 juillet 2008), « le raid a horriblement (!) mal tourné (!!), avec 5 morts, une communauté terrorisée et une nation traumatisée. Deux enfants israéliens et leur père sont au nombre des morts… »
Le 27 juillet 2006, le Wall Street Journal rapporte le témoignage de Smadar Haran Kaiser, qui a survécu à l’attaque du 22 avril 1979.
Extraits :
« Ca avait été un chabat paisible. Mon mari, Danny [28 ans] et moi avions pique-niqué avec nos 2 petites filles, Einat, 4 ans, et Yael, 2 ans, sur une plage proche de notre immeuble à Naharya, sur la côte au nord d’Israël, à 10 km de la frontière libanaise.
Vers minuit, tout le monde dormait dans l’appartement… Des coups de feu et l’explosion de grenades nous ont réveillé au moment où [des] terroristes faisaient irruption dans notre immeuble…
Je les entendais à l’étage au-dessus… J’ai ouvert la porte [et] avant que la lumière du hall ne s’éteigne, ils se sont retournés et ils m’ont vue… A ce moment, notre voisine du dessus a dégringolé l’escalier. Je l’ai attrapée, je l’ai poussée dans l’appartement et j’ai claqué la porte.
On entendait les hommes dehors. On a cherché désespérément à se cacher. Danny a aidé la voisine à grimper dans un petit espace aménagé dans le plafond de notre chambre à coucher, et je l’ai suivie avec Yael dans mes bras. Ensuite, Danny a attrapé Einat et fonçait vers la porte pour courir à l’abri souterrain quand les terroristes ont défoncé la porte.
[Certains] maintenaient Danny et Einat pendant que [d’autres] nous cherchaient... en tirant et en lançant des grenades. J’étais sûre que si Yael se mettait à crier, [ils] lanceraient une grenade dans notre cachette et que nous mourrions toutes. Alors, j’ai mis ma main sur sa bouche, en espérant qu’elle pourrait quand même respirer... Je me souvenais de ce que m’avait dit ma mère, comment elle s’était cachée des Nazis pendant [la guerre]…
Comme la police arrivait, les terroristes ont emmené Danny et Einat sur la plage. Des témoins m’ont dit que l’un d’entre eux avait tué Danny devant Einat… Puis il avait fracassé le crâne de ma petite fille sur un rocher avec la crosse de son arme… [C’était] Samir Kuntar.
Quand, plusieurs heures après, on est venu nous sortir de notre espace confiné, Yael aussi était morte. En essayant de sauver nos vies, je l’avais étouffée… »
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Le lendemain, le cerveau de l’opération, Abu Abbas [aka Muhammad Zaydan, fondateur en 1977 du Front de Libération de la Palestine, organisation membre de l’OLP de Y. Arafat] déclarait depuis Beyrouth que l’attaque de Naharya avait été menée pour protester contre la signature, en 1978 à camp David, du traité de paix entre Israël et l’Egypte…
En 1985, le même Abu Abbas orchestrerait le détournement du Achille Lauro, bateau de croisière italien, au cours du duquel un retraité handicapé, américain et juif, Leon Klinghoffer, serait abattu et jeté à la mer dans son fauteuil roulant, dans le but d’obtenir la libération de Samir Kuntar…
- Arrêté par les Forces américaines le 15 avril 2003 en Irak où Saddam Hussein l’avait accueilli, Abu Abbas y est mort en prison, de « mort naturelle » selon le communiqué du Pentagone, le 8 mars 2004. Il repose au Cimetière des Martyrs, à Damas.
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Le 16 juillet 2008, le Jerusalem Post rapporte que « le président [de l’Autorité Palestinienne] Mahmoud Abbas a adressé ce jour ses félicitations à la famille de Samir Kuntar et aux familles des autres prisonniers libanais devant être remis au Hezbollah… [Il] s’est félicité de l’échange de prisonniers (!) [entre Israël et le Hezbollah] et a congratulé la famille Kuntar… »
[Les corps [mutilés au point de rendre leur identification difficile] des 2 soldats isaréliens, Ehud Goldwasser and Eldad Regev, ont été restitués à Israël le 16 juillet 2008, dans le cadre de l’échange, précise une dépêche de l’AFP].
Le 17 juillet 2008, dans El Watan, T. H. revient longuement [et assez librement] sur l’affaire…
Extraits :
« Décidément, les héros ne meurent jamais. Un échange de prisonniers et de dépouilles, hier, entre Israël et le mouvement libanais Hezbollah en a donné la preuve, tout en rappelant certaines pages sombres de l’histoire du proche-orient.
Qui se souvient, en effet, de Kamel Adwane [l’un des dirigeants de l’OLP tués au cours de l’opération « Spring of Youth » menée au Liban à dans la nuit du 9 au 10 avril 1973], assassiné par Ehud Barak [qui avait participé à l’opération déguisé en femme], celui-là même qui allait devenir premier ministre israélien ? Ou de Dalal al Moghribi, celle qui allait justement venger cet assassinat en menant une héroïques [sic] opération à Tel-Aviv ? Dalal al Moghribi s’est tout simplement [!] emparé [re-sic] en 1978 d’un bus militaire [!!] israélien. Ou encore de Samir Kantar, certainement le plus ancien détenu du monde depuis la libération de Nelson Mandéla [!!!]…
L’enlèvement des deux Israéliens, le 12 juillet 2006 à la frontière libanaise, avait déclenché une offensive israélienne de 34 jours où 1200 personnes ont [sic] été tuées côté libanais, pour la plupart des civils, et 160 côté israélien, essentiellement des soldats. Le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, avait laissé entendre que les deux soldats étaient morts mais le Hezbollah n’avait jamais donné d’information quant à leur sort….
Le responsable du Hezbollah chargé des dossiers des prisonniers, Wafik Safa, a indiqué à la chaîne du mouvement chiite, Al Manar, que parmi les 12 dépouilles [remises au Hezbollah par Israël] figurent celles de huit combattants du Hezbollah tués lors de la guerre avec Israël en juillet-août 2006. Selon lui, les quatre autres dépouilles sont celles de Dalal al-Moghrabi et trois de ses compagnons qui avaient mené en 1978, une opération spectaculaire en territoire israélien qui avait fait 36 morts…
Israël doit aussi libérer cinq Libanais qu’il détient, toujours dans le cadre de cet échange.
Parmi les Libanais qui doivent être libérés figure Samir Kantar, du Front de libération de Palestine (FLP), condamné en 1980 à cinq peines de prison à vie et 47 ans additionnels. En 1979, Kantar avait tué dans le nord d’Israël un policier [Eliahu Shahar], pris en otage un civil israélien qu’il avait abattu, puis tué [!] la fille de ce dernier. Les autres prisonniers sont Khodr Zaidane, Maher Kourani, Mohammad Sorour et Hussein Sleimane. Ils avaient été capturés lors de la guerre de l’été 2006.
Contrastant avec l’atmosphère sombre en Israël, la joie était visible au Liban. La journée d’hier a été décrété ‘‘journée fériée’’ par le gouvernement et le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui devait prononcer un discours.
‘‘Le Liban verse des larmes de joie, Israël verse des larmes de douleur’’, clame, triomphalement, une banderole géante déployée près de la frontière…
Une page se tourne, mais rien n’est terminé. Les Palestiniens le savent trop bien… »
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Le 18 juillet 2008, le Daily Star rapporte les propos de Samir Kuntar, au lendemain de sa libération.
Extraits :
« Quiconque pense que la libération des fermes de Shebaa [petite bande de terre de 22 km2 située à la frontière entre le Liban et le Holan, considérée comme territoire syrien par l’ONU] mettrait un terme à la résistance se trompe… Même si nous laissons les Israéliens tranquilles, eux, ils ne nous oublieront pas… regardez comment ils traitent ceux qui ont signé des traités avec eux [!]… Regardez ce qu’ils ont fait au… président Arafat… » - ici le Daily Star remarque : « [Samir Kontar] blâme, indirectement, Israël pour la mort du dirigeant palestinien en novembre 2004… »
Plus tôt dans la journée, à son arrivée dans sa ville natale, Samir Kuntar [l’orthographe de ce nom varie selon les sources] avait déclaré : « Pas un seul jour, je n’ai regretté ce que j’ai fait… Au contraire… Je reste dévoué à mes convictions [!] politiques [!!]… »
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« Kontar a été reçu en héros dans sa ville natale », poursuit le Daily Star, qui précise que de nombreux habitants du village [Aabey, au sud-est de Beyrouth] et des environs sont venus au meeting pour le rencontrer. « Nous sommes très heureux en ce beau jour ; c’est une victoire [!] pour le Liban [!!] et pour la résistance nationale [!!!] », dit Yusra Khaddaj, 39 ans, qui se tient avec ses 3 petites filles sur la route qui conduit à Aabey » « Samir Kontar est le fils de tous les Libanais… »
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Le 19 juillet 2008, nasr-moqawama.blogspot.com [« dédié à tous les peuples arabes en lutte pour leur Liberté »] rapporte d’autres propos tenus par Samir Kuntar à la télévision al-Manar, au lendemain de sa libération… « Je ne comprends pas cet état d’esprit chez les Arabes disant qu’ils sont solidaires de la Palestine, comme si la Palestine était une cause lointaine avec laquelle [sic] ils sont solidaires. Je comprends cela quand les Européens le disent, mais pour les Arabes, c’est leur propre cause. Il est de leur devoir de participer à la lutte pour libérer la Palestine… »
Et de commenter : « C’est tout cela que l’opération al-Radwane [« Al-Radwane, c’est le nom de guerre du dirigeant martyr du Hezbollah, Imad Mughnieh, assassiné au mois de février 2008, par les services de renseignements israéliens et d’autres »]. a libéré, cet état d’esprit, cet enthousiasme, ce sentiment de devoir envers la Palestine et les Palestiniens que les Arabes doivent avoir, tout ce que les voix serviles arabes ont voulu étouffer pendant ces longues années, prétendant que la libération de la Palestine est du devoir des seuls Palestiniens, justifiant leur propre défaite en regardant l’impuissance des Palestiniens à faire face, tous seuls, à l’alliance américano-européano-sioniste… »
Le 20 juillet 2008, Al Jazeera organise une fête pour l’anniversaire de Samir Kuntar [http://www.memritv.org/clip/en/1818.htm] …
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Sources :
James Taranto, « Palestinian Courage », Wall Street Journal, 16 juillet 2008.
Paul Reynolds, « Middle East crisis : Future scenarios », BBC News, 27 juillet 2006.
James Taranto, « BB ‘C’ No Evil », Wall Street Journal, 27 juillet 2006.
Craig S. Smith, « Hero’s Welcome Expected in Lebanon for Captive of Israel », New York Times, 16 juillet 2008.
Smadar Haran Kaiser, « Prosecute Abu Abbas », www.aish.com, 25 mai 2003.
JPost.com Staff, « Abbas congratulates family of Samir Kuntar », Jerusalem Post, 16 juillet 2008.
T. H., « Hezbollah-Israël » El Watan, « le quotidien indépendant », 17 juillet 2008.
Hussein Abdallah and Maher Zeineddine, « Nation unites for heroes' homecomings, », Daily Star, 18 juillet 2008.
Cirepal – Centre d’Information sur la résistance en Palestine ,« Al-Radwane : l’opération qui a traîné Israël dans la boue », nasr-moqawama.blogspot.com [« dédié à tous les peuples arabes en lutte pour leur Liberté »], 19 juillet 2008.
Allahpundit, « Al Jazeera throws birthday party for freed Hezbollah child-killer », Hot Air, 23 juillet 2008.
« Al-Jazeera TV Throws a Birthday Party for Released Lebanese Terrorist Samir Al-Quntar », memritv.org, 19 juillet 2008.
Illustrations :
Agile, copyright Patrick Jelin.
Dame de cœur, copyright Dominique Fury.
Mer de Galilée, copyright Patrick Jelin.
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