lundi 12 avril 2010

San Antonio : auto-portraits (technique mixte) 1


Les 18, 19 et 20 mars 2010, s’est tenu à La Sorbonne, sous la direction de Françoise Rullier-Theuret, un Colloque International intitulé « San-Antonio et la culture française » [voir, dans cet espace, « San-Antonio : une figure de désir », mis en ligne le 30 octobre 2009] réunissant des universitaires de plusieurs pays, des membres de la Société des Amis de San-Antonio et des chercheurs indépendants.

Ma communication paraitra, écourtée, dans les actes du Colloque. On trouvera ci-dessous la version longue, condensé d’un livre en cours.

*

Voici les trois propositions que je vais essayer de soutenir :

- que les principaux personnages de San-Antonio se sont imposés à Frédéric Dard plus qu'il ne les a choisis ;

- que Frédéric Dard n'aime pas son « héros », qu'il a longtemps pris ombrage de son succès et qu'il a tenté, vainement, de s'en distinguer ;

- que le succès des romans signés San-Antonio doit beaucoup au talent de celui qui tient la plume, encore plus au contexte historique dans lequel ils apparaissent et à la condition métaphysique du public qui a assuré ce succès.


I.- Personnages obstinés en quête d'auteur réticent


« … Je ne demande point de protection pour ce livre : on le lira, s’il est bon ; et, s’il est mauvais, je ne me soucie pas qu’on le lise […]

Mais c’est à condition que je ne serai pas connu : car, si l’on vient à savoir mon nom, dès ce moment, je me tais. Je connais une femme qui marche assez bien, mais qui boite dès qu’on la regarde. C’est assez des défauts de l’ouvrage sans que je présente encore à la critique ceux de ma personne. Si l’on savoit qui je suis, on diroit : ‘‘Son livre jure avec son caractère, il devroit employer son temps à quelque chose de mieux, cela n’est pas digne d’un homme grave.’’ »

Montesquieu, Lettres Persanes, Introduction (1721)


Les personnages qui peuplent l'univers du commissaire San-Antonio ne nous ont pas été livrés en une fois, on le sait ; mais ils sont apparus dans un ordre qui ne va pas de soi, pouvant faire penser qu'ils sont moins la conséquence d'un calcul que la manifestation d'une nécessité, dont on essaie plus bas de préciser la nature.

a) Mama's boy

En 1949, paraît chez un petit éditeur lyonnais, la première des « révélations de San-Antonio », « adaptée par Frédéric Dard », Réglez-lui son compte, traduction supposée d’un original (anglais ? américain ?) intitulé Kill him.

Dès les premières pages, il est répondu à une question que le lecteur ne se pose pas nécessairement – l’un des plus fameux héros de Dashiell Hammett, par exemple, le Continental Op révélé en 1923, est anonyme et ne livre aucun des (faux-)noms derrière lesquels il se cache, sans que cela n’ait jamais arrêté personne :

« Et d'abord vous vous dites : ‘‘Pourquoi se fait-il appeler San-Antonio ?’’

Eh bien, je vais vous répondre. Lorsqu'un type dans mon genre écrit ses mémoires, après avoir exercé pendant quinze ans le plus dangereux de tous les métiers, c'est qu'il en en a gros comme l'Himalaya à raconter ; en conséquence, il ne peut s'offrir le luxe de faire clicher son bulletin de naissance sur la page de couverture.

Mon nom importe peu. Du reste, il n'y a pas dix personnes au monde qui connaissent ma véritable identité. Et ceux qui ont essayé d'en apprendre trop long sur la question ressemblaient davantage à une demi-livre de pâté de foie qu'à Tyrone Power après que je leur aie [sic] eu conseillé de cesser les recherches.

Vous saisissez ? » [1].


Et ce personnage, désireux de préserver son anonymat, en dit pourtant assez sur lui-même pour que nous puissions commencer à nous le représenter :

Tout en muscles (peu de cervelle ?), casse-cou, bravache, au bagout que lui envierait tout forain exerçant devant un grand magasin parisien, amateur de nourritures consistantes, de vins et de ces spiritueux canailles[2] qu'affectionnent les travailleurs de force, consommateur compulsif de femmes, toujours en chaleur, dont il ne s’encombre pas et à qui il ne réussit pas (elles meurent volontiers de mort très violente), ce pittoresque (!) membre des Services Secrets, entré fort jeune dans la Carrière[3], qui a bonne opinion de lui-même[4], n’est ni un sentimental[5] ni un intellectuel[6] et fait irrésistiblement penser au Lemmy Caution de Peter Cheney, personnifié par Eddie Constantine dans les films de Bernard Borderie ; la quarantaine approchant, cet affranchi[7] vit toujours chez sa maman :

« Félicie, pour tout vous expliquer, c'est ma mère. Une bonne vieille, pas du tout le genre ruine, mais pas non plus la tête de Lady qu'on voit sur les bouteilles de Marie Brizard. Une tête de chic vieille maman de chez nous, vous voyez ce que je veux dire ? »[8].

Et ce semi-rustre quelque peu prétentieux est coquet comme un séducteur de guinguette :

« En grommelant, je prends mon bain. Puis je m'habille. Je mets une chemise bleue [sic] pervenche avec une cravate jaune pâle et un costume de flanelle bleu roi. Si vous pouviez me voir, ainsi sapé, vous téléphoneriez aussitôt à tous les tailleurs de France pour essayer de dégoter le même ensemble.

Je mets un peu de parfum sur mes revers. C'est un machin assez subtil qui s'appelle Vitalité. Lorsque je le renifle, je pense à des trucs tout à fait romantiques »[9].


b) Esquisses

Au premier plan, San-Antonio-le-magnifique en pied, au second plan, « une tête de chic vieille maman de chez nous ». Le fond est sombre, mais on devine des silhouettes.

La première, une ébauche de celui qui deviendra « le Vieux », le chef de la police de Marseille :

« Un instant plus tard, je suis introduit dans le cabinet du grand patron. Ils me plaisent tous les deux : le bureau parce qu'il est clair, le patron parce qu'il n'a pas l'air m'as-tu-vu. C'est un grand type maigre qui ressemble à Anthony Eden[10]. Il se lève, fait le tour de son bureau, et me serre chaleureusement la main.

– C'est vous San-Antonio ?

– Tout me porte à le croire, chef.

Il sourit. Voilà au moins un bonhomme qui aime le parler relâché.

– J'ai beaucoup entendu parler de vous... »[11].

La deuxième, nettement plus floue, est un proto-Bérurier, plutôt fragmenté :

« Au moment où je pénètre dans le bureau de Favelli, celui-ci est en train de questionner un prévenu. Je me rends compte que mon collègue n'est pas un garçon absolument patient, car il flanque autant de beignes sur le museau de son client qu'il y a de virgules dans ce livre... »[12].


« Me revoilà en France, à Paname !...

Tout à l'heure, lorsque Félicie aura repassé ma chemise, j'irai boire l'apéro au Dauphin avec quelques-uns de mes collègues. J'ai justement une revanche à prendre au 421 avec le commissaire Berliat »[13].

c) Stabilisation du bâti

On le sait bien, à la différence d'un psychanalyste qui, selon Jacques Lacan, ne s'autorise que de lui-même pour proposer à un libre contractant de l'amener à découvrir les figures dans lesquelles se cache/se manifeste la force qui contraint sa parole et ses actes, la loi singulière qui le régit, afin qu'il puisse éventuellement s'en débrouiller, – un fonctionnaire[14] doit se faire agréer pour représenter la loi qui s'impose à tous et, à l'occasion, l'appliquer à des sujets qui ne sont pas libres de l'ignorer. Les contours du « chef » ne pouvaient donc manquer de se préciser.

D'abord en enchaînant directement sur le chef de la police de Marseille, si impressionné par San-Antonio[15], occasion de gagner une caractéristique majeure, la distinction :

« San-Antonio, murmure [le chef] j'ai beaucoup d'amitié, d'affection même pour vous. C'est pourquoi je suis peiné de vous charger d'une pareille besogne. Mais j'ai aussi une totale confiance en vous, et c'est à cause de cela que je vous demande de l'exécuter...

Comment qu'il s'exprime, le big boss aujourd'hui ! Est-ce qu'il mijoterait pas, par hasard, de poser sa candidature à l'Académie Française ? »[16].


« Le chef caresse encore son crâne aussi chevelu qu'un boîtier de montre.

… ce n'est pas par un type de mon équipe que je fais liquider Wolf : c'est par un homme à la hauteur des circonstances. Or il se trouve que cet homme se nomme San-Antonio et qu'il travaille dans mes services... »[17].

Puis en faisant un pas vers l'individuation :

« J'entre dans la brasserie du coin pour y manger un sandwich... la première personne que j'y rencontre, c'est justement Wolf...

– Salut, dit-il.

Je lui réponds :

– Salut.

– Tu viens de chez le vieux ?

– Oui »[18].


« Boudiné dans mon pantalon trop étroit, j'entre dans une cabine téléphonique et je fais le numéro du vieux »[19].

La majuscule, le « nom propre » par conséquent, non le surnom, est encore à venir.

d) Intrusion ?

Quatre ans après la première aventure, on a donc au premier plan, le « chef », debout, qui commence à occuper l'espace ; San-Antonio, l'« homme à la hauteur des circonstances » est assis ; l'étiquette ne le veut pas mais le lien de subordination assumé l'appelle ; au second plan, Félicie, la « vieille maman de chez nous ». Le fond est encore sombre, mais les silhouettes se précisent.

Le personnage de Bérurier va bientôt apparaître, « rassemblé » ; en bordure, toutefois :

« … J'étais en train de tirer une bordée à Pantruche, dans un coinceteau de Montmartre qui s'appelle La Perlouze. On était quelques potes de la grande boîte qui arrosions la médaille d'un ami... L'ami, pour tout vous casser, c'est Bérurier, cette grosse enflure de Bérurier, qui a été sacré héros national parce qu'il a pris un pruneau dans les côtelettes en poursuivant les assaillants du consul de Patagonie.

Bon... On était au champe. Le gros Bérurier était sur le point d'en pousser une... C'est toujours le moment que je choisis dans ces circonstances-là pour me prendre par la main et m'emmener faire un tour... »[20].

Position marginale confirmée un peu plus loin :

« Je me casse et descends à l'étage inférieur.

Je tombe pile sur le gros Bérurier.

- A vous alors ! Tonne-t-il, vous avez des façons de vous débiner lorsqu'on vous invite !

- Calme-toi, gros lard... Je te promets de rester jusqu'aux liqueurs lorsqu'on te cloquera la Légion d'honneur.

Son visage s'épanouit. Il est mégalomane comme un Arabe, Bérurier.

- On va boire un verre ?

- Pas le temps »[21].

Au passage, le « vieux », toujours sans majuscule, gagne en « matière » :

« Vous prenez un cigare ?

Lorsque le grand patron vous pose cette question, c'est comme si Napoléon vous pinçait l'oreille...

– Volontiers, boss »[22].

L'on apprend aussi que San-Antonio n'aime pas les invertis, ce qui est assez cohérent avec son genre « populo-macho » :

« Je me méfie d'instinct des hommes que je ne connais pas et qui me sourient, car je redoute que ce soit [sic] des types de la pédale. Chaque fois qu'un de ces messieurs-dames m'a déclaré que j'étais son genre de beauté, je lui ai mis le portrait dans un tel état que même aux Puces il aurait pas trouvé à le vendre »[23].

e) Première mise en place

- Cette même année, 1953, Bérurier va graduellement se rapprocher du commissaire et du centre du tableau :

« Je suis assis avec Bérurier dans la vieille Matford[24] de ce dernier. Bérurier, c'est la grosse gonfle pas bileuse, bonne pour les massages au plexus solaire des gangsters. Je l'ai réquisitionné parce que la partie est mahousse comme un champignon atomique et que si jamais je la rate, faudra que je fasse le grand tour pour traverser Paris, because il y aura du chahut à la maison poulmann »[25].

« Dans l'encadrement de la porte, je découvre Bérurier, le gros Bérurier des familles. Sa chemise sort un peu de son pantalon ; il a le chapeau de travers, la cravate dénouée, des gouttes de sueur sur les joues, un révolver fumant à la main...

Je crois que je m'annonce comme le soleil, dit-il.

Mieux que ça encore, je lui réponds : comme le bon Dieu...

Il souffle sur le canon de son feu qui n'en finit pas de fumer...

J'ai bien cru t'avoir paumé ! »[26].

- L'année suivante, le « vieux » va enfin devenir le Vieux et, du même coup, gagner une « épaisseur » inattendue, l'omni-vigilance/disponibilité qui lui est prêtée – caractéristique d'une quasi-divinité (païenne ?) dotée d'un « nom secret », puisque son « véritable » état-civil reste soigneusement dissimulé , amenant de plus à apprécier autrement son impassibilité et sa froideur lorsqu'il donne les ordres les plus impitoyables :

« Je crois vous avoir dit par ailleurs qu'avec le Vieux, ce qu'il y a de bien, c'est qu'il ne décarre pas de son burlingue. Quelle que soit l'heure à laquelle vous le sonnez, il est toujours au bout du fil »»[27].

Quant à Bérurier, il va se rapprocher affectivement du commissaire :

« Te casses pas le bol, bonhomme, dis-je pour le calmer, tu risques rien, les gonzesses font toujours le contraire de ce qu'elles promettent. Quand tu leur demandes leur cœur, elles t'offrent leurs fesses, et ''lycée de Versailles'', comme dit mon copain Bérurier »[28].

Au bout de cinq ans, la composition semble donc avoir trouvé un équilibre : au premier plan, de gauche à droite, le Vieux, debout, plein de la dignité de sa fonction ; le commissaire, assis, un cigare dépassant légèrement de sa poche-poitrine, le regard conquérant ; assis lui aussi, mais légèrement en retrait, Bérurier, son subordonné et complice en maltraitance de langue, le visage rubicond ; au deuxième plan, Félicie, en demi-teinte, un peu penchée sur son fils. Le fond est moins sombre, l'on reconnaît une photo officielle accrochée à mi hauteur.

Et pourtant, l'espace n'est pas plein...



A suivre…


Notes

[1] San-Antonio, Réglez-lui son compte (1949), Fleuve Noir, 1981, p. 11 – je souligne.

[2] « Je sonne le garçon d'étage, et je lui dis de m'amener [sic] une bouteille de cognac. Car, excepté mon double-pastis, je n'ai avalé, depuis ce matin, qu'une furieuse ration de kilomètres, et je trouve qu'en fait de vitamines, c'est un peu mince. Ce bovidé m'apporte une mixture qui tient du vernis à ongles et de la lotion capillaire… », Ibid., p. 19.

[3] « Un jour, en Amérique, du côté de Los Angeles, au temps où j'appartenais à une agence de police privée, je me suis vu avec le canon d'une mitraillette dûment chargée sur la poitrine et le type qui était de l'autre côté de la mitraillette appuyait à fond sur la détente, je vous l'assure. Eh bien, le coup n'est pas parti, parce que ce croquant-là avait oublié, dans sa hâte de me transformer en engrais azoté, de lever le système de sûreté. A priori, on pourrait croire que ce genre de truc n'existe que dans les films de Gary Cooper ou de Laurel et Hardy, mais vous voyez qu'il n'en est rien… », Ibid., p. 87 – Los Angeles est la ville de Philip Marlowe, le héros de Raymond Chandler, mais l’appartenance à une agence de police privée est à la fois le passé de Dashiell Hammett et le fait de son Continental Op.

[4] « Elle [Else, espionne] a l'air complètement cinoquée.

San-Antonio, balbutie-t-elle, vous êtes le type le plus extraordinaire que j'aie jamais rencontré.

Ne te fatigue pas, ma chérie, tu n'es pas la première qui me dit cela, et si je te racontais par où je suis passé dans ma chienne de vie, tu écrirais un bouquin gros comme ça et ce serait le best-seller de l'année.

Mais passons… », Ibid., p. 183 – je souligne.

[5] « … Je connais à fond la question.

Sur les femmes, je pourrais vous en écrire si long qu'un rouleau de papier peint ne me suffirait pas.

Mais je ne suis pas de l'Académie française, et le blablabla psychologique n'est pas mon fort. Je vous assure que chez nous, aux Services secrets, nous ne passons pas notre temps à lire des romans à la réglisse. Pour nous chanter le couplet sentimental il faut se lever de bonne heure, ça je vous le dis ; et il serait plus facile de charmer un ménage de crocodiles avec des boniments de midinette que de nous faire tomber en pâmoison avec des histoires de clair de lune.

Les petites mômes, c'est bien joli, mais moins on y attache d'importance mieux ça vaut. Surtout lorsqu'on pratique une profession où il y a plus de morceaux de plomb à gagner que de coquetiers en buis sculpté… », Ibid., p. 12 – je souligne.

[6] « II n'y a pas besoin d'avoir fait ses études à la Sorbonne pour comprendre que, dans le cas qui m'intéresse, la seule chose intelligente à faire, c'est d'aller fouiner du côté de la rue Paradis… », Ibid. p. 23 – je souligne.

[7] « Je n'ai que trente-huit ans et je connais plus de trucs que Mathusalem… », Ibid. p. 33 – San-Antonio serait donc né en 1911, et aurait quitté son agence de police privée californienne vers 1934, à l’âge de 23 ans, pour entrer dans les Services Secrets...

[8] Ibid., p. 13 – je souligne.

[9] Ibid., p. 108.

[10] « Sir Robert Anthony Eden (1897-1977), 3 fois ministre des Affaires étrangères du Royaume-Uni, Premier ministre (conservateur) du 7 avril 1955 au 9 janvier 1957 ; il démissionnera peu après la crise de Suez, et sera élevé à la pairie sous le nom de Comte d'Avon en 1961 », d'après Wikipedia, fr.wikipedia.org/wiki/Anthony_Eden. « Il incarnait à la perfection le gentleman britannique par son allure distinguée (costumes, chapeau et parapluie...), idem – je souligne.

[11] Ibid. pp. 15-16 – je souligne.

[12] Ibid., p. 116 – je souligne. A rapprocher de :

« – Vous devez avoir raison, dit-il.

Cette réticence vous montre le degré de prudence des mecs du Yard : ne jamais s'avancer sans preuves absolues, telle est leur devise. Elle n'est pas mauvaise, notez bien et je connais des gars de chez nous qui feraient bien de s'en inspirer. Bérurier par exemple : lui, dès qu'il voit un mec étranger à la maison poulet dans nos locaux, il lui bille dessus pour le faire avouer. Un jour, ça a failli lui coûter cher. Avisant un zig assis dans la salle où les accusés font antichambre il l'a passé à tabac d'autor. Tout ce que le pauvre mec a avoué c'est qu'il était le beau-frère d'un juge d'instruction venu rendre visite à son parent ! Pour vous dire... », San-Antonio, J'ai bien l'honneur... de vous buter, Fleuve Noir n° 67, 1955, p. 175 – je souligne.

Le passage à tabac est certainement une tradition longtemps honorée dans les commissariats de la République mais, même dans les années 1950, s'y livrer pouvait entraînait la révocation immédiate du fonctionnaire concerné, aussitôt que la chose était sue et, bien sûr, des poursuites pénales ; de plus, il est à remarquer que l'évocation de cette répréhensible pratique comme courante semble plus relever du point de vue de quelqu'un qui serait du mauvais côté du manche que de celui d'un « policier ».

[13] Ibid., p. 246 – je souligne. Dans le roman qui suit, Berliat devient Berliet :

« Mon copain s'approche de moi.

– Alors, tu te laisses faire des cartons, maintenant ?

Il a sa tête des grands jours. Son crâne somptueux brille doucement à la lumière. Son grand pif est frémissant et dans ses yeux bleus, calmes et scrutateurs, brille une petite lueur de curiosité. Sans doute Berliet ne comprend-il pas comment San-Antonio, l'as des as, s'est laissé posséder », San-Antonio, Laissez tomber la fille, Fleuve Noir n°11, 1950, p. 12. Notons que « Berliet » pourrait ressembler à Frédéric Dard...

[14] « San-Antonio est un mec réglo. Mon job a toujours été de bosser pour le gouvernement français. Je n'ai jamais travaillé à mon compte, ni pour le compte d'une boîte autre que celle dont la devise est : Liberté, Egalité, Fraternité. Quand je me suis aperçu que la pauvre Marianne l'avait dans le baigneur, j'ai demandé à mes chefs de me mettre en disponibilité et je me suis retiré dans ma crèche de Neuilly », Ibid., 1950, pp. 7-8 – je souligne. Voir ici-même, note n° 3.

[15] « Extraordinaire, murmure le directeur de la police de Marseille, vous êtes un homme de légende », San-Antonio, Réglez-lui son compte, op. cit., p. 59.

[16] San-Antonio, Des dragées sans baptême, Fleuve Noir n° 38, 1953, pp. 12-13 – je souligne.

[17] Ibid., p. 15 – je souligne.

[18] Ibid., p. 16 – je souligne.

[19] Ibid., p. 131 – je souligne.

[20] San-Antonio, Des clientes pour la morgue, Fleuve Noir n° 40, 1953, pp, 10-11 – je souligne.

[21] Ibid., p. 65 – je souligne.

[22] Ibid., p. 217 – je souligne.

[23] Ibid., p. 107 – qu'il s'agisse de son « vrai nom » (voir, ici-même, note n° 1) ou de son orientation sexuelle, on note que le Commissaire réagit pareillement. – La question de l’ « identité » du signataire doit donc s’entendre en plus d’un sens… Et cette phobie, car c’en est une, peut jouer des tours au policier qui en est affecté… Dans Rue des Macchabées, on peut lire l’échange suivant :

« Vous êtes un parent de M. Balmin ?

Il secoue sa tête bouclée.

Non, dit-elle, je suis un ami...

Il faut de tout pour faire un monde, d'après Félicie. Ça, je l'admets volontiers... Pour que l'univers continue de tourner rond, il doit y avoir des flics, des p......, des braves gens, des cousins Hector, des vieux antiquaires et des poupées comme celle-ci, n'empêche que j'ai une sainte horreur des messieurs-dames. Une horreur physique...

Un ami ou sa femme ? je questionne à brûle pourpoint.

Nouveau petit geste effarouché de la gonzesse.

Mais les fiotes aiment qu'on les secoue un peu.

Oh ! Monsieur l'inspecteur ! minaude-t-il.

Commissaire, je rectifie... Je suis mégalomane à mes heures... », San-Antonio, Rue des Macchabées, Fleuve Noir n° 57, 1954, p. 34 – je souligne. En l’occurrence, il s’agit d’une femme jouant d’autant mieux le rôle de celui qu’elle a assassiné que le commissaire est (trop ?) sur ses gardes pour pouvoir soupçonner la supercherie…

[24] Matford : marque automobile française née du rapprochement entre le constructeur alsacien Mathis et Ford-France en 1934.

[25] San-Antonio, Descendez-le à la prochaine, Fleuve Noir n° 43, 1953, p. 192 – je souligne.

[26] Ibid., p. 210 – je souligne.

[27] San-Antonio, Passez-moi la Joconde, Fleuve Noir n° 48, 1954, p. 24 – je souligne. Il est aussi à noter que, assez cryptiquement, du Vieux, San-Antonio dira bientôt : « Cet homme, je le connais comme si je l'avais trouvé à côté de moi dans mon berceau le jour où j'ai ouvert les yeux », San-Antonio, Sérénade pour une souris défunte, Fleuve Noir n° 52, 1954, pp. 65-66 – je souligne.

Pourtant, à propos de Bérurier, on pourra encore lire ceci dans un roman postérieur :

« Je sors et manque m'étaler dans le couloir parce que mon collègue, le gros Bérurier, comme par hasard, relaçait ses lattes devant la lourde du Vieux. Il relace toujours ses pompes devant une porte par laquelle s'échappent des éclats de voix. C'est une manie chez cette gonfle !

Il balbutie :

– Ca ne va pas, collègue ?

– Ca va admirablement bien, dis-je, en ricanant sauvage... », San-Antonio, Messieurs les Hommes, Fleuve Noir n° 76, 1955, pp. 156-157.

[28] Ibid., p. 48 – je souligne.





San Antonio : auto-portraits (technique mixte) 1 © copyright 2010 Richard Zrehen


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