Le 17 octobre 2001, des tueurs du FPLP, dirigés par Hamdi Quran, ont assassiné à Jérusalem le ministre du tourisme israélien Ré’havam Zéevi, un « super faucon » (il était partisan du transfert, par agrément et avec compensations financières, des palestiniens vivant en Judée-Samarie et dans la bande de Gaza, vers les pays arabes) surnommé « Gandhi ». – Jeune étudiant, il s’était un soir présenté au réfectoire de son école à Givat HaSlosha, le crâne rasé et vêtu d’une serviette-éponge ; ses camarades avaient été frappés par son étrange ressemblance avec l’apôtre indien de la non-violence. Peut-être y avait-il plus que de la moquerie dans ce surnom…
En 1938, l’année des accords de Munich (signés par Hitler, Daladier, Chamberlain et Mussolini) accordant les Sudètes à Hitler, de l’Anschluss, annexion, approuvée par la France, de l’Autriche par les Nazis, Mohandas K. Gandhi, dit le « Mahatma », écrit un essai intitulé « Les Juifs ». On peut y lire ceci :
« Si j’étais juif, né en Allemagne et y gagnant sa vie, je revendiquerais l’Allemagne pour foyer tout comme n’importe quel gentil [c-à-d « chrétien »] Allemand de stature, et je le défierais : tue-moi ou laisse-moi entrer dans le donjon. Je refuserais d’être expulsé ou de me soumettre à la discrimination. Et pour me comporter ainsi, je n’attendrais pas que d’autres juifs me rejoignent dans ces actes de résistance civile, mais je serais sûr que tous finiraient par suivre mon exemple. Si un juif ou tous les juifs acceptaient la suggestion que j’offre, aucun ne s’en trouverait plus mal qu’aujourd’hui. Et la souffrance, volontairement éprouvée, leur apportera une force intérieure et une joie qu’aucune résolution [marquant] de [la] sympathie passée hors d’Allemagne ne pourra leur apporter.
De fait, même si la Grande-Bretagne, la France et l’Amérique déclaraient l’ouverture des hostilités contre l’Allemagne, elles n’apporteraient aucune joie intérieure, aucune force intérieure. La violence calculée d’Hitler pourrait même résulter en un massacre général des Juifs en guise de première réponse à cette déclaration des hostilités. Mais si les têtes juives pouvaient se préparer à souffrir volontairement, même le massacre que j’ai imaginé pourrait se transformer en journée d’actions de grâce et de joie, parce que Jéhovah aurait apporté la délivrance à la race, même aux mains du tyran. Pour le craignant-Dieu, la Mort n’est pas effrayante. C’est un joyeux sommeil suivi par un réveil d’autant plus reconstituant qu’il aura été long.
Je n’ai pas besoin d’insister sur le fait qu’il est plus facile pour les Juifs que pour les Tchèques de suivre ma prescription. »
70 ans plus tard, Arun Gandhi, cinquième petit fils de Mohandas K.Gandhi, co-fondateur et vice-président du M. K. Gandhi Institute for Nonviolence de Rochester University, invité par le Washington Post à s’exprimer dans sa section « Faith », livre, le 7 janvier 2008, ses réflexions sur l’identité juive, sous le titre : « Jewish Identity Can’t Depend on Violence ».
Extraits :
« Dans le passé, l’identité juive est restée bloquée dans l’expérience de l’holocauste – une faute allemande dont les Juifs n’ont pas pu se débarrasser. Très bon exemple de la façon dont une communauté peut surexploiter une expérience historique au point où elle révulse ses amis. L’holocauste est dû à l’esprit tordu d’un individu qui a été capable d’influencer ses partisans [et les amener à] commettre une chose horrible.
Mais il me semble qu’aujourd’hui les Juifs veulent, non seulement que les Allemands se sentent coupables, mais aussi que le monde entier regrette ce qui est arrivé aux Juifs. Le monde a été désolé de l’épisode mais quand un individu ou une nation refuse de pardonner et d’aller de l’avant, la désolation tourne à la colère.
Le futur de l’identité juive paraît sombre. Toute nation qui reste fixée dans le passé est incapable d’aller de l’avant, et spécialement une nation qui croit que sa survie ne peut être assurée que par les armes et les bombes. En 2004, à Tel-Aviv*, j’ai eu l’occasion de parler avec quelques membres du Parlement et des militants pour la Paix qui, tous, soutenaient que le mur et le renforcement des capacités militaires étaient nécessaires pour protéger la nation et le peuple…
Je leur ai demandé : ‘Vous croyez pouvoir créer un nid de serpents – plein de serpents venimeux – et espérer bien vivre dans ce puits ?’ ‘Que voulez-vous dire ?’ m’ont-ils demandé. ‘Eh ! bien, compte tenu de toutes vos armes… et de votre attitude envers vos voisins, n’est-il pas juste de dire que vous êtes en train de créer un nid de serpents ? Comment quelqu’un peut-il vivre en paix dans une telle atmosphère ? Ne vaudrait-il pas mieux rechercher l’amitié de ceux qui vous haïssent ?’…
***
En 1938, l’année des accords de Munich (signés par Hitler, Daladier, Chamberlain et Mussolini) accordant les Sudètes à Hitler, de l’Anschluss, annexion, approuvée par la France, de l’Autriche par les Nazis, Mohandas K. Gandhi, dit le « Mahatma », écrit un essai intitulé « Les Juifs ». On peut y lire ceci :
« Si j’étais juif, né en Allemagne et y gagnant sa vie, je revendiquerais l’Allemagne pour foyer tout comme n’importe quel gentil [c-à-d « chrétien »] Allemand de stature, et je le défierais : tue-moi ou laisse-moi entrer dans le donjon. Je refuserais d’être expulsé ou de me soumettre à la discrimination. Et pour me comporter ainsi, je n’attendrais pas que d’autres juifs me rejoignent dans ces actes de résistance civile, mais je serais sûr que tous finiraient par suivre mon exemple. Si un juif ou tous les juifs acceptaient la suggestion que j’offre, aucun ne s’en trouverait plus mal qu’aujourd’hui. Et la souffrance, volontairement éprouvée, leur apportera une force intérieure et une joie qu’aucune résolution [marquant] de [la] sympathie passée hors d’Allemagne ne pourra leur apporter.
De fait, même si la Grande-Bretagne, la France et l’Amérique déclaraient l’ouverture des hostilités contre l’Allemagne, elles n’apporteraient aucune joie intérieure, aucune force intérieure. La violence calculée d’Hitler pourrait même résulter en un massacre général des Juifs en guise de première réponse à cette déclaration des hostilités. Mais si les têtes juives pouvaient se préparer à souffrir volontairement, même le massacre que j’ai imaginé pourrait se transformer en journée d’actions de grâce et de joie, parce que Jéhovah aurait apporté la délivrance à la race, même aux mains du tyran. Pour le craignant-Dieu, la Mort n’est pas effrayante. C’est un joyeux sommeil suivi par un réveil d’autant plus reconstituant qu’il aura été long.
Je n’ai pas besoin d’insister sur le fait qu’il est plus facile pour les Juifs que pour les Tchèques de suivre ma prescription. »
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70 ans plus tard, Arun Gandhi, cinquième petit fils de Mohandas K.Gandhi, co-fondateur et vice-président du M. K. Gandhi Institute for Nonviolence de Rochester University, invité par le Washington Post à s’exprimer dans sa section « Faith », livre, le 7 janvier 2008, ses réflexions sur l’identité juive, sous le titre : « Jewish Identity Can’t Depend on Violence ».
Extraits :
« Dans le passé, l’identité juive est restée bloquée dans l’expérience de l’holocauste – une faute allemande dont les Juifs n’ont pas pu se débarrasser. Très bon exemple de la façon dont une communauté peut surexploiter une expérience historique au point où elle révulse ses amis. L’holocauste est dû à l’esprit tordu d’un individu qui a été capable d’influencer ses partisans [et les amener à] commettre une chose horrible.
Mais il me semble qu’aujourd’hui les Juifs veulent, non seulement que les Allemands se sentent coupables, mais aussi que le monde entier regrette ce qui est arrivé aux Juifs. Le monde a été désolé de l’épisode mais quand un individu ou une nation refuse de pardonner et d’aller de l’avant, la désolation tourne à la colère.
Le futur de l’identité juive paraît sombre. Toute nation qui reste fixée dans le passé est incapable d’aller de l’avant, et spécialement une nation qui croit que sa survie ne peut être assurée que par les armes et les bombes. En 2004, à Tel-Aviv*, j’ai eu l’occasion de parler avec quelques membres du Parlement et des militants pour la Paix qui, tous, soutenaient que le mur et le renforcement des capacités militaires étaient nécessaires pour protéger la nation et le peuple…
Je leur ai demandé : ‘Vous croyez pouvoir créer un nid de serpents – plein de serpents venimeux – et espérer bien vivre dans ce puits ?’ ‘Que voulez-vous dire ?’ m’ont-ils demandé. ‘Eh ! bien, compte tenu de toutes vos armes… et de votre attitude envers vos voisins, n’est-il pas juste de dire que vous êtes en train de créer un nid de serpents ? Comment quelqu’un peut-il vivre en paix dans une telle atmosphère ? Ne vaudrait-il pas mieux rechercher l’amitié de ceux qui vous haïssent ?’…
Apparemment, dans le monde moderne, si déterminé à vivre par la bombe, c’est un concept étranger. Vous ne recherchez l’amitié de personne, vous voulez tout dominer. Nous avons créé une culture de la violence (Israël et les Juifs sont les plus gros contributeurs) et cette Culture de la Violence risque de finir par détruire l’humanité ».
***
Le 18 janvier 2008, le Washington Post publie un communiqué.
Extraits :
« ... Des lecteurs ont estimé que les remarques d’A. Gandhi étaient antisémites, et que les excuses qu’il a faites par la suite étaient insuffisantes. Quand nous avons lancé ce projet, il y a un an, nous avons écrit que notre but était d’éclairer un sujet – la religion – qui, trop souvent, suscite la passion. Le texte de Gandhi n’était pas à la hauteur de la tâche... Nous regrettons de l’avoir publié et nous excusons pour l’épisode. »
25 janvier 2008, Arun Gandhi, abandonne ses fonctions au sein du M. K. Gandhi Institute for Nonviolence, à la suite des critiques provoquées par son article du Washington Post.
« Mon intention était de provoquer une discussion franche sur la prolifération de la violence », a-t-il déclaré en annonçant sa démission. « Au lieu de cela, et sans que je l’aie voulu, mes mots ont entraîné peine, colère, confusion et embarras. Je regrette profondément ces conséquences ».
Quelques jours après la parution de son article, A. Gandhi s’était excusé dans les colonnes du Washington Post : « Il ne croyait pas, et n’aurait pas dû laisser entendre que, la politique du gouvernement israélien reflétait les vues de l’ensemble du peuple Juif. »
« La démission de Gandhi est justifiée, parce que ses remarques ne reflètent ni les valeurs de l’Université ni celles de l’Institut », a déclaré Joël Seligman, président de Rochester University.
Abraham Foxman, président de l’Anti-Defamation League, a déclaré de son côté : « On aurait aimé que le petit-fils d’un homme aussi illustre fût plus sensible à l’histoire des Juifs »…
Sources :
« Nonviolence Nonsense », Victor Davis Hanson, National Review On Line, 14 janvier 2008.
« Jewish Identity Can’t Depend on Violence », Arun Gandhi, Washington Post (On Faith), 7 janvier 2008.
« On Faith », Washington Post, 18 janvier 2008.
« Arun Gandhi resigns », Ha’aretz, 27 janvier 2008.
*[A cette occasion, Arun Gandhi avait appelé les Palestiniens de Jordanie à franchir le Jourdain par dizaines de milliers et à entrer en Israël pour y mener une manifestation non violente. Il avait aussi déclaré que « la situation des Palestiniens était dix fois pire que celle des Noirs sous le régime de l’Apartheid en Afrique du Sud. »]
Extraits :
« ... Des lecteurs ont estimé que les remarques d’A. Gandhi étaient antisémites, et que les excuses qu’il a faites par la suite étaient insuffisantes. Quand nous avons lancé ce projet, il y a un an, nous avons écrit que notre but était d’éclairer un sujet – la religion – qui, trop souvent, suscite la passion. Le texte de Gandhi n’était pas à la hauteur de la tâche... Nous regrettons de l’avoir publié et nous excusons pour l’épisode. »
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25 janvier 2008, Arun Gandhi, abandonne ses fonctions au sein du M. K. Gandhi Institute for Nonviolence, à la suite des critiques provoquées par son article du Washington Post.
« Mon intention était de provoquer une discussion franche sur la prolifération de la violence », a-t-il déclaré en annonçant sa démission. « Au lieu de cela, et sans que je l’aie voulu, mes mots ont entraîné peine, colère, confusion et embarras. Je regrette profondément ces conséquences ».
Quelques jours après la parution de son article, A. Gandhi s’était excusé dans les colonnes du Washington Post : « Il ne croyait pas, et n’aurait pas dû laisser entendre que, la politique du gouvernement israélien reflétait les vues de l’ensemble du peuple Juif. »
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« La démission de Gandhi est justifiée, parce que ses remarques ne reflètent ni les valeurs de l’Université ni celles de l’Institut », a déclaré Joël Seligman, président de Rochester University.
Abraham Foxman, président de l’Anti-Defamation League, a déclaré de son côté : « On aurait aimé que le petit-fils d’un homme aussi illustre fût plus sensible à l’histoire des Juifs »…
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Sources :
« Nonviolence Nonsense », Victor Davis Hanson, National Review On Line, 14 janvier 2008.
« Jewish Identity Can’t Depend on Violence », Arun Gandhi, Washington Post (On Faith), 7 janvier 2008.
« On Faith », Washington Post, 18 janvier 2008.
« Arun Gandhi resigns », Ha’aretz, 27 janvier 2008.
*[A cette occasion, Arun Gandhi avait appelé les Palestiniens de Jordanie à franchir le Jourdain par dizaines de milliers et à entrer en Israël pour y mener une manifestation non violente. Il avait aussi déclaré que « la situation des Palestiniens était dix fois pire que celle des Noirs sous le régime de l’Apartheid en Afrique du Sud. »]