vendredi 26 juin 2009

Promotion d’été 2009 (1)


Voici 2 livres, légers, d’un format pratique, qu’on peut glisser facilement dans son bagage et emporter à la plage… pour se rafraîchir la mémoire : Perrin a décidé – initiative que je ne peux que louer ! – de republier dans sa collection de poche Tempus Philo les numéros 5 et 9 de Figures du Savoir – collection que j’ai fondée en 1997 avec l’appui de Michel Desgranges, alors président des Belles Lettres, pour célébrer la pensée théorique et rendre accessibles les grandes œuvres dans lesquelles elle se déploie, toujours au présent.

1) Deleuze, par Alberto Gualandi, Tempus Philo Perrin / Les Belles Lettres, 2009. – Monographie consacrée aux thèmes et concepts majeurs d’un philosophe-artiste très inventif, qui a beaucoup contribué à donner sa couleur et sa saveur à la French Thought de la fin du XXe siècle.









4e de couverture :

Gilles Deleuze (1925-1995) est un géant trop tôt disparu, à la production impressionnante.
Ce livre met à jour tous les ressorts exposés ou enfouis de sa construction proliférante, l'une des plus séduisantes de la philosophie contemporaine.
Une voix qui enchantait les foules, une force et une ardeur intellectuelles peu communes, des énoncés beaux, surprenants et controversés…
Reste à comprendre la singularité d'une œuvre…
Alberto Gualandi éclaircit les concepts deleuziens - pli, réseau, rhizome, intensité... - et les rattache à la grande tradition philosophique occidentale.

Prix : 7,50 €



2) Spinoza, par André Scala, Tempus Philo Perrin / Les Belles Lettres, 2009. Monographie consacrée à un penseur rare d’être versé autant dans le Talmud que dans la Philosophie, systématique et rigoureux, qui est aussi une icône, entre polissage de verre et « excommunication »…


4e de couverture :

Comment Spinoza (1632-1677) est il devenu philosophe et surtout, comment a-t-il philosophé avec ceux qui le voulaient, ceux qui s'y opposaient et ceux qui en ignoraient tout ?...
On ne peut guère imaginer plus grande solitude de pensée : Spinoza, philosophe, grammairien et penseur politique, fut à son époque... l'athée, l'infâme, l'imposteur. Lui, le philosophe de la joie, de l'amour, de la puissance et de la libération.
C'est qu'il dérangeait - hier comme aujourd'hui - par son effort pour établir une communauté de pensée. Donc, être philosophe avec ceux qui ne le sont pas, ceux qui veulent apprendre, ceux qui veulent empêcher la philosophie ou ceux qui imaginent qu'on peut s'en passer…


Prix : 7 €

mardi 16 juin 2009

Ex falso sequitur quodlibet…



Le mardi 9 juin 2009 au tout petit matin, un ami me fait parvenir, sous l’intitulé « L’Arche de la Noé » [les irréductibles du Canard enchaîné qui sont aussi des fidèles de San Antonio et des nostalgiques de Coluche riront] et en précisant « j’ai du mal à y croire », un communiqué de l’agence NOVOpress [inconnue de moi] daté du 1er avril 2009 à 8h ( !) :

« Les pharmacies parisiennes bientôt obligées de décrocher leur enseigne en forme de croix ?

Une association maghrébine parisienne, Paris-Beurs-Cités, a adressé il y a une dizaine de jours une lettre à la mairie de Paris afin de demander que soient « progressivement supprimées des devantures des pharmacies les enseignes en forme de croix ».

La conseillère technique du Cabinet de Bertrand Delanoë en charge des cultes, Ilda Vrospinos, a officiellement répondu que la demande allait être « examinée avec la plus extrême attention ».

L'association, qui se présente pourtant comme « non confessionnelle » et entend « regrouper les jeunes Français issus de l'immigration maghrébine afin de les aider à trouver leur place dans une société encore largement discriminatoire » explique sa démarche par le fait que « ce symbole religieux ostentatoire, vestige d'une époque révolue où la religion catholique était omniprésente dans notre pays » est susceptible de « heurter la susceptibilité des croyants non chrétiens mais aussi des personnes non [religieuses] ou antireligieuses » et « contrevient gravement au principe républicain de laïcité ». « Alors que la crise économique accroît les risques d'affrontements intercommunautaires [?], ces enseignes à forte connotation religieuse pourraient être ressenties par certains comme une forme de discrimination, voire comme une provocation », poursuit Paris-Beurs-Cités.

La demande pourrait bien aboutir si l'on en croit la réponse officielle de Mme Vrospinos, qui affirme dans la lettre qu'elle a adressée à l'association « comprendre pleinement [ses] préoccupations ». La conseillère indique qu'elle va « soumettre [sa] demande à [M.] Bertrand Delanoë qui, n'en doutez pas, va l'examiner avec la plus extrême attention ». La conseillère technique précise également que le maire de Paris « qui a fait du "vivre ensemble" l'un des fondements de son engagement », « est très attentif à la bonne entente entre communautés » et qu'il est « pleinement conscient du caractère néfaste de certains anachronismes ».

Une dernière phrase lourde de menaces »…

*


Mal réveillé (piètre excuse), intrigué par l’économie générale du discours prononcé au Caire 5 jours avant par le nouveau président des Etats-Unis, les défauts et fautes du monde « arabo-musulman » – traité comme un seul bloc et non pas comme un agrégat de nations – étant mis en regard de « défauts et fautes » des Etats-Unis – de l’Occident en général – à l’égard de ce monde-là ; préoccupé par les perspectives moyen-orientales ouvertes par ce discours, fort surprenantes compte-tenu de la réalité-du-terrain, je ne relève pas la date de publication de ce communiqué de presse, ne m’étonne pas que cette information n’ait pas eu plus d’écho, ne remarque pas que le nom de l’Association mentionnée évoque clairement un sandwich « marqué », très prisé par les Parigots d’antan et, ne connaissant pas les membres de l’équipe du Maire de Paris, n’ai aucune raison de douter de l’existence de Mme Ilda Vrospinos, « conseillère technique du Cabinet de M. Bertrand Delanoë en charge des cultes »…

En revanche, sachant vivre dans un pays où le communautarisme prospère ; dans un pays où l’on appelle officiellement « réfugiés » des ‘Palestiniens’ qui n’étaient pas nés quand leurs parents, voire leurs grands-parents, ont subi (ou précédé) l’événement qui leur a donné cette triste qualité ; dans un pays qui se repent volontiers de certaines « fautes » pour ne pas en reconnaître d’autres [voir, dans cet espace, Un curieux penchant I, II, III et IV, mis en ligne en février et mars 2009] ; convaincu, en revanche, par la demande, formulée dans une langue de bois quasi parfaite, de l’association « Paris-Beurs-Cités » telle que rapportée par NOVOpress, c’est très sérieusement que je réponds à l’ami en question :

« J'ai aussi du mal à y croire : non à la demande supposée de cette association (!) mais au fait que la Mairie de Paris, si elle a effectivement reçu cette demande, y accorde de l’attention.

L'agence NovoPress n'est pas très nette, semble-t-il, étant connue pour son penchant xénophobe – j'ai trouvé un article qui le dit et le dénonce sur ce site http://www.acrimed.org/article2106.html

Néanmoins, puisqu'il existe une association, dite Les Indigènes de la République, ne paraissant pas savoir que la « décolonisation » est une veille affaire ni qu’il existe une Halde (Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Egalité, autorité administrative indépendante créée par la loi le 30 décembre 2004[1]), on doit admettre que rien n'est vraiment impossible dans notre bon vieux pays, bien que je voie des limites à son américanisation façon « Démocrate » : « post-modernes » qu’ils sont, c’est-à-dire « relativistes », les Démocrates d’outre-Atlantique peuvent bien renoncer aux symboles religieux publics au motif qu'ils seraient « offensants » pour ceux qu’y ne s’y reconnaissent pas – combien d’incidents ridicules où bibles, crucifix ou ménoras sont impliquées, occupant indûment l’espace médiatique –, parce que leur protestantisme mou, sans dogme ni vrais rites – juste une sorte de posture sociale – et leur tolérantisme sceptique – ne croyant plus à rien, ils peuvent quasiment tout accepter, se féliciter du délitement du Symbolique et l’accélérer…


Mais nous, Français, ne sommes pas seulement catholiques – quelle superbe représentation d'un corps homogène ! – mais aussi gallicans : nous voulons bien d’une Eglise mais voulons que notre Prince ait le pas sur elle. Les églises peuvent bien se vider mais l'attachement viscéral au gallicanisme des Français, y compris ceux, récents ou pas, dont les spiritualités sont « autres » – qui peut aussi s'appeler « exception française » – ne se défera pas aussi rapidement : il ne s’agit évidemment pas de croyance, identifiée comme telle, mais du socle de l'identité nationale, ce qui explique et l'arrivée de la République, la vraie, la IIIe, et le paganisme de la Révolution nationale !

On peut bien sûr observer qu'il y a un autre signe permettant d'identifier les pharmacies où l’on peut reconnaître un serpent ; observer aussi que cela fait assez longtemps que marketing et parapharmacie ont remplacé Caritas, que la Croix, de signe impliquant est devenu signifiant fourre-tout. »


*

Dans la foulée, une amie, elle aussi destinatrice du communiqué de Presse en question, étant allée de sa boutade sceptique, « Alors, on va bientôt demander d'interdire le croissant dans les boulangeries… », non moins sérieusement, j’enchaîne :

« Ce serait frustrant, bien sûr, mais pas totalement incongru : le croissant qui accompagne le café du matin n'aurait-il pas été inventé pour célébrer la victoire des Autrichiens contre le Turc arrêté aux portes de Vienne dans sa marche conquérante fin XVIIe siècle ?

En ces temps d'apaisements multipolaires (!), la mise hors la loi du croissant pourrait consoler la Turquie de son non-statut européen, partenaire-mais-pas-membre-de-l'UE, et ferait un pendant si délicieusement français, le style, la finesse, aux gestes du nouveau président américain destinés à lui gagner les bonnes grâces du monde « arabo-musulman »…

Au-delà du croissant et des viennoiseries, on peut aussi se demander, comme le faisait Himmler s'adressant à son masseur (!) Felix Kersten le 7 décembre 1942, ce qui se serait passé si les choses avaient tourné autrement :

‘‘Supposons que les Turcs, dans les rangs desquels des Européens combattaient d’ailleurs, y compris dans des positions élevées, aient conquis Vienne et l'Europe en 1683 au lieu d'avoir été forcés d se retirer. Si les Musulmans avaient remporté la victoire, alors, si l'Islam [par conséquent] s’était invinciblement répandu en Europe, les Eglises chrétiennes auraient été dépolitisées. (...)

Les Turcs étaient religieusement tolérants, ils ont permis à chaque religion de continuer à exister, à condition de ne plus être impliquée dans la politique – sinon, c'en était fini’’[2].

Une autre histoire, d'évidence... Cela étant, certaines boulangeries devraient être empêchées de vendre des « trucs » spongieux, ou sucrés, ou collant au palais, qu’elles ont le front d’appeler ''croissants'' ! »


*

Le mercredi 10 mai aux aurores, préoccupations, incrédulité et agacement ont inexplicablement (!) disparu : un président des Etats-Unis, surtout celui actuellement en exercice, qui aime le Verbe et le manie fort bien, se soucie peu du vrai, tout juste du vraisemblable, quand il est essentiellement question de réussir un « coup » rhétorique face à un auditoire réticent ; une association qui choisit le terrain politique plutôt que la clandestinité a (heureusement) droit à toutes ses fantaisies – sauf celles que la loi punit ! – dans notre bon vieux pays ; un communiqué de presse publié un 1er avril ne peut-être qu’un canular – en l’espèce, tendancieux.

Et quid de Mme Ilda Vrospinos ? Prénom et nom, malicieusement déformés, d’une personne réelle ? Point du tout : « Ilda Vrospinos, est l'anagramme de ‘‘Poisson d'avril’’ »[3].

Un dernier mot. L’ami qui m’a joliment piégé, et proteste maintenant de son innocence (!), est un fin connaisseur de Romain Gary et de Rousseau, des masques, des vérités fautives et des mensonges vrais, par conséquent. J'aurais pu m'en souvenir avant.

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Notes :

[1] On peut, par exemple, lire sur le site de ce mouvement (www.indigenes-republique.org) un article de Sadri Khiari, « Un Parti des indigènes, pour quoi faire ? », dont voici le début :

« Un Parti des indigènes aura pour objectif fondamental d’organiser et de poursuivre la lutte pour la décolonisation et contre la perpétuation des inégalités raciales. Il aura pour objectif culturel de promouvoir une vision de l’histoire et du monde qui n’aurait pas pour centre, considéré comme supérieur, l’Euro-Amérique blanche (!). Son but sera de participer, aux côtés d’autres forces politiques de par le monde, à remettre en cause la suprématie culturelle, politique et économique, des puissances, constituées dans la traite négrière transatlantique et la colonisation, sur l’ensemble des autres peuples. Au sein de l’espace politique qui a pour nom la France, un Parti des indigènes agira pour que l’Etat renonce à sa politique impériale et démantèle ses institutions militaires, politiques, culturelles, économiques de domination à l’échelle internationale (!!). En particulier, le Parti des indigènes agira pour que les peuples des actuelles colonies françaises (« Dom Tom ») puissent librement choisir leur destin. Il se mobilisera contre la participation de la France à la construction d’une Europe blanco-chrétienne (!!!). Il agira pour remettre en cause l’ensemble des institutions, des dispositifs et des logiques sociales qui contribuent à la reproduction des hiérarchies raciales sur lesquelles reposent la domination et les privilèges blancs. Exprimé en termes positifs, le Parti des indigènes a pour objectif en France la réalisation d’une société et d’un système politique fondés réellement sur l’égalité des individus entre eux et des communautés, indépendamment de leurs couleurs, de leurs origines, de leurs cultures, de leurs spiritualités. »

[2] Cité par Emerson Vermaat, « Heinrich Himmler's Adoration of Islam », Frontpage mag, 8 juin 2009.

[3] « J'avais éventé le canular, mais je n'ai pas été aussi perspicace (ou aussi bien informé) que l'internaute (vivisrael) qui vient de me mettre au parfum. Il me signale, en effet, que le nom, "Ilda Vrospinos", est l'anagramme de "Poisson d'avril". Merci à lui (pas au poisson ! A vivisrael !). Mon amour propre se console en constatant que je ne suis pas le seul à ne pas avoir décodé l'anagramme. A quelque chose malheur est bon : en retraçant les contrôles que j'ai faits et auxquels les webmestres qui ont relayé le "canard" sans soupçonner que c'était un "poisson", auraient pu facilement procéder, j'ai montré quelles étaient les vérifications élémentaires à faire pour ne pas prendre des vessies pour des lanternes. Donc : "ILDA VROSPINOS !", pour le 1er avril passé... Rions », Menahem Macina, « Sus aux enseignes en forme de croix des pharmacies: Sûrement un "poisson d'avril"! », 8 avril 2009, http://www.upjf.org/

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Illustrations :

« LISEZ LA BIBLE » (Bourgogne) © copyright Patrick Jelin

Théâtre Dejazet (Paris) © copyright Patrick Jelin.

Centurions (Rome) © copyright RZ.

Feu d'artifice (Vendée) © copyright Alain Zimeray.

Camion de ravitaillement (Villa Borghese) © copyright RZ.



Ex falso sequitur quodlibet © copyright 2009, Richard Zrehen.

dimanche 7 juin 2009

Promotion de printemps 2009 (2)

Voici deux livres à lire le soir, quand le silence se fait, après avoir écouté un peu de Berg, de Schoenberg ou de Webern — j’ai publié le premier…


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1) Heidegger, le mal et la science, par Jean-Michel Salanskis, Continents philosophiques / Klincksieck, 2009. Ou : comment faire le départ entre un immense penseur qui a énormément contribué à notre intelligence de la philosophie, et un homme dédaigneux, hautain, froid, ingrat même, irrémédiablement compromis avec le nazisme. En repérant les lieux où les obsessions privées, la condescendance et l’insensibilité viennent infléchir la pensée de Heidegger ou la parasiter ; mieux, en la faisant travailler contre elle-même…

4e de couverture :

Comment faut-il user de Heidegger ?

Ce livre, prenant position dans une longue introduction sur le débat relancé par Emmanuel Faye dans son Heidegger, l'introduction du nazisme dans la philosophie, essaie de définir une règle de lecture du philosophe compromis. Il désigne deux lieux célèbres de sa philosophie comme « dangereux » ou virtuellement contaminés : l’être-pour-la-mort et le dépassement de la métaphysique.

Il établit aussi un rapport entre la faillite politique de Heidegger et l’attitude de défiance et distance envers la science et son esprit qui fut en fin de compte essentiellement la sienne. Mais il essaie également de proposer, peut-être contre l’intention de Heidegger, une élaboration de certains motifs heideggériens (comme l’herméneutique ou la différence ontologique) susceptible de nous aider à comprendre la grandeur de la pensée de la science. Il offre d’ailleurs, au fil de ses chapitres, une vision large des liens de la philosophie de Heidegger avec différents aspects de la science : logique, mathématiques, physique, sciences cognitives.

Enfin, de manière plus locale et discrète, il apporte des éléments de réflexion sur la relation de Heidegger avec Kant, ou avec les Juifs et leur tradition du commentaire et de l’observance.

Table des matières

I. — Travailler avec Heidegger

L’état d’ensemble et le défaut de la réception

Interprétation de la nocivité de la pensée heideggerienne

Heidegger et la science

La lecture lévinassienne

Le discours sur la technique

Contenu de ce livre

II. — Die Wissenschaft denkt nicht

L’énoncé La science ne pense pas et l’ontologie

Versions de l’herméneutique

Quelques perspectives

III. — L’intuition dans la lecture heideggerienne de Kant

Interprétation de l’infinité de l’espace par Heidegger

L’interprétation de la notion d’intuition formelle par Heidegger

Conclusion

IV. — Logique, mathématique et physique sous le regard heideggerien

Heidegger et le logos logique

Heidegger et la physique

Heidegger et l’apriorisme mathématique

Conclure ?

V. — Heidegger et les Juifs

L’« après-coup » et l’« oubli de l’oubli » selon Lyotard

Réactions : la halakha, Levinas, la science

VI. — Différence ontologique et cognition

La Différence Ontologique

Montague

Langacker

Thom, Petitot

Science, philosophie, cognition

Glossaire

Prix : 25 €
Le jeudi 11 juin 2009, entre 14 et 15 heures, Philippe Petit reçoit Jean-Michel Salanskis, François-David Sebbah et Marc Crépon dans son émission « Sciences et conscience » (France Culture) pour discuter de Heidegger, le mal et la science. 
http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/sciences_conscience/fiche.php?diffusion_id=73611&pg=avenir
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2) Le martyre des survivants de la Shoah 1945-1952, par Marc-André Charguéraud, Labor et Fides / Le Cerf, 2009. Ou : comment des populations et des Etats qui s’étaient accommodés de l’élimination systématique des Juifs d’Europe réagissent en découvrant qu’il reste encore assez de Juifs pour leur poser problème ; qu’Hitler et ses émules n’ont pas entièrement rempli leur promesse…

[NB L’auteur n’étant pas un historien professionnel, on ne se laissera pas arrêter par quelques approximations et un sentimentalisme bien compréhensible de la part d’un engagé volontaire en 1944.]

4e de couverture (extraits) :

Au terme de la Seconde Guerre mondiale, en Europe de l'Est, survivent plus d'un million de rescapés de la Shoah. À peine « libérés », des pogroms meurtriers s'abattent sur eux, les persécutions continuent… Au fil des années, ce sont plus de 900 000 survivants juifs qui se voient contraints de [s’enfuir] loin de leur terre natale… Les populations et les gouvernements des « démocraties populaires » ont ainsi accompli la prophétie qu'Hitler n'avait pas [entièrement] réalisée : rendre l'Europe de l'Est « judenfrei » (sans juifs). Ce dernier chapitre de la Shoah s'est déroulé sous les yeux du « monde libre »…


Pendant les premières années de l'après-guerre, les pays qui le composent ont systématiquement fermé leurs portes aux survivants juifs à la recherche… d'un refuge…

Prix : 24 €

jeudi 4 juin 2009

Promotion de printemps 2009 (1)

Voici deux livres à lire au petit matin, de préférence, avant que le soleil ne soit chaud, et par morceaux, pour ménager l’attention — je n’en ai publié qu’un…

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1) La gauche et l’égalité, par Jean-Michel Salanskis, PUF, 2009. Ou : comment donner à la Gauche, si souvent forte sur le terrain, si absente sur le plan des « Idées », le thème doctrinal fort dont elle manque cruellement. Idéal qui l’écarterait de l’incantation, de l’attrait de l’indignation, du passéisme, du défaitisme, des tentations mortifères et des combats qui ne sont pas les siens, et lui redonnerait la main. L’égalité, certes, mais qui ne serait plus synonyme d’égalitarisme.

4e de couverture :

Même si elle dispose de forces, de talents, d’acquis historiques et institutionnels, voire de stratégies plausibles aujourd’hui, chacun sent bien que la gauche est égarée : tout simplement, son sens lui échappe.
Cherchant remède à un tel profond malaise, ce livre soutient que la gauche doit se définir par la recherche de l’égalité, et même de l’égalité radicale, pour retrouver la qualité de son espérance.
Une enquête est donc menée, qui commence par évincer les versions trompeuses de la gauche, non sans les écouter avec soin. Elle se prolonge dans l’exposition raisonnée d’une justification fondamentale de l’idéal égalitaire. Finalement, on y examine quels combats peuvent aujourd’hui prétendre correspondre à cet idéal, et quels autres combats, quoiqu’ils passent volontiers pour des combats de la gauche, sont à bien y regarder sans rapport avec son sens retrouvé.

Table des matières

Introduction. — La gauche égarée

I. — Versions de la gauche
Le soulèvement des vaincus
Ni Dieu, ni maître
La condamnation de l'aliénation
L'insurrection contre la souffrance
La poursuite de l'égalité


II. — Justification de l'égalité
Une nature inégalitaire ?
Le principe d'égalité

III. — Voies d'une politique de l'égalité
Capitalisme
Savoir
Lutte des inférieurs
Prise de parole

Conclusion. — Reprises ?


Prix : 15 €


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2) Lautman, par Emmanuel Barot, Figures du Savoir n° 44 / Les Belles Lettres, 2006. Ou : comment cette nouvelle livraison d’une collection restée sans égale (je l’ai fondée en 1997 !) et qui entend plus que jamais rendre les grandes œuvres de pensée accessibles, tire d’un oubli scandaleux une belle œuvre, fréquentée jusqu’ici par les seuls spécialistes, celle d’un philosophe-artiste et d’un vrai savant, qui a produit la plus ingénieuse (et la moins orthodoxe) des compréhensions de la prolifération des mathématiques, des origines à ses jours écourtés pour cause de patriotisme… et des Idées de Platon.

4e de couverture :

Albert Lautman (1908-1944), philosophe, juif, fusillé par les Nazis pour faits de Résistance comme son ami et collègue Jean Cavaillès, a laissé inachevée une œuvre puissante et dont l’influence s’est fait sentir au-delà de son domaine.
Lautman est une figure rare : un philosophe souverain, capable de mobiliser les grands noms de la tradition philosophique, de Platon à Heidegger, et suffisamment averti des mathématiques pour proposer, avec eux, une intelligence de leur développement acceptée des savants.
Les membres du groupe Bourbaki ont reconnu en Lautman un auteur exposant adéquatement les mathématiques auxquelles ils contribuaient ; Sartre lui a dédicacé un exemplaire de L’être et le néant ; Deleuze se réfère à lui de manière élogieuse ; Badiou, Petitot et Salanskis, notamment, lui font écho ou tentent de le prolonger.
On examine ici cette œuvre dense, de Essai sur les notions de structure et d’existence en mathématiques et Essai sur l’unité des sciences mathématiques dans leur développement actuel aux textes posthumes, Symétrie et dissymétrie en mathématiques et en physique suivi de Le problème du temps, après l’avoir située dans son contexte historique-scientifique.
On espère ainsi montrer la profondeur et l’actualité d’une pensée singulière, celle d’un grand rationaliste qui était aussi un métaphysicien.

Table des matières

Repères chronologiques

Introduction


I.- Les trois cadres de la pensée lautmanienne
1.- Des révolutions du XIXe siècle à la crise des fondements des mathématiques
2.- La Métamathématique de Hilbert
3.- Le rationalisme dialectique « à la française »

II. Du réel en mathématiques
1.- Faits, êtres, théories et Idées
2.- L’Idée « problématique » comme couple de notions
3.- Expressions mathématiques de la domination des Idées
4.- Mathématique « classique » versus « mathématique moderne » ?

III. La différence ontologique face à l’histoire
1.- Un néo-platonisme équivoque
2.- Le schème Etre-étants de Heidegger
3.- Un geste hégélien ?
4.- Entre ontologie et histoire

IV. Une cosmologie physique sous tension
1.- Une théorie kanto-platonicienne des « mixtes »
2.- Le Même et l’Autre : retour sur le Timée, et au-delà

Conclusion

Index des noms propres

Index des notions

Glossaire

Bibliographie

Prix : 19 €