mercredi 25 juin 2008

Tare congénitale


En 393, Théodose Ier, empereur romain, le dernier à régner sur l’empire d’Occident et d’Orient (= l’empire byzantin), celui qui a fait du christianisme la religion officielle de l’empire, interdit les Jeux Olympiques, vieux d’un millénaire. Motif : ces Jeux sont des festivités païennes…

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Quelques années avant l’Hégire (622), le Prophète, qui a jusqu’ici refusé de « donner un signe », c’est-à-dire de montrer aux incroyants qu’il est un vrai prophète (Coran, sourates 6, 10 et 13), prophétise au nom du Tout-Puissant à propos de l’empire byzantin.

Coran, sourate 30 Ar-Rum (Les Romains = les Byzantins) : « Les Romains ont été vaincus (30.2), dans le pays voisin, et après leur défaite ils seront les vainqueurs (30.3), dans quelques années (30.4)… » – Le Coran contient les paroles divines transmises pendant 23 ans par l’ange Gabriel au Prophète.

En 614, les Perses conduits par le roi Khosroès Parviz, envahissent la Syrie, détruisent châteaux et églises, brûlent les villes, tuent une partie de la population, emmènent le reste en captivité. En 615, ils prennent Jérusalem, tuent 25 000 hommes et se saisissent de la ‘Vraie Croix’. En 628, les Byzantins, conduits par l’empereur Héraclius reconquièrent la Syrie, tuent Khosroès Parviz, défont les Perses, finissent par les repousser hors d’Asie mineure, et réinstallent la ‘Vraie Croix’ à Jérusalem, reprise en 630…

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Le 29 mai 1453, les troupes du sultan Mehmet II prennent Constantinople : l’empire byzantin appartient désormais au passé, le Turc a entièrement subjugué la Grèce. Le lien géographique avec le berceau du christianisme est coupé, les « Latins » ont enfin gagné par abandon ! contre les « Romains », « Rome » enfin dans Rome, va devenir support d’Imaginaire, et l’Italie accueillir les érudits grecs en fuite, futurs accoucheurs d’une Renaissance – toute tournée vers la redécouverte des Anciens…

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En 1821, commence la Révolution grecque, longue guerre (très sanglante) d’indépendance menée par les Grecs contre l’empire ottoman, avec l’appui politico-militaire des « Grandes Puissances » (France, Royaume-Uni et Russie) et la sympathie de l’Europe romantique (Lord Byron, qui prendra les armes contre les Turcs, Eugène Delacroix, notamment) qui s’achève en 1832 par la signature du Traité de Constantinople.

Traité qui reconnaît l’indépendance de la Grèce, premier pays de l’empire ottoman à regagner sa souveraineté, royaume en attente de la majorité de son futur roi, Otto de Bavière, et accorde un dédommagement en numéraire à la Turquie pour la perte d’un territoire. – Le jour de l’indépendance, 21 mars 1821, jour de fête nationale en Grèce, tombe le jour même de l’Annonciation [par l’ange Gabriel à Marie qu’elle porterait le fils de Dieu]…

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En 1833, Alexandros Soutsos (1803-1863), nationaliste grec, héritier d’une famille orthodoxe très en vue et liée au Patriarcat, poète mineur passé par Paris où il a absorbé les « idées avancées » des opposants à Charles X, fondateur de l’Ecole romantique grecque de Poésie, admirateur de Lord Byron, écrit un long poème, Dialogue des Morts, dans lequel est évoquée une possible renaissance des Jeux Olympiques…

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Sauvés du paganisme par le baptême « orthodoxe », les Jeux Olympiques étaient désormais disponibles pour la relève nationaliste qui en ferait le symbole de l’affranchissement et de la souveraineté retrouvée. Manquait le « visionnaire ».

Evangelos Zappas serait celui-là.

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Homme d’affaires et philanthrope, Evangelos Zappas (1800-1865), né au nord de l’Epire, combattant de la Guerre d’indépendance, écrit en 1856 au roi Otto de Grèce pour lui proposer d’accepter des actions de sa compagnie maritime, dont les dividendes permettraient de financer le ré-établissement de Jeux Olympiques et d’offrir des prix aux vainqueurs…

Il paie de ses deniers la remise en état du fameux stade Panathénien, tout en marbre blanc, d’une capacité de 50 000 places, où se tenaient dans l’Antiquité des Jeux en l’honneur d’Athéna, la construction, à proximité, d’une salle dédiée à l’athlétisme, le Zappeion [!], et, en 1859, les premiers Jeux Olympiques depuis 393 se tiennent à Athènes, avec la participation d’athlètes grecs et d’athlètes venus de l’empire ottoman – ce qui en fait une manifestation nationale-internationale… – Evangelos Zappas, désireux de payer publiquement sa dette, exigera qu’Alexandros Soutsos et son frère, Panagiotis Soutsos, soient faits membres du comité organisateur des Jeux Olympiques « restitués ».

Evangelos Zappas disparaîtra avant de voir les éditions suivantes de ces Jeux, en 1870 et 1875 ; il léguera une grosse partie de sa fortune au comité organisateur pour que l’aventure puisse continuer.

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Presqu’au même moment, William Penny Brookes (1809-1895), anglais, médecin, magistrat et botaniste exerçant à Much Wenlock (centre ouest de l’Angleterre), commence à s’intéresser aux Jeux Olympiques – dans une optique différente.

En 1841, année où il devient Juge de Paix, W. P. Brookes fonde la Wenlock Agricultural Reading Society, librairie de prêt « pour la promotion et la diffusion d’informations utiles ». Bientôt, la Reading Society offre des cours : arts plastiques, musique et botanique.

En 1850, la Wenlock Agricultural Reading Society décide d’ouvrir une classe, « The Olympian Class », « pour la promotion de l’amélioration morale, physique et intellectuelle des habitants de Wenlock et des environs, spécialement les classes laborieuses [!], par l’encouragement aux activités de plein-air, et par l’attribution de prix, aux termes d’épreuves annuelles, pour accomplissements athlétiques et intellectuels… »

Les premiers « Jeux Olympiens » de Wenlock ont lieu en octobre 1850. Au programme, entre autres, athlétisme, foot-ball et cricket. En quelques années, ces Jeux attireront des participants de Londres et de Liverpool…

En 1859, W. P. Brookes établit le contact avec Envangelos Zappas.

En 1860, la « Olympian Class » devient la Wenlock Olympian Society, adopte une partie du programme des Jeux d’Athènes et les incorpore au sien.

En 1865, W. P. Brookes contribue à la fondation de la National Olympian Association (NOA), basée à Liverpool. Le premier meeting de la NOA attire plus de 10 000 spectateurs au Crystal Palace de Londres, immense bâtiment d’acier et de verre, situé au sud de Londres.

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En 1871, W. P. Brookes, devenu administrateur de la Much Wenlock National School, parvient à introduire l’exercice physique dans le cursus. Convaincu que les métiers dans lesquels trouveraient à s’employer les élèves de l’école seraient physiquement demandeurs, la ferme ou la coupe du bois, le développement de leur force physique lui paraissait donc aussi important que celui de leurs capacités intellectuelles…

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En 1877, W. P. Brookes demande à la Grèce un « prix Olympien » en l’honneur du Jubilé de la reine Victoria. Le successeur d’Otto, le roi George Ier, envoie une coupe d’argent qui figurera en bonne place lors des National Olympian Games de Shrewsbury (près du pays de Galles), l’année suivante. Cet échange avait rapproché W. P. Brookes du gouvernement grec, mais il échouera à organiser un Festival Olympien International en 1881, à Athènes.

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En 1889, W. P. Brookes invite à Much Wenlock le pédagogue Pierre de Coubertin (1863-1937), fort désireux de contribuer au « renouveau de la nation française » au lendemain de la défaite de 1870 face aux Prussiens, notamment par la promotion du sport à l’école.

L’année suivante, les Jeux Olympiens de Much Wenlock ont lieu, avec beaucoup de décorum en l’honneur du baron (d’empire) français. Pierre de Coubertin, impressionné, écrit un article intitulé « Les Jeux Olympiques à Much Wenlock », dans lequel il dit : « Si les Jeux Olympiques que la Grèce moderne n’a pas encore été capable de faire revivre [!] survivent aujourd’hui, on le doit non à un Grec mais au Dr W. P. Brookes… »

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W. P. Brookes mourra 4 mois avant les premiers Jeux Olympiques organisés en 1896 par le Comité Olympique International fondé par Pierre de Coubertin.

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Les Jeux autrefois tenus en l’honneur de Zeus, abolis par un empereur chrétien, ont donc retrouvé une curieuse seconde jeunesse au siècle des nationalismes : projection imaginaire et ingénierie sociale.

Dès l’origine, ces Jeux ainsi reconstitués étaient en puissance de dévoiement.

Exaltation non de l’individu tâchant de se surpasser mais de la Nation ; et Nation non pas unie par une langue et une histoire commune, par un contrat, mais incarnée dans des corps exemplaires – la « race » ne peut être loin.

Exaltation du sport non comme jeu, prouesse ou défi à soi, mais comme ascèse et asservissement : auto-discipline, distraction, i.e. détournement des « classes laborieuses » (« dangereuses » ?), de l’oisiveté, de leurs mauvais penchants – sexuels ?

Les Etats participent, pas des individus. Des hymnes nationaux retentissent à chaque remise de médaille, pas l’Hymne olympique (composé par Spyros Samaras sur des vers de Costis Palamas), joué pour la première fois par le 25 mars 1896, lors de la cérémonie d’ouverture des premiers Jeux Olympiques modernes, et devenu en 1957 l'hymne officiel du CIO.

Comment déplorer que des Etats, pas tous totalitaires, soient tentés de « politiser » les jeux Olympiques ? Ou parler de « dérive » quand des Etats, pas tous totalitaires, entreprennent d’« améliorer » leurs « athlètes » ?

Comment s’étonner que des athlètes, à qui l’on tend un miroir déformant, choisissent, bien avant le temps des gros contrats publicitaires, un destin à la grecque et optent pour médailles et vie glorieuse écourtée par les médicaments plutôt que pour vie longue et anonyme ?

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Sources :

www.yabiladi.com/coran
Robert Spencer, Blogging the Qur'an: Sura 30, « The Byzantines », Hot Air, 22 juin 2008, hotair.com/archives
René Grousset, Histoire des Croisades (1934), Perrin, Paris, 2006, t. 1, p. 15.

Barbara Jelavich, History of the Balkans, 18th and 19th Centuries. New York: Cambridge University Press (1983).
Steven W Sowards, Twenty-five Lectures on Modern Balkan History (The Balkan in the Age Of Nationalism), (1996), www.lib.msu.edu/sowards/balkan
Olympic Games, Wikipedia.
David C. Young, The Modern Olympics - A Struggle for Revival, Johns Hopkins University Press (1996). William Penny Brookes, Wikipedia.
teteamodeler.com/culture/olympisme

Illustrations :
Marbres
, copyright Corinne Kalfon.
Un gladiateur s’est échappé, copyright Alain Rothstein.
Nanjing, copyright Alain Zimeray.

mercredi 18 juin 2008

Le ver est dans le fruit...


En septembre 2007, le quotidien pakistanais Daily Times, publie un reportage de Jeremy Page consacré à l’évolution des comportements des pakistanais les plus aisés.

Après avoir noté que le nombre de spas, salons de beauté et cliniques s’adressant à la clientèle masculine et lui offrant une grande variété de « soins » – des traitements et massages faciaux à la manucurie en passant par l’épilation du dos à la cire et l’effilage des sourcils – a spectaculairement crû ces dernières années, Jeremy Page cite en exemple Nawaz Sharif, leader de la Ligue musulmane pakistanaise « au crâne autrefois chauve, aujourd’hui couvert d’une mince couche de cheveux noirs » comme exemple de la tolérance accrue aux implants capillaires dans la société pakistanaise…

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Cette tendance, bien que limitée aux classes supérieures et moyennes – entre 20 et 30 millions d’individus [!] – illustrerait, selon le journaliste, combien les médias occidentalisés, le marketing et la culture « people » sont en train de changer le Pakistan. Dans les villes les plus importantes – Islamabad, Lahore, Karachi et Peshawar – les hommes semblent de plus en plus prendre soin de leurs vêtements, de leur coupe de cheveux et de leur peau…

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« Ce mouvement a commencé il y a 5 ans [la chute du régime des Talibans dans l’Afghanistan voisin, à la suite de l’intervention des USA et de leurs Alliés, remonte au 22 décembre 2001], et n’affecte pas que les classes supérieures » dit Tahir Mohammed, chirurgien esthétique en vue. 25% de ses clients sont aujourd’hui des hommes, qui viennent pour une rhinoplastie ou une liposuccion... « Mais ce sont les implants capillaires qui sont le plus demandés, spécialement chez les hommes publics… »

« Les hommes qui affrontent le public sont très soucieux de leur apparence » dit, de son côté, Zulfiqar Tunio, chirurgien esthétique formé au Royaume-Uni. « Ils ont vu les célébrités et les politiciens... Avant, ils s’en préoccupaient peu mais avec le temps – et beaucoup de marketing –, tout le monde est devenu convaincu… »

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Concrètement, la vente des produits de beauté/soin pour homme a bondi de 15% l’année dernière, selon une étude, récemment publiée, d’Euromonitor (euromonitor.com), société d’études marketing britannique.

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« J’avoue que ça me surprend vraiment », confie Nadia Furqan, directrice générale de Nirvana, un salon de beauté pour homme d’Islamabad : « Je pense qu’aujourd’hui les femmes ne veulent plus seulement quelqu’un de grand et bien bâti… Elles veulent des hommes soignés… »

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Les zones rurales ne sont pas touchées. Les hommes y portent encore le vêtement traditionnel et la coupe de cheveux standard est « plutôt court et dégagé sur les oreilles ». Déodorants et hydratants y sont considérés comme peu virils et, ajoute Jeremy Page, les Talibans résidant dans les zones tribales le long de la frontière avec l’Afghanistan obligent les hommes à porter la barbe…

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Printemps 2008, la nouvelle atteint la côte Ouest des Etats-Unis, et le Los Angeles Times publie, le 9 juin 2008, un reportage de Lara King confirmant, d’Islamabad, que « le nombre de ceux qui [au Pakistan] se rendent dans les salons [de beauté] pour traitements et massages faciaux, manucurie et pédicurie ne cesse de croître ».

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« Le Pakistan peut bien être un pays musulman, traditionnel et plutôt macho, le commerce de la beauté masculine y est en pleine expansion », note Lara King. Les hommes, jeunes et moins jeunes, urbains et professionnels, lui semblent avoir adopté le comportement de leurs « homologues » étrangers [!], faisant de l’exercice, se faisant épiler à la cire, nettoyer, hydrater et pomponner comme jamais.

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La tendance n’est pas près de s’inverser, en dépit des difficultés économiques. Nauman Zafr, par exemple, qui est banquier, avoue sans réticence, alors qu’on lui fait les ongles dans un « bar à ongles », qu’il n’a pas l’intention de renoncer à sa manucurie-pédicurie mensuelle sous prétexte que la situation économique est devenue un peu tendue : « J’aime être à mon avantage et me sentir bien… Je renoncerais à beaucoup d’autres choses avant de renoncer à ça… »

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Le « glamour mâle » sévit particulièrement dans la sphère publique, où les nouveaux dirigeants du pays soignent ostensiblement leur image. Ainsi, Asif Ali Zardari, leader d’un des grands partis gouvernant le pays, le PPP (Pakistan People’s Party) et veuf de Benazir Bhutto [surnommé « M. 15% »], a cessé de teindre sa moustache en noir de jais, aujourd’hui gris argent.

« Teindre sa moustache, c’est un peu « passé » [en français dans le texte] ; le ‘naturel’ est plus subtil, plus sophistiqué », dit Nadia Furqan – la directrice générale du salon Nirvana, déjà citée par Jeremy Page…

Lara King évoque alors, elle aussi, Nawaz Sharif, leader de la Ligue musulmane pakistanaise, l’autre grand parti de la coalition gouvernementale, revenu dans son pays après une dizaine d’années d’exil, pour préciser, apparemment plus informée que Jeremy Page : « son frère, lui aussi homme politique, et lui-même, visiblement dégarnis au moment de leur départ, étaient revenus avec des boucles abondantes… et l’on avait parlé d’implants capillaires… »

« On les appelait « les frères chauves », dit un journaliste de Lahore, fief des frères Sharif. « Ils ont l’air différent aujourd’hui. Mieux. »

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Riaz Assam, pharmacien, est ravi : « Ils achètent tout – produits capillaires, produits pour la peau –, se renseignent longuement et ne veulent que le meilleur… Ils prennent ça très au sérieux. »

« Si j’aime qu’une femme soit attrayante, je dois faire moi-aussi des efforts, explique Munir Imtiaz, en prenant rendez-vous avec une manucure ; du moins, c’est ce que ma petite amie [!] me dit… »

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Mais le bonheur des uns… Nirvana a été obligé de fermer pendant 15 jours, l’année dernière, après une campagne « anti-vice » lancée par des religieux d’une mosquée proche…

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Début juin 2008, la France républicaine se demande quoi penser de l’application, par un juge de Lille, d’une règle du droit des Affaires à un conflit d’ordre privé : l’annulation d’un mariage au motif que l’une des parties au contrat, l’« épouse », était, au moment de la transaction, et de son propre aveu, non conforme à son « descriptif technique », « célibataire et chaste », i.e. « vierge », raison suffisante pour invalider la dite transaction, assimilée à l’acquisition d’un bien – décrété, en l’occurrence, non commercialisable…

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Le New York Times met immédiatement sur le coup 4 de ses journalistes (femmes) ; leur article, publié le 10 juin 2008 par le Herald Tribune Europe (propriété du NYT), met l’« affaire de Lille » en perspective.

Extraits :

« La population musulmane s’accroissant en Europe, de plus en plus de jeunes musulmanes se retrouvent prises entre les libertés que les sociétés européennes accordent et les traditions fortement enracinées de leurs parents et grands-parents…

Les gynécologues font état d’une augmentation sensible de demandes de « certificats de virginité » par des musulmanes, ces dernières années.

… Conséquence : les chirurgiens plastiques font face à une demande croissante… d’« hymenoplastie », ou restauration de l’hymen, fine membrane vaginale déchirée, en principe, lors du premier rapport sexuel… Hymenoplastie qui, si elle est bien faite, disent les chirurgiens [interrogés], ne sera pas détectée et « produira » un saignement vaginal [« authentique »] la nuit de noces…

Indispensable, si l’on en croit le témoignage d’une des interviewées, d’ascendance marocaine et âgée de 26 ans, qui a perdu sa virginité il y a 4 ans, lorsqu’elle est tombée amoureuse de l’homme qu’elle veut aujourd’hui épouser. Son fiancé et elle ont décidé de partager le coût de son hymenoplastie – près de 3000 euros, dans une clinique près des Champs-Elysées.

« Sa famille marocaine (étendue) est très conservatrice », explique-t-elle. « Elle a exigé qu’un gynécologue marocain – ami de la famille – examine les preuves de sa virginité avant le mariage… Ils savent qu’on peut renverser du sang sur les draps pendant la nuit de noces, alors il faut que la ‘‘ preuve’’ soit solide… »

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Il n’y a pas de statistiques fiables à propos du nombre de femmes qui ont recours à ce type d’intervention, le plus souvent effectuée dans des cliniques privées et, pour la majorité, non prise en charge [par la Sécurité Sociale ou les Mutuelles]… [Mais] la publicité pour ce « service » est abondante sur Internet ; il existe des formules « tourisme médical » à destination de pays comme la Tunisie [!], où l’intervention est moins chère… que dans une clinique (privée) parisienne…

« Si vous êtes une musulmane élevée en Europe, où les sociétés sont ouvertes… vous avez toutes les chances d’avoir des relations sexuelles avant le mariage », dit Hicham Mouallem, chirurgien à Londres, où il pratique des hymenoplasties. « Alors, si vous envisagez d’épouser un musulman et ne voulez pas avoir de problèmes, vous tacherez de ‘‘récupérer’’ votre virginité… »

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Le sujet est devenu d’une telle actualité qu’il a inspiré un road movie, présenté à Berlin en février dernier et récemment sorti en Italie : Corazones de Mujeres (Cœurs de femmes), réalisé par Davide Sordella, raconte l’histoire de Zina (Waldi Ghizlane), marocaine vivant à Turin, qui se rend au Maroc [!] à la veille d’un mariage arrangé, en compagnie d’un travesti, Shakira (Aziz Ahmeri), pour y subir l’« opération »…

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Sources :

Jeremy Page, « Men lead rush to beauty salons despite Islamist threats », Daily Times Monitor (« A New Voice for a New Pakistan »), 25 septembre 2007.
Laura King, « Pakistani men sitting pretty », Los Angeles Times, 9 juin 2008.

Elaine Sciolino & Souad Mekhennet (Katrin Bennhold contributed reporting from Paris and Elisabetta Povoledo contributed from Rome), « For Muslim Women in Europe, a medical road to virginity », International Herald Tribune Europe, 10 juin 2008.

Illustrations :

Spice Girls 1, copyright Patrick Jelin.
Nomade, copyright Alain Bellaïche.

Liberté, copyright Patrick Jelin.


jeudi 12 juin 2008

Entretien avec un Vampire…



Début novembre 1941, le Grand Mufti de Jérusalem, Haj Mohammad Amin al-Husseini, arrive à Berlin en provenance de Rome, où il a eu un entretien avec Mussolini. Le Duce se serait révélé être un « anti-sioniste » convaincu, disant notamment : « Les juifs n’ont pas de raison, historique, « raciale » ou autre, d’établir un Etat en Palestine… Si les Juifs y tiennent, ils n’ont qu’à fonder Tel-Aviv en Amérique… »

A Berlin, où il est reçu par le Islamische Zentralinstitut et l’Assemblée des dirigeants musulmans d’Allemagne comme le « Führer du monde arabe… », le Grand Mufti a rendez-vous avec le chef de la SS, Himmler, et Ribbentrop, ministre des Affaires étrangères, pour préparer la rencontre avec Hitler prévue pour la fin du mois.

Le 28 novembre 1941, à la Chancellerie du Reich, Hitler s’entretient avec le Grand Mufti en présence de Joachim von Ribbentrop, ministre des Affaire étrangères, et de Fritz Grobba, ancien ambassadeur en Arabie Saoudite et en Irak, ministre plénipotentiaire auprès des Etats arabes.


Extraits du compte-rendu officiel de l’entretien (les notes sur cette rencontre sont prises par Paul-Otto Schmidt, interprète de conférences auprès du ministère des Affaires étrangères) :

– Le Grand Mufti commence par remercier le Führer pour le grand honneur qu’il lui accorde en le recevant. Il souhaite profiter de l’occasion pour exprimer sa gratitude au Führer du Grand Reich que tout le monde arabe admire, pour la sympathie qu’il a toujours [!] démontrée à l’égard de la Cause arabe et, particulièrement de la Cause palestinienne [!!], et qu’il a clairement exposée dans ses déclarations publiques. Les pays arabes sont [dit-il] fermement convaincus que l’Allemagne va gagner la guerre et que la Cause arabe va prospérer. Les Arabes sont les amis naturels de l’Allemagne parce qu’ils ont les mêmes ennemis : les Anglais, les Juifs et le Communistes. Ils sont donc disposés à coopérer de tout leur cœur avec l’Allemagne et sont prêts à participer à la guerre, non seulement négativement, en commettant des actes de sabotage ou en fomentant des révolutions, mais aussi positivement, en formant des Légions arabes.

Les Arabes pourraient se révéler être des alliés précieux, pour des raisons géographiques mais aussi à cause des souffrances que leur ont infligées les Anglais et les Juifs. De plus, ils sont en relation étroite avec toutes les nations musulmanes, qu’ils pourraient inciter à une action commune. Une Légion arabe pourrait être facilement formée : un appel par le Grand Mufti en direction des pays arabes et des prisonniers arabes en Allemagne, de nationalité algérienne [ !], marocaine et tunisienne, et se lèverait un grand nombre de volontaires, décidés à se battre…

Le monde Arabe est convaincu de la victoire de l’Allemagne, non seulement parce que le Reich a une grande armée, des soldats courageux et des chefs militaires de génie mais aussi parce que le Tout-Puissant ne peut donner la victoire à une cause injuste.

Dans cette lutte, le but des Arabes est d’obtenir l’indépendance et l’unité de la Palestine, de la Syrie et de l’Irak. Ils ont pleine confiance en le Führer et attendent que sa main mette du baume sur les blessures qui leur ont été infligées par les ennemis de l’Allemagne.

Le Grand Mufti évoque ensuite le lettre qu’il a reçue des Autorités allemandes, stipulant que l’Allemagne ne détient aucun territoire arabe, qu’elle reconnaît les aspirations des Arabes à l’indépendance et à la liberté, et qu’elle est partisan de l’élimination du Foyer national juif [et ajoute] qu’une déclaration publique en ce sens servirait utilement la propagande en direction des pays arabes. Elle les sortirait de leur léthargie momentanée… leur donnerait un nouveau courage… et faciliterait le travail du Grand Mufti : organiser et préparer secrètement les Arabes pour le moment où ils pourraient frapper. Dans le même temps, il pourrait assurer à l’Allemagne que les Arabes attendraient patiemment, et avec discipline, le bon moment, et ne frapperaient que sur ordre de Berlin.

Pour ce qui est des évènements en Irak [en mars 1941, le Grand Mufti avait appuyé une tentative de coup d’Etat pro-allemand conduite par le premier ministre Rashid Ali al-Gaylani ; en juin 1941, les Anglais étaient intervenus à Bagdad et avaient renversé le « gouvernement provisoire » d’al-Gaylani ], le Grand Mufti déclare que les irakiens n’ont pas le moins du monde été incités par l’Allemagne à attaquer les Anglais mais ont, simplement, réagi à l’atteinte directe faite à leur honneur par les Anglais.

Les Turcs, selon lui, accueilleraient avec faveur [!] un gouvernement arabe dans les territoires voisins parce qu’ils préfèreraient un gouvernement arabe faible à un gouvernement européen fort et, de plus, étant eux-mêmes un nation de 7 millions [d’individus] ils n’auraient rien à craindre d’un million sept cent mille Arabes habitant la Syrie, la Transjordanie, la Palestine et l’Irak.

De même, la France n’objecterait aucunement [!] au plan d’unification, ayant déjà concédé son indépendance à la Syrie dès 1936 et donné son accord au projet d’unification de l’Irak et de la Syrie [!!], sous l’égide du roi Faïçal, dès 1933.

Dans ces conditions, il renouvelle sa requête : que le Führer fasse une déclaration publique de sorte que les Arabes ne perdent pas espoir, l’espoir qui est un puissant stimulant dans la vie des nations. Avec un tel espoir au cœur, les Arabes… accepteraient d’attendre… six mois ou un an. Mais s’ils ne sont pas ainsi encouragés… publiquement, il est à craindre que ce soient les Anglais qui en profitent.



– Le Fûhrer répond que la position fondamentale de l’Allemagne sur ces questions est claire, comme l’a reconnu le Grand Mufti. L’Allemagne est engagée dans une lutte sans merci contre les Juifs. Cela implique, naturellement, une opposition active à l’établissement d’un Foyer national juif en Palestine, qui ne pourrait qu’être le centre d’exercice d’une influence destructive des intérêts juifs, sous forme d’Etat. L’Allemagne est aussi consciente que l’affirmation selon laquelle les Juifs y seraient des pionniers, des [agents] économiques est un mensonge. Le travail y est fait exclusivement par les Arabes, pas par les Juifs. L’Allemagne est résolue… à demander aux nations européennes, l’une après l’autre, de résoudre le problème juif et, au moment approprié, de lancer un appel semblable aux nations non européennes.

L’Allemagne est, à présent, engagée dans une lutte à mort avec 2 citadelles du pouvoir Juif : la Grande-Bretagne et l’Union soviétique. Théoriquement, il y a une différence entre le capitalisme de l’Angleterre et le communisme de la Russie soviétique, mais en fait, dans les deux pays, les Juifs poursuivent un but commun. Cette lutte est décisive : sur le plan politique, le conflit est essentiellement entre l’Allemagne et l’Angleterre, mais sur le plan idéologique, c’est un conflit entre le National-Socialisme et les Juifs. Il va sans dire que l’Allemagne apportera une aide positive et pratique aux Arabes engagés dans la même lutte, parce que les promesses platoniques ne sont pas de mise dans une guerre pour la survie ou la destruction, dans laquelle les Juifs sont capables de mobiliser tout le pouvoir de l’Angleterre pour [atteindre] leurs objectifs.

L’aide à apporter aux Arabes devra être matérielle. Que la sympathie ne suffise pas a été clairement démontré par l’opération en Irak, où les circonstances n’ont pas permis d’apporter une aide effective et concrète. En dépit de toute sa sympathie, l’aide allemande n’a pas été suffisante, et l’Irak a été subjugué par les forces de l’Angleterre… le Gardien des Juifs.

Le Grand Mufti ne mesure peut-être pas à quel point… la guerre en cours va aussi décider du sort du monde arabe. En conséquence, le Führer doit penser et parler froidement et délibérément, comme un homme rationnel et d’abord comme un soldat, comme le chef des forces allemandes et alliées [!]. Tout ce qui est de nature à aider dans cette lutte titanesque pour la cause commune, pour les Arabes aussi par conséquent, devra être fait. Cependant, tout ce qui peut contribuer à affaiblir la situation militaire doit être mis de côté, quelque impopulaire que cela soit.

L’Allemagne est présentement engagée dans une suite de batailles très dures pour forcer le passage du Nord Caucase. Les principales difficultés tenant à l’approvisionnement [des troupes] … avec des lignes de chemin de fer et des routes détruites et l’hiver approchant. Si, à ce moment, le Führer devait soulever le problème de la Syrie, les éléments qui, en France, sont sous l’influence de de Gaulle, en seraient renforcés. Ils interpréteraient les déclarations du Führer comme [prouvant] l’intention de détruire l’empire colonial français, et inciteraient leurs compatriotes à faire cause commune avec les Anglais pour sauver ce qui pourrait l’être. Une déclaration allemande à propos de la Syrie serait comprise en France comme faisant référence aux colonies françaises en général. Cela provoquerait de nouveaux troubles en Europe de l’Ouest, une partie des forces armées allemandes serait immobilisée à l’Ouest et ne pourrait plus être détachée sur le front de l’Est.

Le Führer fait alors cette déclaration au Grand Mufti, en lui recommandant de la conserver dans le plus profond de son cœur :

1. Il (le Führer) va mener à son terme la bataille en vue de la destruction de l’empire judéo-communiste en Europe.

2. A un moment, qu’il n’est pas possible de fixer aujourd’hui mais qui, en tout état de cause, n’est pas éloigné, les armées allemandes vont… atteindre le Sud du Caucase.

3. Aussitôt que cela se sera produit, le Führer donnera l’assurance au monde arabe que l’heure de la libération a sonné. Le seul objectif de l’Allemagne sera alors la destruction de l’élément juif résidant dans la sphère arabe sous la protection du pouvoir anglais. A cette heure, le Grand Mufti sera le plus autorisé des porte-parole du monde arabe. Il lui appartiendra alors de déclencher les opérations arabes préparées en secret. Ce moment survenu, l’Allemagne pourra être indifférente aux réactions françaises…

Une fois forcée par l’Allemagne la route vers l’Iran et l’Irak via Rostov, ce sera le commencement de la fin pour l’empire britannique. Il (le Führer) espère qu’il sera possible à l’Allemagne d’ouvrir la porte du Caucase vers le Moyen-Orient l’année qui vient. Pour le bien de leur cause commune, il vaudrait mieux pour l’Allemagne retarder la « Déclaration aux Arabes » de quelques mois, plutôt que se créer des difficultés qui l’empêcheraient de les aider.

Il (le Führer) mesure bien combien les Arabes attendent qu’il fasse une déclaration publique du genre de celle demandée par le Grand Mufti. Mais il lui demande de bien vouloir considérer que lui (le Führer), à la tête du Reich allemand depuis 5 longues années, n’a pas encore pu annoncer sa libération à sa propre patrie [!]. Il lui faut encore attendre pour faire cette annonce…

Aussitôt que les chars et les avions allemands auront atteint le sud du Caucase, la déclaration publique demandée par le Grand Mufti pourra être faite au monde arabe.

– Le Grand Mufti répond qu’à son avis, tout va se passer comme le Führer l’a exposé. Il est pleinement rassuré par les paroles du chef de l’Etat allemand… et en est satisfait. Il demande s’il ne serait cependant pas possible, au moins secrètement, d’avoir un agrément avec l’Allemagne du type de celui qu’il a esquissé…

– Le Führer répond qu’il vient précisément de faire cette déclaration confidentielle au Grand Mufti.

– Le Grand Mufti le remercie et conclut en disant qu’il prend congé du Führer avec confiance et plein de gratitude pour l’intérêt qu’il manifeste à l’égard de la Cause arabe…

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« A l'occasion du soixantième anniversaire d'Israël, Baudouin Loos [signe] un article dans [le quotidien belge] Le Soir (7 mai) intitulé ‘‘Israël naît en Palestine : les années de braise’’. Il écrit : ‘‘C’est en 1936 qu’éclata la ‘grande révolte arabe’, qui vit les Arabes de Palestine se retourner contre l’occupant britannique. (…) L’un des principaux dirigeants de la révolte, le mufti de Jérusalem Amine al-Husseine, flirtera [!] plus tard avec Hitler… »

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Sources :

Kenneth R. Timmerman, Preachers of Hate, Crown Forum, 2003.
Kathryn Jean Lopez, « Hate to Win ? Talking with journalist Kenneth Timmerman », National Review On Line, 21 novembre 2003.
« Hitler’s mufti », World Future fund, worldfuturefund.org
Documents on German Foreign Policy 1918-1945, Series D, Vol XIII, London, 1964, pp. 881 ff.
« Baudouin Loos : le “flirt” entre le mufti de Jérusalem Amin al-Husseini et Hitler ? », Philosémitisme blog, 15 mai 2008.

Illustrations :

Grand Mufti & Himmler, tellthechildrenthetruth.com/gallery.
Grand Mufti & Hitler, tellthechildrenthetruth.com/gallery.

Mégacéphale, copyright François Bensimon.

mardi 3 juin 2008

Espèce tendanciellement menacée...


Selon le journal médical britannique The Lancet, cité par Colleen Carroll Campbell, écrivant dans le St Louis Post-Dispatch (29 mai 2008), « il y aurait un demi million d’avortements par an en Inde – en raison du sexe du fœtus… » Depuis que l’imagerie par résonance a permis aux futurs parents de connaître le sexe de leurs enfants avant la naissance, la proportion garçons/filles a significativement changé : de 962 filles pour 1000 garçons en 1981, elle est passée à 927 filles pour 1000 garçons en 2001 – et rien ne laisse à penser que le courant s’est inversé depuis.

La disproportion serait encore plus prononcée dans les villes les plus aisées, où l’accès plus facile aux technologies modernes et les campagnes du gouvernement en faveur des familles restreintes se seraient combinés à la préférence ancestrale pour les garçons… : en 2001, on y compterait de 700 à 800 filles pour 1000 garçons….

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Dans Disappearing Daughters: The Tragedy of Female Fœticide (Penguin Books India, 2007), la journaliste Gita Aravamudan écrit – un peu excessivement (?) : « L’infanticide féminin s’apparente aux meurtres en série… à l’Holocauste ( !). Un genre entier est en train d’être exterminé… ».

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Le problème concerne toute l’Asie où, selon un rapport récent du Fonds des Nations Unies pour la Population, il « manquerait » 60 millions de filles, en raison de l’avortement en fonction du sexe, de l’infanticide et de la négligence. L’exemple le plus flagrant est celui de la Chine, où la politique « un seul enfant par famille », brutalement appliquée, a « produit » une proportion nationale de 850 filles pour 1000 garçons – dans certaines provinces, on compterait 770 filles pour 1000 garçons…

Une même tendance commence à s’observer aux USA. Analysant (mars 2008) des données du recensement de 2000, 2 économistes de Columbia University, Douglas Almond et Lena Edlund, en se centrant sur le sexe des enfants chinois, coréen et indo-asiatiques nés aux USA, ont « trouvé des preuves d’une sélection des sexes, très probablement au stade pré-natal. »

Le sexe du premier enfant dans ces familles est celui, naturel, de 1,05 garçon pour une fille, si le premier né est un garçon, phénomène qui se reproduit pour les enfants qui suivent. Si le premier-né est une fille, la proportion sera de 1,17 garçon pour une fille… Après 2 filles, on comptera 1,5 garçon pour une fille…

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Le 28 mai 2008, The Sun, journal populaire (!) consacre un article à un couple britannique qui aurait abandonné ses jumelles, « obtenues » par fertilisation in vitro, « parce qu’elles n’étaient pas du bon sexe ». Le père, 72 ans, et la mère, 59 ans, d’origine indienne et résidant à Birmingham, s’étaient rendus en Inde pour avoir accès à un traitement contre la stérilité auquel il n’auraient pas pu prétendre au Royaume-Uni, en raison de leur âge.

Les jumelles, délivrées par césarienne, sont nées à la mi mai au Wolverhampton’s New Cross Hospital ; après quoi les parents, restés anonymes, auraient dit à l’équipe médicale que « les bébés n’étaient pas du bon sexe ».

Le Sun ajoute que le père aurait ensuite demandé aux médecins combien il faudrait de temps à sa femme pour être en état de retourner en Inde, afin d’y subir un nouveau traitement contre la stérilité, dans l’espoir d’avoir un garçon « pour perpétuer » le nom…

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Le 29 mai 2008, la section West-Midlands du National Health Service dément l’information, confirmant les circonstances de la naissance des jumelles et précisant qu’elles ont été transférées à Birmingham, plus près du domicile de leurs parents. « Les parents rendent visite à leurs filles, qui sont suivies à l’hôpital. »

Un porte-parole du NHS a refusé de donner plus de détails ou de dire quelle était la fréquence des visites des parents. Le Sun avait prétendu que les parents n’avaient jamais rendu visite à leurs filles.

Les Services sociaux de Birmingham et la police de West-Midlands disent ne pas être impliqués dans cette affaire…

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1er juin 2008. Une dépêche d’Associated Press en provenance du Caire, reprise par CNN, rapporte que, dans un enregistrement mis en ligne (en avril 2008) par un site web islamiste, on peut entendre Ayman al-Zawahiri, n° 2 d’Al-Qaïda, répondre à des questions posées par des sympathisants, notamment des femmes, et dire à l’une d’entre elles : « Il n’y a pas de femme dans les groupes de djihadistes… Le rôle d’une femme se limite à tenir la maison et à élever les enfants d’un djihadiste… »

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A en juger par le contenu des discussions (sur les sites qui diffusent les vidéos d'Ossama Bin Laden) à la suite de cette intervention, toutes les auditrices ne sont pas entièrement de cet avis. d’Osama bin Laden)

A'eeda Dahsheh, par exemple, palestinienne résidant au Liban, mère de quatre enfants, qui dit être d’accord avec Ayman al-Zawahiri et a choisi de rester à la maison pour élever ses enfants comme forme de Djihad : elle soutient toute femme qui choisirait plutôt de participer à des attentats.

Ou bien encore une femme, elle signe Rabeebat al-Silah (= compagnon d’armes), qui déclare avoir écouté 10 fois le discours du n°2 d’Al-Qaïda : « Combien souvent j’ai souhaité être un homme… Quand Sheikh Ayman al-Zawahiri dit qu’il n’y a pas de femme dans Al-Qaïda, ça m’attriste et me blesse… J’ai eu l’impression que mon cœur allait exploser dans ma poitrine… Je me sens impuissante… »

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Beaucoup d’internautes utilisant des pseudonymes, il est impossible de vérifier les identités et les endroits d’où les messages proviennent ; ils paraissent néanmoins crédibles aux spécialistes.

« L’Internet est le seul endroit où les femmes, souvent couvertes de voiles noirs et confinées dans leurs maisons, peuvent ‘respirer’ » dit Ossama 2001, qui ajoute : « Les paroles d’Ayman al-Zawahiri ont rouvert de vieilles blessures… et j’ai plaidé auprès de Dieu pour qu’il libère les femmes de sorte qu’elles puissent participer au Djihad… »

« Ces femmes sont des sympathisantes d’Al-Qaïda qui ne seraient pas à l’aise s’il leur fallait s’exprimer en présence d’hommes ou de personnes n’appartenant pas à leur cercle », selon Dia'a Rashwan, spécialiste des mouvements islamistes et expert en terrorisme au Al-Ahram Center for Political and Strategic Studies du Caire - qui disait, un an après les attentats du 11 septembre : « L'implication de Bin Laden n'est pas prouvée... » « Internet est l’endroit idéal pour faire connaître leurs vues, en étant cachées du monde… », commente-t-il.

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Les experts estiment qu’il n’y a pas de femme au sommet de la hiérarchie d’Al-Qaïda, mais au-delà du noyau dur...

Des femmes appartenant à la branche irakienne d’Al-Qaïda ont perpétré ou tenté de perpétrer au moins 20 attentats à la bombe depuis 2003. En 2007, des membres d’Al-Qaïda soupçonnés d’entraîner des femmes à l’utilisation de ceintures d’explosifs ont été arrêtés en Irak, en 3 circonstances, selon les Autorités militaires américaines.

Le Hamas n’est pas opposé à la présence de femmes dans ses rangs, contrairement à Ayman al-Zawahiri.

« Nombre de filles avec lesquelles je discute… veulent porter des armes. Elles vivent avec cette grande frustration (!) », dit Huda Naim, membre du Hamas et député palestinien de Gaza. « Nous n’avons pas d’aile militante spécifique pour les femmes… ce qui ne veut pas dire que nous privons les femmes du droit d’aller au Djihad… »

11 femmes palestiniennes, au moins, ont lancé des attaques-suicides en Israël dans les 3 dernières années.

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Des hommes aussi ont réagi aux propos d’ Ayman al-Zawahiri. L’un deux, Hassan al-Saif, s’étonne : « Notre Sheik veut-il dire qu’il n’est pas utile de se servir de femmes dans notre Djihad en cours ? Pourquoi ? »

Il était en minorité...

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Sources :
Colleen Carroll Campbell, « The bitter irony of sex-selective abortion », St Louis Post-Dispatch, 29 mai 2008.
UNFPA, « Girls Gone Missing in Asia », video.unfpa.org/octobre 2007.

Douglas Almond and Lena Edlund, « Son-biased sex ratios in the 2000 United States Census », PNAS, 31 mars 2008.
« IVF twins – NHS trust disputes claims », May 29 mai 2008.
« Al-Qaeda faces gender debate », CNN.com/world, 1er juin 2008.

Kathryn Jean Lopez,
« Hate to Win ? Talking with journalist Kenneth Timmerman », National Review, 21 novembre 2003.

Illustrations :

Spice Girls 2, copyright Patrick Jelin.
Signe, copyright Alain Bellaïche.