samedi 22 novembre 2008

A propos du Shas (4)



[…] Aux élections de 2003, le Shas obtiendra 11 sièges mais ne sera pas invité à rejoindre la nouvelle coalition formée par Ariel Sharon, le Shinoui de Tommy Lapid, scission dite ultra-laïque du Meretz, sorti renforcé des élections, refusant formellement de siéger aux côtés du Shas.

*

Quelques mois après les élections, en mai 2003, Ariel Sharon, revenant spectaculairement sur ses positions antérieures, adopte la « Road Map for Peace », qui reprend des propositions de George W. Bush pour résoudre le conflit israélo-palestinien, dessinée par les Etat-Unis, l’Union Européenne, la Russie et… l’ONU, et se déclare partisan de la création, à terme, d’un Etat palestinien indépendant. Annonce bien accueillie par l’Autorité palestinienne et la gauche israélienne, fortement critiquée par le Likoud et la droite israélienne – d’abord pour des raisons de sécurité.

Le 11 novembre 2004, Yasser Arafat meurt à Clamart (92). Lui succède, à la tête de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Ridha Abbas, aussi dit Abou Mazen, supposé avoir financé l’opération du « mouvement » Septembre Noir menée contre les athlètes israéliens pendant les Jeux Olympiques de Munich en 1972, et auteur d’une thèse soutenue à l’université Patrice Lumumba en 1982, intitulée The Secret Connection between the Nazis and the Leaders of the Zionist Movement – qui deviendra un livre un peu plus tard...

Le 1er décembre 2004, Ariel Sharon limoge les 5 ministres du Shinoui qui ont voté contre le budget 2005. En janvier 2005, il forme un gouvernement d’Union nationale avec le Likoud et les travaillistes, le Meimad (parti sioniste-religieux social-démocrate) et Deguel HaTorah soutenant le gouvernement de l’extérieur – tout comme le Shas, Eli Yshaï ayant en effet décidé d'adopter une attitude d'opposition passive, c'est-à-dire de s'abstenir de déposer des motions de censure, en dépit des nombreuses réserves que son parti a vis-à-vis de la politique du premier ministre, pour ne pas contribuer à faire tomber le gouvernement.

*

Entre le 16 et le 30 août, l’armée expulse, avec difficulté (!), tous les colons de Gaza plus ceux de quatre implantations de Cisjordanie ; elle quitte officiellement la bande de Gaza le 11 septembre, après avoir fermé la frontière.

Décision d’homme d’Etat amené, par « réalisme », à se retourner contre ceux qu’il a encouragés pendant des années à « occuper toute la terre d’Israël » et lui ont fourni une base électorale solide ? Manœuvre retorse – Dov Weissglas, chef de cabinet d’Ariel Sharon ayant déclaré (entretien accordé à Ha’aretz le 6 octobre 2004) : « Le plan de désengagement signifie le gel des pourparlers des paix… Quand on gèle ce processus, on écarte la perspective d’un Etat palestinien... » ? Brillant Coup politique d’un ancien militaire, connu pour sa grande capacité d’improvisation et sur qui pèsent des soupçons anciens de corruption – l’un des fils d’Ariel Sharon, le très « pro-environnement » Omri Sharon, sera inculpé le 28 août 2005 pour avoir illégalement levé des fonds destinés à financer la campagne de son père à l’occasion des élections au sein du Likoud en 1999, et condamné à 9 mois de prison en 2006 ? – Le fait est que, plusieurs années après ce désengagement, la moitié au moins des colons expulsés, quelque 5 000 personnes, attend encore d’être adéquatement indemnisée et relogée dans des conditions « acceptables »…

Le 27 septembre 2005, Ariel Sharon défait de peu une motion de censure suscitée par Benjamin Netanyahou, qui vient de démissionner du gouvernement, et soutenue par les membres du Likoud opposés au désengagement – bien accueilli, en revanche, par la population qui n’a jamais eu beaucoup de sympathie pour les colons : fauteurs de guerre, selon les laïques, bénéficiant de privilèges (avantages financiers, économiques et géographiques) « indus », sentiment qui n’est pas sans rappeler celui de la Métropole à l’égards des pieds-noirs du temps de l’Algérie française ; dangereusement proches de l’idolâtrie, selon nombre de religieux qui se refusent à accepter le jugement du rav Shlomo Goren pour qui « la terre a la priorité ».

*

Tout au long de l’année 2005, le rav Yossef a condamné le Plan, estimant que donner du pouvoir aux Palestiniens sans contrepartie, notamment sans qu’ils s’engagent formellement à mettre un terme au terrorisme – c’est-à-dire sans qu’ils s’engagent à « discipliner » par tout moyen approprié ceux des leurs qui continueraient à s’y adonner –, mettrait des vies juives en danger dans les zones se trouvant près de Gaza, à portée de roquettes. Il appellera et participera aux grandes manifestations « anti-désengagement », s’opposera à la tenue d’un référendum sur ce sujet, souhaité par le successeur du rav Schach, le rav Yossef Shalom Eliashiv, fera voter le Shas contre le Plan mais ne prendra pas activement parti pour les colons.

Le 21 novembre 2005, Ariel Sharon démissionne du Likoud, qu’il avait contribué à former en 1973, dissout le parlement et forme un nouveau parti de centre-gauche (!), Kadima, auquel se rallient de nombreux membres du Likoud (et Shimon Peres, les travaillistes lui ayant préféré l’ancien patron du syndicat Histadrout, Amir Peretz, un séfarade au physique de Peppone[1] !) et dont les sondages prédisent la victoire aux prochaines élections. Le 18 décembre, Ariel Sharon est brièvement hospitalisé après avoir subi une attaque cérébrale légère. Le 20 décembre 2005, Benjamin Netanyahou est élu à la tête du Likoud. Le 4 janvier 2006, Ariel Sharon est de nouveau hospitalisé après avoir subi une 2e attaque cérébrale. 15 jours après, il entrait dans un coma dont il n’est pas sorti à ce jour. Ehoud Olmert, ancien opposant (de droite) aux Accords de Camp David (1978), ancien maire Likoud de Jérusalem, ministre des Finances du précédent gouvernement en remplacement de Benjamin Netanyahou, lui succède à la tête de Kadima et devient premier ministre par intérim.

Le 28 mars suivant, Kadima obtient 29 sièges aux élections, les travaillistes, 19, le Shas 12, le Likoud est laminé avec 12 députés (contre 29 dans la précédente Assemblée), Ehoud Olmert est confirmé au poste de premier ministre et forme un gouvernement avec Kadima, les travaillistes, le Shas et Gil (le parti des retraités) – auquel se joindra Yisrael Beteinu (parti « russe » de droite) en octobre 2006.

*

Mais plaisir d’a-amour ne du-ure qu’un moment…

Le 12 juillet 2006, des membres du Hezbollah traversent la frontière, entraînant de facto le Liban dans une guerre avec Israël, lancent des missiles sur des soldats israéliens, en tuent 3, en blessent 2, et en emmènent 2 en captivité au Liban [voir dans cet espace Re-Effet d’optique, mis en ligne le 23 juillet 2008].

Dans les jours qui suivent, Ehoud Olmert et son peu expérimenté ministre de la Défense, Amir Peretz, promettent à grand bruit de tout faire pour ramener les captifs et lancent Israël dans une riposte d’envergure, suscitant beaucoup d’espoir (!) dans plusieurs pays arabes (sunnites) de la région, inquiets de l’influence grandissante de l’Iran (non arabe et chiite) – mais avec une curieuse retenue : bombardements aériens, tirs d’artillerie massifs, un blocus maritime et, enfin, opérations au sol, demandées dès le premier jour par nombre d’officiers supérieurs mais bizarrement retardées par le gouvernement – ce qui donnera tout loisir à l’état-major du Hezbollah de se mettre à l’abri et de déclencher des tirs de roquettes contre les villes du nord d’Israël, sans que jamais l’armée israélienne ne puisse y mettre un terme.

Des infrastructures seront détruites, dont l’aéroport international de Beyrouth utilisé par le Hezbollah pour faire entrer armes, munitions et matériel en provenance d’Iran dans le pays, une centaine de soldats israéliens, cinq cents membres du Hezbollah et des centaines de civils libanais seront tués, mais les captifs [dont on apprendrait en juillet 2008 qu’ils étaient morts, dans des conditions non rendues publiques, ou pendant l’attaque, ou peu après] ne seront pas récupérés.


Pendant ce temps, Tzipi Livni, ministre des Affaires étrangères, met au point avec l’ONU un cessez-le feu qui prendrait effet le 14 août 2006. La milice commandée par Imad Mugnieh [voir dans cet espace Res ipsa loquitur, mis en ligne le 18 février 2008], bien que très inférieure en nombre, avait réussi à tenir tête à l’armée israélienne, mieux, à renverser le rapport de forces en sa faveur au Liban : l’armée libanaise, censée la désarmer et faire tampon à la frontière, selon les termes de ce cessez-le-feu, la laisserait à peu près libre de tous ses mouvements, et les opposants libanais au Hezbollah, les Chrétiens et les Druzes notamment, prenant acte de la nouvelle situation, finiraient par lui faire allégeance…

Le conflit prend officiellement fin le 8 septembre 2006, avec la levée du blocus naval. Dès le 9 septembre, des voix nombreuses, au sein de l’armée, dans la presse (de gauche comme de droite), dans la population, demandant la démission du premier ministre. – Amir Peretz démissionnera de son poste de ministre de la Défense le 12 juin 2007, après avoir été battu par Ehoud Barak au élections à la tête du parti travailliste.

Le 16 janvier 2007, une enquête criminelle est lancée contre Ehoud Olmert : alors qu’il était ministre des Finances, il aurait tenté de favoriser un de ses proches, Franck Lowy, magnat australien de l’immobilier, lors de la privatisation partielle de la Banque Leumi. Les charges seront abandonnées, faute de preuves concluantes.

En avril 2007, des rumeurs laissent entendre que Ehoud Olmert, alors qu’il était ministre du Commerce, de l’Industrie et du Travail, aurait illégalement participé à un fonds d’investissement, ce qu’il niera énergiquement au cours d’une enquête parlementaire (juillet 2007).

Le 2 mai 2007, la Commission Winograd accuse Ehoud Olmert d’incompétence dans la conduite de la 2e Guerre du Liban. Plus de 100 000 manifestants défilent et demandent sa démission. Sa côte de popularité tombe à 3 %.



Le 24 septembre, une enquête criminelle est lancée contre Ehoud Olmert : la vente puis la reprise en location-vente de son appartement de Jérusalem en 1999 à des conditions financières avantageuses pourraient dissimuler une contribution illégale à la campagne au sein du Likoud ou un pot-de-vin – ou les deux.

En janvier 2008, les « Russes » quittent le gouvernement pour protester contre la poursuite des négociations avec l’Autorité palestinienne menées par un premier ministre amoindri, apparemment décidé à des concessions de plus en plus étendues – par conviction nouvelle ? Pour sauver son poste ? Avigdor Lieberman, dirigeant-fondateur de Yisrael Beteinu, abandonne son poste de ministre des Affaires stratégiques (!) et, dans les jours qui suivent, Arutz Sheva, journal proche du Parti National Religieux, rapporte qu’une vieille enquête, endormie depuis une dizaine d’années, est soudainement réactivée…

*

Intermède. Sous le titre « Exposé Links Olmert, Lieberman and Sharon to Jericho Casino », Ezra Halevy (Arutz Sheva, 24 janvier 2008) revient sur un article de Ha’aretz.

Extraits :

« […] Une enquête de Ha’aretz révèle des liens… entre Martin Schlaff, le financier autrichien du casino Oasis de Jericho [établissement ultra-moderne de près de 10 000 m2, joint-venture austro-palestinienne établie dans l’après-coup des Accords d’Oslo, ouvert à grand bruit en 1998 et fermé peu après pour cause d’Intifada), […] proche d’Yitzchak Rabin avec lequel il s’entretenait quelques heures à peine avant son assassinat, le 4 novembre 1995, le premier ministre Ehoud Olmert et son prédécesseur, Ariel Sharon…

Martin Schlaff, dont les relations avec la police politique allemande, la Stasi, étaient notoires du temps de la Guerre froide, précise Ha’aretz, [plus réprobateur qu’impressionné par la puissance de connexion de l’homme d’affaires…]. Martin Schlaf qui a « finalisé » son projet avec l’aide d’Aryeh Dehri, Benjamin Netanyhaou étant premier ministre ; les deux hommes avaient été mis en contact par Dov Weissglas – qui deviendrait chef de cabinet d’Ariel Sharon et, à ce titre, coordonnateur du désengagement de Gaza.


[…] Pendant des années, des personnalités du monde des Jeux ont cherché, mais sans résultat, à ouvrir des casinos en Israël… Après la mise en œuvre de la première partie des Accords d’Oslo – rétrocession de Gaza et de Jéricho à l’Autorité palestinienne – il devenait inutile d’obtenir l’accord de la Knesset… Le jeu restait illégal en Israël mais les Israéliens pouvaient désormais se rendre librement à Jéricho et laisser 1 million de dollars par jour, en moyenne, sur les tables du casino Oasis. Les Palestiniens, eux, étant dissuadés d’aller jouer par l’Autorité palestinienne….

Peu après le début de la 2e Intifada, des [groupes palestiniens mal identifiés (!)] avaient investi le casino Oasis pour pouvoir tirer commodément sur les troupes israéliennes. En riposte, un char avait tiré un obus et fait un trou dans la façade… Martin Schlaf avait alors activement tenté d’obtenir un cessez-le-feu, pour que le casino puisse reprendre ses activités. La plus importante révélation de Ha’aretz est qu’il l’aurait fait par l’intermédiaire d’Ehoud Olmert, alors maire de Jérusalem […]

Ehoud Olmert aurait ainsi rencontré 6 fois Mohammed Rashid, [conseiller économique de Yasser Arafat et] partenaire dans le casino Oasis], la dernière entrevue se faisant en présence d’Eli Yshai, nouveau dirigeant du Shas, et de Dov Weissglass […]

[…] [A l’origine de l’enquête de] Ha’aretz, Uri Blau, militant de gauche devenu journaliste, désireux de rendre publique la corruption de Lieberman, même au prix de la chute de Ehoud Olmert et d’Ariel Sharon… Ariel Sharon, soupçonné par la police d’avoir reçu 3 millions de dollars de Martin Schlaf, par l’intermédiaire du milliardaire sud-africain Cyril Kern, pour qu’il lui permette d’ouvrir des casinos off-shore sur des bateaux ancrés au large d’Eilat – transfert confirmé par la police autrichienne ; Avigdor Lieberman, soupçonné d’avoir reçu en août 2001, 650 000 dollars du même Martin Schlaf, par l’intermédiaire d’une société basée à Chypre qu’il possédait avec sa fille – il était alors ministre des Infrastructures dans le gouvernement d’Ariel Sharon –, et dont l’avocat déclare qu’il a vendu la dite société en avril 2001... »

*

Re-Pause.

A l’évidence, l’époque du Mapaï de Ben-Gourion est révolue (!), où des ministres vivant au kibboutz pouvaient s’appliquer à eux-mêmes, sans chercher à en tirer gloire, les restrictions qu’ils imposaient par nécessité à une population luttant pour sa survie élémentaire, soutenus qu’ils étaient par la ferveur révolutionnaire – n’étaient-ils pas, ces militants héroïques et austères, durs pour eux-mêmes, implacables pour leurs ennemis mais aussi pour leurs adversaires, en train d’édifier le socialisme dans « un seul pays » et qu’ils voulaient pleinement « leurs » ? – et la force de leur rejet de la Dispersion – n’étaient-ils pas, ces militants socialistes ayant fait table rase du passé, en train de fabriquer un « homme nouveau » atypique, l’« israélien » ?

Faut-il le regretter ? La dénégation est, par « nature », condamnée à rester provisoire et elle nourrit souvent l'arrogance et la complaisance : ce sont ces sionistes qui, à leur corps défendant, ont pris Jérusalem (qui n’était pas du tout un objectif stratégique, à en croire les historiens les plus hostiles) en 1967, « judaïsant » un territoire instable de ne pas avoir encore de « centre » – ce que ne pouvait pas être Tel-Aviv – et qui le reconnaîtrait immédiatement comme sien – « Jérusalem », signifiant-maître depuis la destruction du Temple par les Romains, redevenait un référent et un lieu à reconstruire ; ce sont ces sionistes-là qui, dédaigneux des capacités de l’adversaire, ont contemplé avec placidité et inertie les assez longs préparatifs de guerre de l’Egypte, qui les surprendrait certain jour de Kippour, le 6 octobre 1973, « habiliterait » un Ariel Sharon, ayant transgressé les ordres mais sauvé le pays, et leur ferait ultimement perdre le Pouvoir. Et, parce que la dénégation ne se transmet pas sans perte, leurs enfants quitteraient par dizaine de milliers un pays qui leur serait devenu étranger pour se perdre aux Etats-Unis – où ils ne soutiennent généralement pas l’action du « lobby juif ».

Faut-il admettre, avec tristesse ou joie maligne, qu’Israël est bien devenu un pays comme un autre, et que ses politiques sont tous détestables ?


Ah ! le beau ressentiment, qui excite la bile. Ah ! la belle moraline qui autorise la posture noble et flatte la vertu de celui qui enrage de ne pas avoir l’occasion de mettre les doigts dans le pot de confiture...
Constatons plutôt ceci : des hommes politiques, qui sont aussi des adversaires souvent acharnés, qui guignent à peu près les mêmes distinctions et privilèges, peuvent se retrouver pour partager les contributions – certes intéressées, mais pourquoi ne le seraient-elles pas ? – d’hommes d’affaires non israéliens qui ne risquent que leur argent et celui de leurs actionnaires quand eux risquent leur peau – et celle de leurs mandants ; des adversaires, retors et déterminés, trouvent bénéfice à entrer en relation, non pour quelque raison doctrinale toujours susceptible de révision, mais pour du concret sonnant et trébuchant – le compte commun de Yasser Arafat et Mohammed Rashid, ouvert dans une grande banque suisse, aurait été géré par des anciens des services secrets israéliens pendant la 2e Intifada ; des électeurs qui ne se détournent pas du politique mais semblent considérer, sagesse terre-à-terre, qu’il est à attendre de ceux qui ambitionnent de les représenter qu’ils estiment avoir droit à une prime pour oser désirer se séparer du « common man » et en subir les conséquences publiques et privées, un « supplément » qui, malgré les apparences, a plus à voir avec l’échange symbolique, le signifiant flottant qui le règle et la socialité qu’il organise, qu’avec la cupidité – comme suggéré plus haut[2].

Un cynique israélien, palestinien, est préférable à un illuminé iranien – est-ce discutable ? –, une Paix se fait ou parce qu’elle est inévitable – l’un des belligérants a anéanti l’autre – ou parce que la représentation des avantages qu’elle promet est plus puissante, quelque douloureuse et difficile que soit, pour chaque individu, la négociation avec son imaginaire « national-culturel » blessé d’être brutalement rétréci, que celle des inconvénients qu’elle entraîne.


*

En mai 2008, on apprenait qu’Ehoud Olmert faisait l’objet d’une nouvelle enquête à propos de pots-de-vin qu’il aurait reçus d’un homme d’affaires américain, Morris Talansky, lors de ses campagnes électorales pour la mairie de Jérusalem, pour la direction du Likoud, pour entrer à la Knesset – charge déniée par l’intéressé.

Le 27 mai, Morris Talansky témoigne devant un tribunal israélien et déclare avoir donné plus de 150 000 dollars en liquide – dans des enveloppes ! – à Ehoud Olmert, sur une période de 15 ans, – ce que conteste véhémentement l’intéressé.

Le 30 juillet, Ehoud Olmert déclare qu’il ne participera pas aux élections au sein de Kadima et qu’il démissionnera aussitôt que le parti se sera choisi un nouveau dirigeant.

Le 6 septembre 2008, la police recommande l’inculpation d’Ehoud Olmert.

Le 17 septembre, Tzipi Livni, ministre des Affaires étrangères, remporte la « primaire » de son parti, devient leader de Kadima, Ehoud Olmert restant premier ministre, tente de re-former un gouvernement de coalition nationale, renonce officiellement le 24 octobre 2008, le Shas ayant refusé de se joindre à la coalition, et demande au président Shimon Peres d’appeler à des élections nationales anticipées dans les 90 jours, que ce dernier fixe au 10 février 2009.


*

Après de longues négociations, le Shas a donc décidé de se retirer, justifiant ce retrait par des divergences persistantes avec Kadima et le Meretz, notamment, à propos des budgets sociaux et du futur statut de Jérusalem. La presse de gauche, redoutant apparemment les élections anticipés qui devraient, selon les sondages, donner une assez confortable majorité au Likoud et à son chef, Benjamin Netanyahou, et estimant que Tzipi Livni avaient fait beaucoup d’efforts en promettant d’allouer des sommes importantes à ces budgets sociaux, a crié au chantage, à l’extorsion, et, ayant probablement en vue Hillary Rodham-Clinton, attribuant sa défaite face à Barack Obama à la misogynie, a fini par se persuader que les vraies motivations du Shas étaient inavouables : ces ultra-orthodoxes ne voudraient pas entendre parler d’une femme à la tête de l’Etat…


*

Le 2 novembre 2008, Ynetnews rapporte une décision halakhique du rav Yossef réfutant, dans le référentiel qui est le sien, cette insinuation, et en résume les justifications, telles qu’on peut les lire sur le site (en hébreu) "Halacha Yomit".

Extraits :

« Le rav Ovadia Yossef a déclaré la semaine dernière qu’une femme pouvait, en principe, être premier ministre d’Israël.

Cette décision halakhique, rendue en réponse à une question soumise au rav, concerne le principe et non pas les élections à venir, pour lesquelles les recommandations sont du ressort du Conseil des Sages de la Torah.

‘‘Pour ce qui est de nommer une femme premier ministre, si elle se conduit avec dignité et modestie, si elle contribue à renforcer la religion plus qu’un homme candidat au même poste, alors on doit certainement choisir d’élire cette femme’’.

Le rav Yossef a aussi abordé les aspects problématiques de la question, mentionnant que les Sages […] ont appris du verset « Tu pourras mettre à ta tête un roi dont le Seigneur ton Dieu approuve le choix » (Deutéronome, XVII, 15), que c’est un roi et non une reine qui devrait régner sur Israël, en conséquence qu’une femme ne devrait pas être nommée reine d’Israël aussi longtemps qu’il y a un roi capable de régner. [...] Observant que Maïmonide (Moïse ben Maimon, 1135-c. 1204) dit que ce verset ne vaut pas seulement pour la royauté mais pour toutes les fonctions publiques, le rav Yossef note que d’autres Sages sont en désaccord, estimant que le genre ne concerne que la royauté. Et il ajoute que dans les écrits de Nahmanide (Moïse ben Nahman Gerondi, 1194 – c. 1270) on trouve un passage montrant que si David n’avait pas eu de fils, il aurait été permis, selon la Loi, d’appeler sa fille « reine », qu’elle aurait même pu transmettre la couronne à ses fils, puisque [Nahmanide] écrit que la seule raison pour laquelle David n’a pas laissé la couronne à ses fils, c’est parce qu’il avait des fils.

Il en déduit qu’il n’y a pas d’objection absolue au fait qu’une femme occupe une position d’autorité, reine y compris, à condition qu’elle assume la direction avec modestie.

[Ayant cité les maîtres séfarades] le rav Yossef fait alors référence à une décision halakhique du rav Moshe Feinstein, à propos d’une femme dont le mari, surveillant de cacherout, était décédé et l’avait laissée sans ressource pour subvenir aux besoins de sa nombreuse famille. Cette femme, instruite et « craignant Dieu » [formule conventionnelle pour dire qu’elle observait les Commandements] voulait reprendre le poste de son mari, ce qui l’aurait amenée à superviser une nombre important de travailleurs.

‘‘La question posée était : y a-t-il une raison qui empêche qu’elle soit nommée à ce poste, et qu’elle gagne sa vie ainsi ? Après que [le rav Feinstein] eut longuement délibéré et décidé qu’elle pouvait accéder à ce poste, un rabbin s’était élevé contre cette décision, disant qu’elle conduirait à un effondrement quand l’Etat d’Israël verrait qu’un aussi grand maître permettait qu’une femme devînt surveillante de cacherout : des femmes finiraient par être nommées au Parlement.

Rabbi Feinstein répondit alors qu’on nommait au Parlement israélien des hérétiques et des gens qui n’observent pas le chabat, ce qui est absolument interdit par la Torah’’.

Et le rav Yossef de dire : ‘‘Comme Maïmonide l’a écrit, quiconque ne craint Dieu, même s’il est plein d’une grande sagesse, ne doit pas être nommé « gouverneur » en Israël. L’objectif du « gouvernement » en Israël, c’est de renforcer le pouvoir de la Torah […] pas de l’affaiblir’’.

‘‘Pour ce qui est de la nomination d’une femme, il est clair que, si d’aventure, on avait à choisir entre une femme capable et un homme qui ne l’est pas, on devrait sans hésiter voter pour cette femme-là plutôt que pour cet homme […]’’.

[Plus généralement], il est absolument interdit de soutenir un parti dont les représentants ne craignent pas Dieu […] [mais] s’il se trouve des individus qui ne conviennent pas dans tous les partis, alors on doit préférer ceux qui sont le plus proches de la religion’’… »


A suivre…


Notes :

[1] Tel qu’il apparaît sous les traits de Gino Cervi dans la première adaptation cinématographique du roman de Giovanni Guareschi, Le petit monde de Don Camillo, tournée en 1951 par Julien Duvivier.

[2] En contrepoint, cette remarque de Marcel Déat se souvenant de sa jeunesse socialiste (tendance Jaurès) avant 1914 dans l’exil turinois auquel l’a contraint sa participation très active au régime de Vichy et à la Collaboration (il a été condamné à mort par contumace le 19 juin 1945) : « […] On a assez dit que la démocratie est le régime des peuples heureux et riches ; il faut ajouter que ce bonheur et cette richesse sont en effet condition d’unité ; si les partis discutent sur la sauce, aucun d’eux n’entend renverser la marmite… », M. Déat, Mémoires Politiques (1947), Paris, Denoël, 1989, p. 15.

Sources :

« Mahmoud Ridha Abbas », « Yasser Arafat », « Ariel Sharon », « Shas », « Shimon Peres », « Mohammed Rashid », « 2006 Lebanon War », Wikipedia.org

« Former Shin Bet Officer Ginosar Said Managing PA Money in Swiss Bank », Paldev Archives – December 2002, week 1, lists.mcgill.ca/scripts

Illustrations :

TGV, copyright Patrick Jelin.

Grande face rouge, copyright Alain Rothstein.

Fier Sicambre, courbé, copyright Alain Bellaïche.

Mouchoir, copyright Alain Bellaïche.

Requin, copyright Patrick Jelin.

Grues, copyright Alain Zimeray.

Le Panier (Marseille), copyright Patrick Jelin.

Riga, copyright Serge Kolpa.

Health conscious, copyright Patrick Jelin.

Naïade (Villa Domergue, Cannes), copyright RZ.

dimanche 9 novembre 2008

A propos du Shas (3)*


… Aryeh Derhi découvrait à la dure qu’en politique tous les coups qui ne sont pas interdits – et encore ! – sont permis. Il avait pensé pouvoir ruser avec un vieux lion qui s’était autrefois battu contre les Britanniques, il en sentait à présent la morsure…

*

En 1991, l’administration Bush I, qui vient de chasser l’Irak du Koweït (envahi en août 1990) avec le soutien de plusieurs pays arabes (notamment l’Egypte, la Syrie et l’Arabie saoudite) et l’abstention forcée d’Israël (condition de ce soutien), décident, pour leur complaire, d’organiser une conférence de paix entre Israéliens et Palestiniens, et font fortement pression sur Yitzhak Shamir qui ne veut absolument pas en entendre parler. Les Etats-Unis menacent de suspendre la quasi totalité de leur aide économique, le secrétaire d’Etat James Baker tient des propos très durs à l’endroit du Premier ministre d’un Etat allié, et Yitzhak Shamir ne peut que s’incliner. Etats-Unis soutien inconditionnel d’Israël ?

– On peut rappeler ici que, au lendemain de l’invasion du Koweït, le leader de l’O.L.P. s’était précipité à Bagdad pour exprimer publiquement son soutien au dirigeant irakien – ce qui rendrait vite la vie difficile aux Palestiniens installés dans les Etats du Golfe, et même, plus tard, en Irak même…

Le 30 octobre 1991, s’ouvrirait, sous la présidence de George H. Bush et de Mikhail Gorbachev, la Conférence de Madrid (les Palestiniens n’y étant pas représentés en tant que tels pour « ménager » les Israéliens mais par une Délégation jordano-palestinienne) qui déboucherait sur les Accords d’Oslo.

*

En 1991, le Shas, lui, est en ébullition : deux autres de ses membres font l'objet d'une enquête policière, eux-aussi pour corruption, et Aryeh Dehri envisage de démissionner pour ne pas embarrasser son parti-mouvement religieux. Mais le rav Yossef, qui a appris la patience y compris dans les matières « mondaines », ne lui retire pas sa confiance, l'enquête policière traîne (délibérément ?) en longueur, le Shas continue de jouer son rôle charnière dans la coalition au pouvoir et Aryeh Dehri se maintient à son poste.

*

A la veille des élections de 1992, le paysage politique a changé : à la suite d'une « primaire », Yitzhak Rabin a été préféré à son éternel rival, Shimon Peres, par le Parti travailliste, le Likoud, emmené par Yitzhak Shamir, est donné perdant (principalement à cause du tassement de l’activité économique) ; les sondages prédisent que le Shas, éclaboussé par les « affaires », va perdre deux sièges de députés et se retrouver à sa « vraie » dimension – espère l’Establishment qui n’aime pas beaucoup voir son domaine envahi –, c’est-à-dire à son niveau de 1984.

*

La campagne s’annonce mal, les directeurs des yechivot séfarades-orientales, par respect pour le rav Schach, interdisant à leurs élèves de soutenir le Shas – certains vont jusqu’à le condamner ouvertement –, le privant du plus gros de sa « logistique ».

C’est le rav Schach lui-même qui va, bien involontairement, renverser la situation et apporter un soutien inattendu au Shas. Les voies du Ciel… Alors que la campagne touche à sa fin, Le rav Schach prend la parole devant une assemblée (à huis clos) de dirigeants ashkénazes et séfarades de yechivot, et déclare : « Certes, il y a aujourd’hui, de nouveau, de grands docteurs de la Torah séfarades, mais le temps n’est pas encore venu pour eux de prendre des positions de commandement… De plus, ajoute-t-il, il ne faut pas permettre aux S’fardim de prendre le contrôle du Ychouv (la population juive observante d’Israël) »[1].


La première partie de ces propos, en apparence si peu diplomatiques, était à l’intention exclusive du bien jeune et impulsif Aryeh Dehri, assure l’entourage du rav Schach, l’adresse large permettant de ne pas nommer ce dernier et de lui épargner un embarras public[2]. La deuxième partie faisait peut-être allusion à une décision du rav Feinstein[3], selon laquelle « quand il ne resterait qu’un seul membre du minyan (groupe de dix hommes nécessaires à la récitation publique de certaines bénédictions) d’une coutume, on devrait continuer à suivre cette coutume-là, même si la majorité relevait d’une autre coutume », autrement dit, il fallait au moins attendre sa propre disparition.

Ou bien, ce qui était encore plus lourd de conséquence, la deuxième partie de ces propos reflétait la conviction profonde du rav Schach quant à ce qui convenait « à la gloire de la Torah ». Le rav Yossef ne pouvait pas ne pas prendre ces déclarations pour lui, comme la suite allait le montrer, et plusieurs des participants, malgré le respect qu’ils portaient au rav Schach, les accueillirent mal.

*

Un enregistrement de cette réunion va parvenir, mystérieusement, au journaliste de radio Mikhaël Touchfeld, qui s’empressera de le diffuser. Sortis de leur contexte, les propos du rav Schach, taxé de paternalisme, voire de « racisme », provoquent une tempête dans une grosse partie de l’électorat séfarade qui se mobilise et participe en masse aux nombreux rassemblements organisés par le Shas au quatre coins du pays – auxquels le rav Yossef, qui s'est fortement engagé dans la campagne électorale, se rend en hélicoptère…

La mobilisation est payante : le Shas conserve ses six sièges de députés. Mais le plus dur reste à faire : le rav Schach a interdit toute participation au gouvernement de gauche, d'autant que le Meretz, parti d’extrême gauche d’inclination laïque et anti-religieux (regroupant le Ratz, le Mapam marxisant et le Shinui), y sera représenté, notamment par son dirigeant, la très radicale Shulamit Aloni[4], à qui le poste de ministre de l'Education a été promis.

« Dehri était dans l'incertitude (...) Rabin, nerveux, attendait dans son bureau de Tel-Aviv l'arrivée de Dehri qui devait signer l'accord de gouvernement - il avait besoin du Shas pour constituer une majorité parlementaire - et le leader du Shas demeurait, abattu, dans son ministère à Jérusalem. (...) C'est alors que Yossef se manifesta, demandant à son chauffeur de le conduire au ministère de l'Intérieur ; là, il réconforta Dehri et lui enjoignit de signer l'accord de gouvernement. Yossef devenait ainsi la plus puissante des personnalités religieuses de la scène politique israélienne »[5].

*

Pas plus qu'au rav Schach, on ne peut prêter au rav Yossef des calculs politiciens. On examine plus bas quelles peuvent être les raisons qui l'ont poussé à prendre cette décision historique.

En attendant, ce qui avait été discuté deux ans auparavant entre Aryeh Derhi et Haim Ramon se réalisait : remplaçant le Parti National Religieux, le Shas, représentant l'observance juive, faisait partie d'une coalition gouvernementale inédite, Aryeh Dehri était maintenu à son poste et siégeait désormais aux côtés du Parti travailliste, mais aussi du Meretz...

*

Le monde ultra-orthodoxe est en grand émoi. La décision du « chef de la génération » a été ignorée. Sans s’inquiéter des réactions des Mizrahim (juifs séfarades et orientaux), convaincus d'avoir regagné une partie de leur dignité, les partisans du rav Schach condamnent sans nuance la rébellion. Ils assimilent le Shas à l'O.L.P. pour avoir intégré une coalition de gauche. On échange des injures et même des coups dans les quartiers, dans les synagogues, pendant les cérémonies familiales. Des élèves quittent les yechivot dirigées par des partisans du rav Yossef. Hamodia’ et Yated Neeman, journaux ultra-orthodoxes, multiplient les attaques. Le rav Yossef ne fléchit pas et le Shas demeure à l'intérieur de la coalition.

*

En 1993, les accords avec l'O.L.P. « finalisés » à Oslo (auxquels s’opposent Benjamin Netanyahou et Ariel Sharon, entre autres) donnent lieu le 20 août à cérémonie à Washington : le 13 septembre à Washington, Yitzhak Rabin, Premier ministre israélien, et Mohamed Abdel Raouf Arafat al-Qudwa al-Husseini dit Abou Ammar ou encore Yasser Arafat, Président du comité exécutif de l’O.L.P., signent une déclaration de principe en présence du président américain William Jefferson Clinton, de Warren Christopher, secrétaire d’Etat des Etats-Unis, et d’Andrei Kozyrev, ministre des Affaires étrangères de l’URSS ; le 13 octobre, ces Accords entrent en vigueur. L’autonomie de la bande Gaza et de Jéricho est acquise – une autorité intérimaire et un Conseil élu (avant le 13 juillet 1994) devant les gouverner pendant cinq ans, et la possibilité d’étendre cette autonomie à des villes de Cisjordanie à la fin de cette période, expressément prévue.

Aryeh Dehri, l'un des rares avertis des négociations secrètes qui avaient mené à ces Accords censés « avancer la cause de la Paix », a joué un rôle-clé dans toute l'affaire. Il a appuyé ces négociations, le rav Yossef demandant de son côté que des rabbins séfarades « capables de comprendre la psychologie des interlocuteurs »[6] soient intégrés à l'équipe israélienne, et tous deux ont fait voter le Shas en faveur de ces Accords dans l’espoir de « sauver des vies », leur donnant une légitimité aux yeux de nombreux Mizrahim nettement moins conciliants – beaucoup ayant été, après avoir été déchus de leur nationalité, expulsés plutôt brutalement de pays arabes au lendemain de la création de l’Etat d’Israël, sans jamais recevoir aucune compensation pour les biens qu’ils avaient été forcés d’abandonner…

*

Peu après, le Shas quitte la coalition, en raison des accusations portées contre Aryeh Dehri, mais continue de soutenir le gouvernement. Départ de grande conséquence. Daniel Ben-Simon, l'auteur de L'autre Israël (1997) croira ainsi pouvoir écrire : « Shas a donné à Rabin une majorité juive. Quand le Shas a quitté le gouvernement, Rabin a perdu sa majorité juive. Et le processus qui devait mener à l'assassinat de Rabin a commencé au moment où ce dernier perdait cette majorité. C'est alors qu'il est devenu une cible. Il avait besoin du Shas pour donner une légitimité aux accords de paix »[7].

En 1994, les attentats n’ayant jamais cessé en Israël – dans les territoires disputés mais aussi à l’intérieur des frontières d’avant 1967 –, une opposition assez forte aux Accords d'Oslo commence à se manifester dans les rangs des électeurs du Shas et quand la deuxième partie de ces Accords, Oslo II – prévoyant que Bethlehem, Hebron, Jénine, Naplouse, Qualquilya, Ramallah, Tulkarem et plus de 400 villages passeront sous contrôle palestinien dans les 2 ans –., vient devant la Knesset, le Shas s'y oppose – le gouvernement fait passer son projet avec une voix de majorité. Ytzhak Rabin a en effet « négocié » le soutien de 3 transfuges du Tzomet, parti d’extrême droite (!) fondé en 1983 par le général Rafael Eytan, ancien chef d’état-major, en accordant à l’un deux, Gonen Segev, le poste de Ministre de l’Energie en échange de son vote en faveur des dits Accords…

Rappel : en 1994, le prix Nobel de la Paix (décerné par le Parlement norvégien) est attribué à Yitzhak Rabin, à Yasser Arafat et à Shimon Peres.

*

En février 1995, c'est la rupture : en butte aux attaques du Meretz, ashkénaze, représentant du tertiaire et d’autant plus « anti-religieux » qu’il s’agit de séfarades et de mizrahim [8], le Shas, à l’électorat plus « populaire », rejoint l'opposition. Après l’assassinat d'Yitzhak Rabin, le 4 novembre 1995, le Shas refusera de participer au gouvernement dont la direction intérimaire est assurée par Shimon Peres, ne voulant pas être le seul parti religieux à y siéger.

Le rav Shach n'a pas renoncé à faire prévaloir son point de vue et suscite une liste, Telem Emouna, censée détourner l'électorat séfarade du Shas aux élections anticipées de mai 1996. Telem Emouna n’obtiendra que quelques milliers de voix, ce qui lui interdira d'entrer à la Knesset.

Benjamin Netanyahou, qui se présente pour le Likoud contre Shimon Peres, remporte les élections : en partie grâce au fort soutien que lui a apporté le rav Shach (en dépit de sa santé déclinante) mais aussi grâce à celui du rav Yitzhak Kadourie, vénérable cabaliste né à Bagdad – disciple du très respecté Ben Ish Haï (rabbi Yossef Haïm de Bagdad, 1832-1909) – envoyé en Palestine en 1922, à l’instigation des Sages de sa communauté, pour y lutter contre les progrès du sionisme (!), qu'Aryeh Dehri a réussi à entraîner dans la campagne, et dont les amulettes « porteuses de bénédiction » (elles ont la réputation de soigner maladies et stérilité), distribuées à plus de 150 000 exemplaires (à tous les participants aux réunions publiques, sans exclusive), vont faire merveille, au grand scandale de l'« opinion éclairée ».

Le Shas recueille plusieurs centaines de milliers de voix, obtient dix sièges et fait son entrée au gouvernement.

*

Début 1997, la presse est pleine de rumeurs : le premier ministre, Benjamin Netanyahou, le ministre de la justice, Tzachi Hanegbi, et Aryeh Dehri lui-même, ainsi que quelques collaborateurs du premier ministre, seraient impliqués dans un important trafic d'influence. Selon ces rumeurs, en échange du pardon qui lui serait accordé par Ronni Bar-On, avocat à Jérusalem et membre du Likoud, une fois nommé Avocat Général, Aryeh Dehri aurait promis à Benjamin Netanyahou que le Shas voterait en faveur de l'accord sur Hébron avec l'O.L.P., que le premier ministre avait du mal à faire accepter par son cabinet.

– Faut-il rappeler que Hebron est censé abriter, sur le terrain acheté par Abraham (Genèse, 23) le tombeau des Patriarches (Me-arat Hamachpelah, « Le tombeau des doubles tombes », où seraient enterrés, selon la Tradition, Adam et Eve, Abraham et Sara, Isaac et Rébecca, Jacob et Léa) ? Que « Hebron » est un signifiant lourdement chargé (sans rapport avec « hébreu », Hebron, qui a une racine dont dérivent beaucoup de mots signifiant « alliance », désignerait le lieu de l’Alliance)[9] ?

Après plusieurs semaines d'enquête et d'interrogatoires (y compris du premier ministre), la police recommandait aux autorités judiciaires d'inculper Aryeh Dehri. Le rav Yossef faisait remarquer quelques jours plus tard, à l'occasion d'un grand rassemblement de protestation, que de tout le groupe, seul le séfarade avait été inculpé. – Comment, en pensant à ce qui deviendrait l’« affaire Sharon » ou encore l’« affaire Olmert » ne pas estimer qu’il « tenait » ici quelque chose ? Comment ne pas se souvenir du fameux « les paranoïaques aussi ont des ennemis » qu’aimait à répéter le grand poète new-yorkais Delmore Schwartz ?



*

En 1999, de nouvelles élections anticipées sont décidées.

Début mars, les autorités judiciaires font savoir qu'un verdict sera rendu dans l'affaire Dehri le 17 mars, exactement deux mois avant les élections. Le 17, dans un tribunal fortement protégé par les forces de police qui craignent les réactions violentes des partisans d'Aryeh Dehri, celui-ci est convaincu de corruption[10], d'usage de faux et d'abus de confiance, et se voit condamné à 4 ans de prison (ramenés plus tard à 3 ans, pour bonne conduite). L'Israël ashkénaze, dans son ensemble, voit là une victoire de l'Etat de droit, les partisans d'Aryeh Dehri crient à la discrimination ethnique : « Ils ont condamné tous les séfarades », s'écrie un jeune homme qui fait face au tribunal, en entendant le verdict[11].

*

Pause. Le surprenant est qu’un homme versé dans les subtilités du Talmud, dont la caractéristique première est de toujours partir de cas concrets, se soit laissé prendre aux séductions les plus immédiates comme le premier secrétaire de section venu. Faut-il qu’il ait vraiment souffert « la » pauvreté pour se compromettre en acceptant des « cadeaux » ! Qu’il n’ait pas agi autrement qu’une longue lignée de politiciens israéliens d’origine européenne, par exemple, est vrai mais n’est pas pertinent. On peut, bien sûr, s’appuyer sur ce fait avéré pour soutenir qu’Israël est bien plus intégré à ce Moyen-Orient, dont il a visiblement vite adopté ses mœurs les plus anciennes, que ses détracteurs ne veulent bien le dire… Mais qu’Aryeh Dehri ait été faible, qu’il se soit laissé aller, lui, à une vanité trop humaine laisse entrevoir que la pauvreté n’est peut-être pas tant un simple état de fait, rectifiable en principe, mais une sorte d’incondition, un déterminant – qui aveugle tout jugement. Qu’il est dur, mai pas impossible, de décoller de sa peau.

Dans un registre moins noble, on peut se contenter de remarquer qu’il a manqué de prudence, en n’envisageant pas qu’un nouveau venu occupant une position en vue ne pouvait que susciter l’envie, qu’il lui fallait être d’une vertu sans faille : récemment promu à un poste convoité, il était toléré, pas admis ; il était une cible.

Cela dit, on peut se demander si, dans une démocratie, les indélicatesses commises dans l’exercice d’une fonction politique ne devraient pas être jugées par les électeurs, qui ont leurs faiblesses, plutôt que par la Justice, qui n’est pas censée en avoir. Ou encore, la politique n’étant heureusement pas la morale (Robespierre, St Just !), s’il ne faudrait pas porter sur la « corruption » des élus, si répandue, un regard autre que puritain : y reconnaître un reste sympathique de « sauvagerie », une forme de l’échange symbolique si bien raconté par Marcel Mauss, une ritualisation, la preuve de l’insistance de la relation personnelle au cœur même de l’échange capitaliste – dont Marx disait, dans le Manifeste, qu’il avait plongé contractants et échangistes « dans les eaux glacées du calcul égoïste », qu’à son idée, par conséquent, il les avait abolis. Tu me donnes quelque chose, à moi plutôt qu’à un autre, qui a certainement du mérite et des compétences, j’enregistre le fait et le marque par un cadeau proportionné, un « signe ». Quant à ce qu’il faut faire de ce signe…

*

Après cette condamnation, qui lui interdit d'ambitionner toute fonction élective pour 12 ans, Aryeh Dehri fait savoir qu'il n'entend pas abandonner la politique mais, bien au contraire, mener la campagne électorale du Shas. marquée par la lutte entre le Shas et Yisrael Be'Alya, le parti « russe » dirigé par Nathan Sharansky, déterminé à arracher le ministère de l'intérieur au Shas. L'hostilité entre les deux partis est grande, Yisrael Be'Alya reprochant au Shas d'obliger les olim de l'ex Union soviétique à passer par des procédures humiliantes pour que soit confirmée leur appartenance au judaïsme[12], le Shas menaçant de diffuser des clips publicitaires montrant des prostituées russes et les boutiques « russes » vendant du porc. Cette hostilité va prendre un tour passionnel : le choix que fait le Shas, soutenir Benjamin Netanyahou, amène les partisans d'Yisrael Be'Alya, pourtant peu favorables à la gauche, à s'engager aux côtés, d'Ehoud Barak[13], soldat prestigieux et politique plutôt rigide, devenu le nouveau leader du Parti travailliste.

*

Deux mois plus tard, alors qu’Ehoud Barak, remporte les élections, le Shas (qui a pris des voix au PNR mais aussi au Likoud, qui recule spectaculairement) obtient 17 sièges de députés, et devient le troisième parti de la Knesset (qui comporte 120 membres), derrière le Parti travailliste et ses alliés, qui en ont 26, et le Likoud, qui en a 19.

Avant les élections, Ehoud Barak avait annoncé qu'il ne négocierait pas avec le Shas si Aryeh Dehri restait à sa tête. Les élections gagnées, il restait sur ses positions. Peu de temps après, Aryeh Dehri démissionnait de son poste de député ; le 15 juin 1999, il abandonnait la direction du Shas. Les négociations avec Ehoud Barak pouvaient commencer ; elles aboutiraient à l'intégration du Shas, ayant toutefois perdu une grande partie de l'influence dont il jouissait au sein du gouvernement précédent, dans la coalition dirigée par les travaillistes.

*

Le 24 mai 2000, Ehoud Barak tient une promesse de campagne et met fin à l’occupation par Israël du sud Liban, « libère » en une nuit la zone-tampon, dite « de sécurité », qui y était établie depuis une vingtaine d’années, laissant derrière lui une partie des forces de l’ALS, l’Armée du Liban-Sud, milice chrétienne fondée par le major Saad Hadad pour combattre l’O.L.P. et le Hezbollah, qui contrôlait cette zone conjointement avec les Israéliens – et la place au Hezbollah...

Farouk Kaddoumi, représentant de l’O.L.P. déclarera à la Presse : « Nous sommes optimistes. La résistance du Hezbollah peut servir d’exemple aux autres Arabes qui veulent récupérer leurs droits… »[14] "

*

Les ministres du Shas abandonnent leurs fonctions en juillet 2000, Yossi Sarid, ministre de l'Education et dirigeant d’un Meretz de plus en plus anti-clérical [15], refusant d'allouer au Shas les fonds nécessaires au fonctionnement de son réseau scolaire. Ce départ sera pour partie responsable de la chute du gouvernement Barak.

En septembre 2000, commence la seconde Intifada, dite « Intifida Al-Aqsa », planifiée depuis juillet, selon Imad Falouji, ministre de la Communication de l’O.L.P., dans un discours télévisé de décembre 2000[16], c’est-à-dire bien avant la visite controversée d’Ariel Sharon du 28 septembre au Mont du Temple, pourtant couramment retenue comme facteur déclenchant. Seconde Intifada qui prendra un tour nouveau avec la diffusion par les télévisions du monde entier (auxquelles il a été donné et non vendu) du reportage d’Antenne 2 sur la mort du jeune Mohammed Al-Dura, tué par des tirs israéliens, selon le commentaire du correspondant de la chaîne en Israël, Charles Enderlin, qui n’était pas sur place…


*

En 2001, à la suite des élections anticipées remportées par Ariel Sharon, le Shas, désormais dirigé par l'ancien ministre du Travail et des Affaires sociales Eli Yshaï, rejoint le gouvernement d'Union nationale. Il le quittera en mai 2002, Ariel Sharon se séparant des 5 ministres du Shas, en désaccord avec sa politique d'austérité.

Aux élections de 2003, le Shas obtiendra 11 sièges mais ne sera pas invité à rejoindre la nouvelle coalition formée par Ariel Sharon, le Shinoui de Tommy Lapid, scission dite ultra-laïque du Meretz[17], sorti renforcé des élections, refusant formellement de siéger aux côtés du Shas.


A suivre…

*Une première version, écourtée, de ce texte a été publiée sous le titre « L’apparition du Shas : l’indice d’une révolution politique et culturelle en Israël » dans Outreterre n° 9, Ramonville, Erès, 2004.

**

Notes :

[1] Cf. Peter Hirschberg, The World of Shas, p. 7.

[2] Le Talmud dit : « Celui qui embarrasse son prochain en public n’a pas droit au Monde à venir ».

[3] Moshe Feinstein (1895-1986), roch (dirigeant de la) yeshiva de Mesivta Tiferes Yerushalayim (New-York), considéré par le monde orthodoxe comme le décisionnaire de sa génération, dont les jugements en matière halakhique étaient acceptés dans le monde entier.

[4] Une fois en poste, Shulamit Aloni, descendante d’une longue lignée de rabbins polonais (!), envisagerait, par exemple, d’interdire l’enseignement de certains livres de la Bible dans les écoles israéliennes pour ne pas rendre les enfants trop « nationalistes », Steven Plaut, « The destruction of the Temple Mount », FrontPageMagazine.com, 16 janvier 2003.

[5] Peter Hirschberg, The World of Shas, pp. 15-16.

[6] Pour autant, le rav Yossef a une opinion tranchée quant aux Arabes organisés en Etats et en guerre, parlant d’eux comme d’un « ennemi cruel » ou de « bêtes de proie », Jerusalem Report, 8 octobre 1992, cité par Peter Hirschberg, The World of Shas, pp. 13-14. – Le rav Yossef, comme tous les Juifs observants, use d’un lexique spécifique, « codé » : celui des textes de la Tradition, ce qui précipite souvent le malentendu, le monde moderne ne fréquentant quasiment plus les textes en question. Ainsi, ici, il faut reconnaître une allusion directe au Psaume 124, plus particulièrement au 2e verset : « Si Hachem n’avait été avec nous quand tous les hommes s’élevaient contre nous, ils nous auraient dévorés tout vivants ». Dans un livre de prières aujourd’hui en vigueur dans le monde séfarade, on peut lire le commentaire suivant de ce verset : « Les ennemis d’Israël [de la Bible] sont de véritables bêtes sauvages, cruelles, dévorant leurs proies » (Tout le Chabat, Michaël R. Ohana éd., trad. et com. rabbin Cl. Brami, Paris, Colbo, 2004, pp. 102-103)…

[7] Cf. Peter Hirschberg, The World of Shas, p. 26.

[8] Moshe Behar, « The Peace Process and Israeli Domestic Politics in the 1990s », Socialism and Democracy, sdonline.org, 2002.

[9] Hebron, Wikipedia, wikipedia.org

[10] Selon l'énoncé du verdict, Aryeh Dehri est notamment accusé d'avoir accepté 165 000 dollars de pots-de-vin sur une période de 5 ans, d'abord comme directeur général du ministère de l'Intérieur puis comme ministre. US News & World Report, 31 mai 1999.

[11] Cf. Peter Hirschberg, The World of Shas, pp. 31-32-33.

[12] « Steven Hoffman, président de The United Jewish Comunities of North America et membre du comite directeur de l'Agence Juive (...) [se souvient] d'avoir essayé, en novembre 2003, au cours d'une réunion de l'Agence Juive avec des ministres israéliens, d'avoir essayé (...) de savoir pourquoi le gouvernement n'accélérait pas la mise en œuvre de sa décision de février 2002 d'amener tous les Falashmuras [juifs éthiopiens convertis de force au christianisme, au XIXe siècle et désireux de réaffirmer leur appartenance au peuple juif] en Israël. Ils arrivaient à raison de 300 par mois, et les dirigeants de l'Agence juive en étaient mécontents, faisant remarquer qu'à ce rythme il faudrait 7 ans pour vider tous les camps de transit. (...) Parce que ce rythme n'a pas changé, Hoffman est revenu sur le sujet pendant une réunion la semaine dernière avec des ministres, et ces derniers, une fois de plus, n'ont rien promis. (...)

— Certaines personnes disent qu'il s'agit aussi d'une question de politique intérieure, que le Shas est partisan de faire venir les Falashmuras pour des raisons électorales, et c'est pour cette raison que le Shinoui (parti ultra-laïque, dirigé par Le ministre de la Justice, Tommy Lapid) n'est pas d'accord.

— Il s'agit de 14 000 personnes, environ, dont la majorité ne pourra pas voter avant plusieurs années. Je vais vous dire ce qui m'a vraiment frappé pendant cette réunion (...) Il y a dans ce pays 300 000 personnes qui viennent de l'ex Union soviétique et qui pourraient se convertir – selon moi, le devraient, mais 500 seulement se convertissent chaque année. Les Ethiopiens sont obligés d'en passer par la conversion, alors qu'ils n'ont pas à la faire (le grand rabbin séfarade a décrété qu'ils étaient juifs), et 3 200 d'entre eux se sont convertis. Ils veulent être juifs (...) et on ne veut pas d'eux ? Allons ! », Amiram Barkat, Caught in the crossfire, Ha'aretz, 1er juillet 2004.

[13] Cf. Peter Hirschberg, The World of Shas, pp. 35-36.

[14] Hussein Dakroub, Associated Press, New York, 26 mars 2002.

[15] « Les moralistes ashkénazes, Yossi Sarid, par exemple, accusent avec insistance le Shas d'être corrompu. Le Shas est certes corrompu mais personne n'a démontré qu'il est substantiellement plus corrompu que les autres partis israéliens. Les partisans du Shas soutiennent que l'insistance sur ce point n'est qu'une autre manifestation du racisme ashkénaze », Joel Beinin (Stanford University), Israel's Cabinet Crisis and the Political Economy of Peace, Middle East Report Online (http://wwww.merip.org), 19 juin 2000, p. 3.

[16] http://www.youtube.com/watch?v=Qb5fIP-MfAc

[17] Ce parti, revenu sur le devant de la scène en 2003 après une longue éclipse, s'est présenté comme le champion de l'intégrité et de l'équité et a fait de la lutte contre les « religieux », plus spécifiquement contre le Shas, son thème principal – passion anti-religieuse assez forte pour avoir rapproché un temps ce parti libéral du marxisant Meretz –, s'opposant à ceux qui ne reculent devant rien pour détourner les fonds de l'Etat et entretenir des « parasites qui prennent sans rien donner » et ne voulant rien avoir à faire avec ces hommes peu scrupuleux…

Au début juillet 2004, on apprenait que l'une des personnalités en vue du Shinoui, le ministre des Infrastructures Yossef Paritzky, avait, en 2002, convaincu Yakov Eshel, détective privé à la réputation sulfureuse ayant travaillé autrefois pour des fidèles d'Aryeh Derhi (!), de l'aider à détruire la réputation d'un autre membre du Shinoui, le ministre de l’Intérieur Avraham Poraz, en mettant au jour des faits compromettants... cf. Hannah Kim, Between the Lines / Paritzky's honor, Ha'aretz, 9 juillet 2004.

*

Illustrations :

Déchirure, copyright Patrick Jelin.

Main puissante, bras étendu... copyright Patrick Jelin.

Rabbi Ovadia Yossef, copyright Gil Yohanan.

Volets, copyright Alain Zimeray.

Sans titre, copyright François Bensimon.

Gaudi, copyright Serge Kolpa.

Femme sans tête, copyright Alain Bellaïche.

Mon manège... copyright Patrick Jelin.