dimanche 7 juin 2009

Promotion de printemps 2009 (2)

Voici deux livres à lire le soir, quand le silence se fait, après avoir écouté un peu de Berg, de Schoenberg ou de Webern — j’ai publié le premier…


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1) Heidegger, le mal et la science, par Jean-Michel Salanskis, Continents philosophiques / Klincksieck, 2009. Ou : comment faire le départ entre un immense penseur qui a énormément contribué à notre intelligence de la philosophie, et un homme dédaigneux, hautain, froid, ingrat même, irrémédiablement compromis avec le nazisme. En repérant les lieux où les obsessions privées, la condescendance et l’insensibilité viennent infléchir la pensée de Heidegger ou la parasiter ; mieux, en la faisant travailler contre elle-même…

4e de couverture :

Comment faut-il user de Heidegger ?

Ce livre, prenant position dans une longue introduction sur le débat relancé par Emmanuel Faye dans son Heidegger, l'introduction du nazisme dans la philosophie, essaie de définir une règle de lecture du philosophe compromis. Il désigne deux lieux célèbres de sa philosophie comme « dangereux » ou virtuellement contaminés : l’être-pour-la-mort et le dépassement de la métaphysique.

Il établit aussi un rapport entre la faillite politique de Heidegger et l’attitude de défiance et distance envers la science et son esprit qui fut en fin de compte essentiellement la sienne. Mais il essaie également de proposer, peut-être contre l’intention de Heidegger, une élaboration de certains motifs heideggériens (comme l’herméneutique ou la différence ontologique) susceptible de nous aider à comprendre la grandeur de la pensée de la science. Il offre d’ailleurs, au fil de ses chapitres, une vision large des liens de la philosophie de Heidegger avec différents aspects de la science : logique, mathématiques, physique, sciences cognitives.

Enfin, de manière plus locale et discrète, il apporte des éléments de réflexion sur la relation de Heidegger avec Kant, ou avec les Juifs et leur tradition du commentaire et de l’observance.

Table des matières

I. — Travailler avec Heidegger

L’état d’ensemble et le défaut de la réception

Interprétation de la nocivité de la pensée heideggerienne

Heidegger et la science

La lecture lévinassienne

Le discours sur la technique

Contenu de ce livre

II. — Die Wissenschaft denkt nicht

L’énoncé La science ne pense pas et l’ontologie

Versions de l’herméneutique

Quelques perspectives

III. — L’intuition dans la lecture heideggerienne de Kant

Interprétation de l’infinité de l’espace par Heidegger

L’interprétation de la notion d’intuition formelle par Heidegger

Conclusion

IV. — Logique, mathématique et physique sous le regard heideggerien

Heidegger et le logos logique

Heidegger et la physique

Heidegger et l’apriorisme mathématique

Conclure ?

V. — Heidegger et les Juifs

L’« après-coup » et l’« oubli de l’oubli » selon Lyotard

Réactions : la halakha, Levinas, la science

VI. — Différence ontologique et cognition

La Différence Ontologique

Montague

Langacker

Thom, Petitot

Science, philosophie, cognition

Glossaire

Prix : 25 €
Le jeudi 11 juin 2009, entre 14 et 15 heures, Philippe Petit reçoit Jean-Michel Salanskis, François-David Sebbah et Marc Crépon dans son émission « Sciences et conscience » (France Culture) pour discuter de Heidegger, le mal et la science. 
http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/sciences_conscience/fiche.php?diffusion_id=73611&pg=avenir
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2) Le martyre des survivants de la Shoah 1945-1952, par Marc-André Charguéraud, Labor et Fides / Le Cerf, 2009. Ou : comment des populations et des Etats qui s’étaient accommodés de l’élimination systématique des Juifs d’Europe réagissent en découvrant qu’il reste encore assez de Juifs pour leur poser problème ; qu’Hitler et ses émules n’ont pas entièrement rempli leur promesse…

[NB L’auteur n’étant pas un historien professionnel, on ne se laissera pas arrêter par quelques approximations et un sentimentalisme bien compréhensible de la part d’un engagé volontaire en 1944.]

4e de couverture (extraits) :

Au terme de la Seconde Guerre mondiale, en Europe de l'Est, survivent plus d'un million de rescapés de la Shoah. À peine « libérés », des pogroms meurtriers s'abattent sur eux, les persécutions continuent… Au fil des années, ce sont plus de 900 000 survivants juifs qui se voient contraints de [s’enfuir] loin de leur terre natale… Les populations et les gouvernements des « démocraties populaires » ont ainsi accompli la prophétie qu'Hitler n'avait pas [entièrement] réalisée : rendre l'Europe de l'Est « judenfrei » (sans juifs). Ce dernier chapitre de la Shoah s'est déroulé sous les yeux du « monde libre »…


Pendant les premières années de l'après-guerre, les pays qui le composent ont systématiquement fermé leurs portes aux survivants juifs à la recherche… d'un refuge…

Prix : 24 €

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